31. Vampire, vous avez dit vampire ? - Axel

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Do you want to meet all my monsters?

Think you're tough, I know they'll drive you bonkers

Meet them once and they'll forever haunt ya

There's no heroes or villains in this place

Just shadows that dance in my headspace

Veux-tu rencontrer tous mes monstres ?

Tu penses être un dur à cuire, je sais qu’ils te rendront fou

Rencontre-les une fois et ils te hanteront à jamais

Il n’y a ni héros ni méchants dans cet endroit

Juste des ombres qui dansent dans mon esprit

Neoni - Darkside

Jeudi 1er juillet 2021

Je me précipite sur la porte d’entrée et l’ouvre en grand pour accueillir Tristan. Il est bien là, mais il n’est pas seul. Mei se tient devant lui, toute droite.

— Bonjour Axel, me dit-elle. Je voudrais parler à mon frère.

Elle est marrante dans sa salopette short, surtout que son ton est celui d’un enfant qui répète une formule apprise, sans y croire. J’image bien Tristan, quelques instants avant, dans l’ascenseur, lui demandant d’être polie.

— Bonjour Mei, oui, il est là.

Elle entre, retire ses chaussures, puis d’un pas décidé, elle part à la recherche de son frère, dans mon appartement qu’elle ne connait pourtant pas. Tristan me fait la bise.

— Désolé, je crois que j’ai gaffé.

— Au moins, elle n’a pas l’air d’en avoir après moi, et elle n’est pas en tenue de ninja.

— Ni armée ! ajoute-t-il.

Nous les retrouvons dans le salon. Liang est toujours assis dans le fauteuil où je l’ai laissé quelques instants plus tôt.

— C’est quoi cette histoire de vampire ?

— C’est une longue histoire, lui répond-il, tranquillement.

Liang n’a pas l’air contrarié par la présence de sa sœur ni par sa question, juste un peu surpris. Elle retire son gros sac à dos et s’installe sur le grand canapé, face à Liang.

Elle fronce légèrement les sourcils.

— Pourquoi est-ce que tes cheveux sont mouillés ?

Puis ses yeux font plusieurs aller-retour entre Liang et moi.

— Ça aussi, c’est une longue histoire, dis-je, amusé. Je peux te raconter si tu veux.

Elle me fixe quelques instants, la bouche ouverte, puis secoue vivement la tête.

— Et donc ? C’est quoi cette histoire de vampire ?

Liang rit légèrement, puis lui explique tout depuis le début. Je les observe, admiratif. Pas de disputes ni de reproches, tout se passe sereinement.

Ce que Liang partage avec ses sœurs a juste l’air génial. Malgré leurs différences, ils se comprennent, ils se soutiennent. Quand j’étais petit, je rêvais d’avoir une petite sœur ou un petit frère, pour qu’on puisse jouer ensemble. J’ai beaucoup soulé mes parents avec ça, puis j’ai rencontré Tristan. Je jette un coup d’œil dans sa direction, lui aussi les observe avec attention. Est-ce qu’il pense à sa propre sœur ?

Je me demande comment ça sera pour moi, d’avoir une petite sœur. Malheureusement, c’est trop tard. Je suis trop grand pour partager mes jouets et mes secrets.

Connaissant déjà l’histoire du « vampire », je m’absente un moment dans la cuisine pour préparer une grande carafe de sirop à la menthe. Ça m’évitera aussi de dire trop de conneries. Lorsque je les rejoins, je m’assois sur le sol, en tailleur, juste à côté des jambes de Liang. Sa main effleure mon épaule. Tristan s’est assis dans le canapé avec Mei.

Méthodique, elle pose des questions, s’attarde sur des détails et note tout sur son téléphone. Lorsque Liang raconte ses visions, elle devient beaucoup moins curieuse et ses joues rosissent, pourtant, il donne la version très chaste. J’aide parfois Liang à compléter le récit et ne peux m’empêcher de donner mon avis sur ce parasite.

