35. Les cuillères - Axel
Pose sur mon épaule tes peines et tes plaies
S'il le faut, je viendrais les panser
Pose sur mon épaule tes larmes, s'il te plait
S'il le faut, je viendrais les sécher
Yseult & Eddy de Pretto - Pause
Lundi 5 juillet 2021
Tristan : j'ai eu mon bac !
Axel : ah bravo
Axel : je suis fier de toi mon Rouky
Tristan : ^_^
Tristan : bon c'est passé tout juste, mais je suis soulagé
Axel : tu m'étonnes
Axel : le principal c'est que tu l'aies
Tristan : oui
Tristan : je commençais à être en stress à l’idée de refaire une année au lycée, seul
Axel : et les autres ?
Tristan : tout le monde l'a eu !
Axel : génial
Tristan : pour Capucine, c'était comme moi, très juste. Mais les révisions ont payé
Tristan : Mei a eu une mention assez bien et Ambre une mention bien
Axel : les grosses têtes !
Axel : tu vas pouvoir te détendre ! Vous allez faire la fête ?
Tristan : oui, vendredi, chez Valentin
Tristan : tu viens ?
Axel : ok
Tristan : ce soir, je vais au resto avec mes mamans
Tristan : Tu viens avec nous ?
Axel : avec plaisir ❤
Tristan : rien à voir, mais Liang t'a reparlé de l'autre nuit ?
Tristan : Mei me répond juste que ça va... mais je sais bien que ça va pas
Axel : Liang est plus bavard, donc oui.
Axel : leur grand mère a confirmé ce qu'Anastase avait révélé, à propos de leur père
Tristan : oui ça elle me l’a dit, mais elle ne dit rien de plus
Tristan : et surtout pas sur ce qu’elle ressent.
Axel : j’ai passé quasi tout le we chez eux, Valentin était là aussi. Elle n’est pas seule
Tristan : tant mieux
Axel : et Liang et elle sont proches
Axel : lui aussi est encore sous le choc, mais ils sont bien entourés
Axel : ca va aller
Tristan : ❤
***
Vendredi 9 juillet 2021
Je me suis garé un peu plus loin dans la rue et j’approche discrètement de la fenêtre de Liang. Je suis quasiment à quatre pattes, lorsque je remarque une femme qui m’observe de l’autre côté de la rue. Les cheveux courts, gris argentés, le bras droit recouvert de tatouages. Je me redresse aussitôt.
— Je sais que ça a l’air bizarre… mais je vous assure que je ne fais rien de mal.
— Ifrinn ! Tu fais quoi alors ? demande-t-elle avec un drôle d’accent.
— Une surprise pour mon amoureux…
Pour preuve, j’agite devant moi la rose rouge que je tiens en main. Ses yeux font l’aller-retour de moi jusqu’à la fenêtre, puis elle éclate de rire.
— Laisse-moi deviner, tu es Axel ?
— Euh… oui.
Je suis à la fois surpris et flatté d'être aussi connu. Elle s’avance vers moi toujours amusée. Je serre la main qu’elle me tend, un peu paumé.
— Je suis Ciara, la voisine.
— Oh ! La mère de Lucas ?
— Oui, c’est bien ça ! rétorque-t-elle fièrement.
— Ouf, j’ai eu peur que vous me preniez pour un fou ou pire un cambrioleur.
— Je n’ai jamais vu de cambrioleur avec une fleur à la main, répond-elle en pointant la rose rouge que je tiens de mon autre main.
— Même Arsène Lupin ?
Elle fronce légèrement les sourcils.
— Laissez tomber…
— Donc c’est pour Liang ?
— Oui, avouè-je sans difficulté.
— C’est bien. Très bien. Par contre, si jamais j’apprends que tu lui fais du mal…
— Ce n’est pas du tout au programme.
J’ai juste prévu de lui faire du bien.
Elle m’offre un large sourire.
— Enchantée de t’avoir rencontré. Venez diner à la maison, un de ces quatre.
Elle s’éloigne, mais j’imagine qu’elle m’observe toujours. Enfin, c’est ce que je ferais à sa place.
Je me remets à quatre pattes et reprends ma progression tel un agile félin. Une fois sous la fenêtre de Liang, je toque au carreau. Je reste caché, ne montrant que la fleur. J’espère de tout coeur qu’il est dans sa chambre. Ça ne me dérange pas de passer pour un con tant que ça sert à quelque chose. La fenêtre s’ouvre, j’entends son rire. J’ai gagné, c’est tout ce que je voulais. J'enjambe la fenêtre pour le rejoindre.
— T’es dingue, me dit-il.
— C’est aussi ce qu’a pensé la voisine… Du coup, j’ai fait connaissance avec Ciara.
Il rit de plus belle, puis se jette sur moi pour me couvrir de baisers. Moins de cinq minutes plus tard, et après avoir vérifié que la porte était bien verrouillée, nous sommes allongés sur son lit, à moitié nus.
— Tu me rends aussi fou, murmure-t-il.
— Aussi fou que moi ? demandè-je amusé. Ça te…
La main de Liang se plaque sur ma bouche. Il me fixe avec sérieux, jusqu’à ce que je vois le bout de sa langue pointer. Il s’approche de mon torse et goute ma peau. Ses lèvres se referment sur mon téton. Je comprends mieux pourquoi sa main est sur ma bouche lorsque j’émets un gémissement étouffé. Il avait tout prévu !
Je le regarde faire, fasciné. Pendant un instant, je l’imagine prendre mon sexe en bouche de la même manière, sa langue sur mon gland et son regard joueur. Je passe mes doigts dans ses cheveux, il appuie son bassin contre sa cuisse. Ses yeux rient, il a l’air satisfait de son effet et moi, je suis aux anges.
Il remonte jusqu’à mes lèvres pour m’embrasser fougueusement, je le serre avec force.