Une petite heure plus tard

— … voilà, tu sais tout, conclut Liang. Tristan pense avoir trouvé la fille aux cheveux verts, celle que j’ai vue dans les souvenirs d’Anastase, il a donc proposé de nous la présenter. C’est là que nous allons ce soir.

— Je viens avec vous, annonce Mei.

— OK, répond simplement Liang.

***

En passant devant le Spinela, Liang ralentit le pas, jusqu’à s’arrêter. Il fixe la porte du pub, ou peut être quelqu’un à l’intérieur.

— Lapinou, ça va ? lui demandè-je en lui prenant la main.

— Oui oui…

Ses doigts s’entrelacent avec les miens. Il me sourit et ses lèvres viennent effleurer ma joue.

— Ça ne ressemble pas du tout à une tanière de vampire, constate Mei, déçue.

— C’est un pub, pas un manoir, expliquè-je. Faut bien qu’il paye ses factures lui aussi ! Euh, Mei, tu veux pas carrément coller ton visage à la vitre ? Parce que là, pour la discrétion c’est raté.

— N’aie pas peur, me dit-elle en me tapotant le bras du bout des doigts.

Je m’apprête à lui répondre que je n’ai pas peur, mais ça serait mentir. De plus, j’ai l’impression qu’elle essaye d’être gentille. Je me tourne vers Liang, qui regarde également à l’intérieur. Il le cherche et ça me pince le cœur.

— Il n’est pas encore là, précise Mei.

— Comment tu le sais ? demandè-je.

— Le soleil ne se couche que dans trente-sept minutes.

— Et ?

Elle écarquille les yeux et se tourne vers son frère.

— Quand il fait ça, je ne sais jamais s’il le fait exprès ou pas…

— C’est ce qui fait son charme, lui répond Liang.

Tristan ricane, je souris d’un air niais pour cacher mon stress. Nous nous remettons en marche dans la galerie marchande et Mei reprend ses explications, au cas où.

— C’est un vampire, quand il fait jour, il dort. Il ne se lève que lorsque le soleil se couche.

— Merci Cheffe, j’avais bien capté la théorie, mais qui dit que ce cadavre-là respecte ces règles-là ? Peut-être qu’il est de la catégorie des vampires qui sortent le jour et brillent au soleil !

— Non, mais ça c’est du pet de chien ! s’insurge-t-elle. Les vampires sont des créatures de la nuit, c’est la base !

Je lève mes deux mains en signe de défense.

— Je dis pas que j’ai aimé les films hein… dis-je pour me rattraper, mais le vampire blond, celui en mode vieille école, il était quand même canon.

Mei me fixe avec pitié, je me tourne vers Liang pour trouver du soutien.

— Désolé, je ne vois absolument pas de qui tu parles. Le seul vampire blond sexy que je connais, c’est Eric Northman.

Ok, là, je m’incline.

— N’importe quoi, proteste Mei.

— Laisse-moi deviner, la provoquè-je, tu préfères Stephan et Damon ?

— Certainement pas ! Ils sont totalement niais. Tu n’y connais rien !

Liang et Tristan se marrent.

— Le meilleur des vampires, c’est Roman Godfrey, poursuit-elle.

Pourtant, Roman sort le jour, fait remarquer Liang.

Mei fait la moue.

— Il est vraiment sexy ? demandè-je à Liang. Parce que c’est quand même ça le plus important !

Il confirme d’un hochement de tête.

— Maintenant, les cadavres t’intéressent ? me taquine-t-il.

Je me tourne vers lui, les lèvres légèrement pincées.

— Oui, tant que ça reste de la fiction ! lui confiè-je. Les vrais vampires, je ne veux pas les approcher, ça me fait flipper.

Sa main libre caresse mon dos, j’ai envie de me blottir contre lui.

— C’est ici que Vic travaille, annonce Tristan.

— Bon, c’est quoi votre plan ? nous demande Mei.

— Déjà, on croise les doigts pour qu’elle soit bien là, dis-je en observant les vitres opaques.

La devanture est sobre, noire avec une grande inscription au néon bleu : VR center. Je suis passé devant plusieurs fois sans jamais faire attention à ce lieu. Ce qui n’est pas étonnant, je n’ai jamais aimé trainer dans ce centre commercial et je commence à comprendre pourquoi.

— Elle bosse souvent en soirée, dit Tristan. On peut dire qu’on vient pour se renseigner sur une activité. J’engage la conversation, je la mets à l’aise et après, vous posez les questions.

— Parfait ! répond Liang.

Mei a l’air beaucoup moins enthousiaste, mais finit par hocher la tête.

Tristan entre et nous le suivons. Nous sommes accueillis par un « Bienvenue au VR center ». Derrière le comptoir, face à la porte, se tient une fille à la peau noire avec des dreadlocks vertes.

— La fille aux cheveux verts, dis-je tout bas.

— C’est bien elle ! me répond Liang d’un ton enjoué.

Comme prévu, Tristan mène la conversation, ils échangent quelques formules de politesse, puis il nous présente comme son groupe d’amis. Vic a l’air très sympa, elle nous explique toutes les activités proposées : salles de jeux vidéos, salons karaoké, salons vidéos… On en oublierait presque la raison de notre venue. D’ailleurs, Mei s’impatiente et lance des regards insistants à son frère. Mais Liang continue de fixer Vic sans rien dire. Je me demande ce qui se passe dans sa tête. Est-ce qu’il est en train de se repasser le film de ses ébats avec l’autre naze ? Ça me débecte.

— Ça fait longtemps que tu bosses ici, demandè-je à Vic.

— Depuis novembre, mais je ne suis là que le soir, ça me permet de payer mes études.

— Tu étudies quoi ? la questionne Tristan.

— Un master d’histoire.

— Ah oui ? C’est marrant, tu dois connaitre mon pote Damasio, il fait de l’histoire aussi !

— Non désolée, ça me dit rien du tout, mais y’a de nombreuses filières en histoires et sur plusieurs facs. Du coup, vous voulez faire une réservation ?

— Euh… bafouille Tristan.

— On va en discuter et on reviendra, ajoutè-je.

— Ok, pas de problème.

— Et sinon, y’a d’autres lieux sympas dans le centre commercial pour se poser ?

— Oui, y’a le café de Sophie, ils font des supers cookies !

— On est passés devant le Spinela en arrivant, intervient Liang. C’est bien ?

Ouf, il se réveille.

— Le pub ? Oui, c’est sympa aussi.

— Tu connais Anastase qui bosse là-bas ? demandè-je.

Prononcer son nom m’écorche le palais. Elle fronce légèrement les sourcils, mais je n’arrive pas à savoir si c’est à cause du nom de l’autre naze ou juste parce qu’on devient lourds.

— Non, finit-elle par répondre.

Un silence pesant s’installe. Je jette un petit coup d’œil à Liang qui hausse les épaules.

— Merci beaucoup pour toutes les infos et à très bientôt. On reviendra pour l’anniversaire de la petite, dis-je en pointant Mei.

Je me retiens de rire et me dépêche de sortir. Bien entendu, Mei me rattrape facilement dans la galerie marchande.

— Déjà, je ne suis pas petite. Et puis… c’était quoi ces questions ? C’était nul !

Je soupire exagérément pour marquer le coup.

— Tu sais que là, tu deviens vexante, lui fais-je remarquer. Tristan et moi, on a fait ce qu’on a pu ! T’aurais pu intervenir, madame je-sais-tout.

— Je ne sais pas tout. J’ai respecté le plan fixé. Et puis les relations humaines, ce n’est pas mon domaine, je vous laisse gérer.

Liang se met entre nous deux.

— … c’est nul ! répète-t-elle. On n’a rien appris du tout !

— Je ne suis pas d’accord. Déjà, on l’a retrouvée. C’est bien elle que j’ai vue dans les souvenirs d’Anastase, merci Tristan. De plus, on sait maintenant qu’elle va bien. Et Axel, merci aussi, j’ai trouvé tes questions très bien, termine-t-il à mon attention.

— On a aussi appris que, comme Damasio, elle a totalement oublié l’existence d’Anastase après avoir couché avec lui, ajoutè-je.

— Je pense qu’elle nous a menti, dit Mei. Elle a dit qu’elle ne connaissait pas Damasio, alors qu’ils sont dans le même cursus, c’est louche !

— Alors non, parce que c’était un gros pipeau de ma part, expliquè-je. Je voulais juste voir si elle tiquait sur le nom.

Mei me fixe quelques instants en se frottant le bout du nez, puis finit par hocher la tête.

— Pas bête du tout !

Dans sa bouche, je prends ça pour un super compliment !

Liang nous montre un stylo.

— J’ai récupéré ça, mais je doute que ça nous aide beaucoup, il a probablement été touché par plusieurs personnes.

À quel moment est-ce qu’il a piqué ça ? J’ai rien vu !

— Ok… ce n’était pas si nul… Et maintenant ? On fait quoi ? demande-t-elle.

— On va manger ! décidè-je. Burger ?

Tristan et moi, nous attendons les commandes à l’intérieur.

— Tu as bien fait de ne pas m’écouter, me dit-il.

— Sur le choix de mon menu ?

— Non, par rapport à Liang. Je m’excuse d’avoir voulu te tenir éloigné de lui. J’ai été con, vraiment. Vous êtes tellement mignons tous les deux.

— Je trouve aussi ! Pas que tu as été con ! Mais qu’on est mignons ! T’inquiète pas, je comprends et merci à toi de m’avoir secoué. Sans toi, je serai encore flippé à l’idée de lui avouer mes sentiments.

— Je suis vraiment heureux pour toi, pour vous deux !

— Aujourd’hui, il m’a offert des fleurs, lui racontè-je.

— C’est trop mignon !

Je confirme d’un hochement de tête, l’air probablement très niais, mais j’assume.

— Heureusement que t’es pas sorti avec Mei, fais-je remarquer. Tu imagines les doubles dates ?

On rit.

On retrouve Liang à l’extérieur, installé à une table. Deux jeunes filles se tiennent à côté de lui.

— Non, je vous assure que c’est pas moi, dit-il.

— Tu lui ressembles trop ! s’exclame l’une d’elles. On peut faire une photo avec toi ?

— Euh non…

Tristan et moi posons les plateaux et elles se sauvent. Liang me lance un regard soulagé.

— On a fait peur à tes admiratrices ?

Mais il n’a pas l’air d’avoir envie de rire.

— Qu’est-ce qu’elles te voulaient ? lui demandè-je, soudain inquiet.

— Elles m’ont demandé si c’était bien moi qui jouait dans Demon Catchers.

— Ah oui ? Impossible qu’il soit aussi beau que toi !

Je cherche la série en question sur mon téléphone. Il y’a plein d’acteurs, mais aucun ne ressemble à Liang.

— Euh lequel ?

— Le héros, soupire Liang. Au début de la série, il marche avec une canne.

— Elles t’ont carrément pris le personnage, fait remarquer Tristan.

Je continue de regarder les photos sur mon écran.

— Mais y’a absolument aucun point commun entre toi et lui ! m’insurgè-je. Pas la même forme de visage, pas la même implantation de cheveux, pas les mêmes yeux ! Rien à voir ! Elles ont de la merde dans les yeux !

— Un Asiatique avec une canne, résume Liang. C’est pas la première fois qu’on me compare à lui.

— Racisme ordinaire, commente Tristan. La bêtise des gens n’a pas de limites !

Liang hoche la tête. Moi, je suis sidéré et attristé qu’il soit obligé de subir ça.

— Ça t’arrive souvent ce genre de truc ? demandè-je, soucieux.

— Souvent non, mais ça arrive régulièrement. Tout comme les gens qui me demandent si je fais du kung-fu ou ceux qui me saluent d’un « konochiwa ».

— C’est totalement crétin ! dis-je.

J’espère que je n’ai jamais sorti de trucs aussi idiots.

— J’ai déjà vu un gars parler à Mei en coréen, confirme Tristan, et en plus, il était tout fier de lui. J’ai cru qu’elle allait le frapper.

— C’est pas méchant, ni très grave, dit Liang, mais c’est soulant. D’ailleurs, où est Mei ?

— Je croyais qu’elle était avec toi, répond Tristan.

— Elle est peut-être juste aux toilettes, dis-je.

Elle réapparait comme par magie, sa capuche sur la tête.

— Ça va ? demande Liang. Tu étais où ?

— En repérage.

Je n’ose pas demander en repérage de quoi, mais je l’imagine bien en train de faire des roulades pour se cacher dans les ombres ou encore, en train de ramper dans un conduit de ventilation. À moins qu’elle soit tout simplement retournée coller son visage sur la vitrine du Spinela.

On attaque les burgers. De là où est assis Liang, il a une vue parfaite sur le Spinela qui se trouve de l’autre côté de la grande galerie où on est installés. Le lieu est moche. Ils ont essayé de recréer une sorte de place, mais en intérieur, avec fontaine, plantes en platique et même un faux ciel au-dessus de nous. Je déteste cet endroit.

— Le foulard, tu l’as toujours ? demande Mei à son frère.

— Oui, à la maison.

— Il faudrait lui montrer, voir si ça la fait réagir.

Liang fronce aussitôt les sourcils. Il est bien trop attaché à ce bout de tissu ainsi qu’aux souvenirs qu’il contient. Il ne le rendra pas.

— Non, c’est pas une bonne idée, lorsqu’Axel a mentionné Anastase, elle a eu comme un bug. Donc on ne sait pas comment elle pourrait réagir en le voyant.

— Ce foulard, vous l’avez trouvé à côté de Damasio, reprend Mei. Pourtant, il appartient à Vic. Qu’est-ce qu’il faisait là ?

— Anastase joue avec, il se sert du foulard, comme d’un lien, littéralement, explique Liang.

— Comment ça ? demande Mei.

— Il les attache avec le foulard.

— Hein ?

— C’est un jeu sexuel, explicite-t-il.

— C’est… Ils sont d’accord pour ça ?

— Oui oui.

Elle secoue la tête.

— Les gens sont vraiment bizarres.

— C’est un fantasme très courant, explique tranquillement Tristan.

Nos regards se croisent avec Liang. Il m’adresse un petit sourire joueur. Je me demande si ça lui plairait de m’attacher. Faudra que je lui pose la question.

— Bon, on va le voir maintenant ? demande Mei.

— J’avoue que je suis curieux aussi, dit Tristan.

Je soupire fortement en les voyant regarder en direction du pub.

— Il doit être réveillé, insiste Mei. Maintenant qu’on est là, autant en profiter, non ? On appelle les autres ?

— Euh, vous avez conscience qu’on est pas à Disneyland et que c’est pas une attraction ? protestè-je. On parle d’un vampire ! Damasio et Vic l’ont fréquenté et ils ne se souviennent plus de rien. Vous imaginez le traumatisme ?

— Ils étaient consentants, dit Liang.

— Pour le sexe peut-être, mais surement pas pour qu’on leur vole des morceaux de leur vie ! Pourquoi est-ce qu’il leur fait subir ça ?

— J’imagine que c’est pour pouvoir se nourrir de leur sang, dit Mei.

Je frissonne de dégout.

— Et si on allait lui demander ? propose Mei.

— Mais bien sûr ! Tu l’as dit toi-même, on a été tellement bon avec l’interrogatoire de Vic, allons vite interroger le principal suspect. Et tant qu’à faire, autant se jeter directement dans la gueule du loup. Avec un peu de chance, comme tout bon méchant qui se respecte, il nous expliquera son plan de conquête du monde avant de nous tuer.

Elle fait la moue.

— Je doute que ça soit une bonne idée d’aller le confronter directement, intervient Tristan en essayant de calmer les choses.

— La dernière fois, j’ai sympathisé avec lui, dit Liang. Je pense pouvoir lui parler sans risque.

— Quoi ? Mais non, protestè-je. Imagine s’il t’efface la mémoire ! Si tu m’oublies !

— Alors tu devras de nouveau me séduire…

— C’est vraiment pas drôle.

Je me lève pour aller vider mon plateau, décidé à quitter les lieux. Liang vient me rejoindre et me prend la main.

— Pardon, me dit-il.

— Je ne le sens vraiment pas ce mec.

— Euh, nous interrompt Tristan. Ne tournez pas la tête tous en même temps, mais y’a Vic qui vient de passer. Et elle se dirige vers le pub.

— Vous voyez, j’ai raison ! s’écrit Mei, beaucoup trop enthousiaste. C’est sa complice ! Elle va l’avertir qu’on enquête sur lui.

Avant qu’on ait le temps de protester, Mei a filé.

Et voilà, comment je me retrouve de nouveau, dans ce lieu maudit, avec le cadavre décoloré qui pavane derrière son comptoir.

Contrairement à ce que je pensais, Vic n’est pas accoudée au bar, prête à signer pour rejoindre la horde de zombies. Elle est installée à une table avec d’autres personnes et ne semble pas envoutée.

— Tu vois, me dit Liang. Tout va bien. Tu sais, je crois sincèrement qu’il n’est pas mauvais.

Je secoue la tête.

— T’es pas objectif. On peut rentrer maintenant ?

— Il est très attirant, dit Mei.

— Sexy à souhait, confirme Tristan. Qu’est-ce que vous voulez boire ?

— C’est pas vrai ! pestè-je, vous allez pas vous y mettre aussi !

Soulé, je me réfugie dans les toilettes. En plus, il fait une chaleur à crever, je suis en sueur. Je me passe de l’eau sur le visage.

— Axel ? Ca va ? demande Liang qui m’a rejoint.

Je le prends dans mes bras et nos bouches se rejoignent.

— Ça va beaucoup mieux maintenant.

Il caresse ma joue.

— Tu n’as pas à t’inquiéter, je ne suis pas sous son charme.

— Liang, j’ai confiance en toi, mais c’est l’autre là !

Je respire un bon coup avant de reprendre.

— Pardon… je me calme. Rassure-toi, je vais pas te refaire une scène de jalousie comme samedi dernier.

J’ai trop peur de le faire fuir.

En revenant dans la salle, après quelques baisers, j’ai retrouvé mon sourire. Il disparait aussitôt, lorsque je vois Tristan en pleine conversation avec le cadavre. Je me précipite sur eux.

— Damasio, Vic, il t’en faut combien ?

Le vampire hausse un sourcil tout en me fixant.

— Axel, tout va bien, me dit Tristan, j’étais juste en train de prendre les boissons…

Liang et Mei nous rejoignent.

— Et toi, t’étais où ? l’engeulè-je en la pointant du doigt. On ne laisse personne seul ! Pas ici ! Pas avec lui.

— Vous devriez arrêter l’alcool pour ce soir, et baisser d’un ton, me conseille Anastase d’un ton péteux.

— On sait ce que tu es ! Connard ! On sait ce que tu fais ! hurlè-je.

Ma voix tremble, tout autant que mes mains. Lui me fixe, parfaitement impassible et maitre de lui. Comme si tout coulait sur lui, comme s’il n’avait rien à craindre.

— Je vous prierais de respecter la tranquillité du lieu ou de sortir, immédiatement.

— On se casse !

Malgré ses protestations, j’attrape Tristan par le bras et l’entraine vers la sortie.

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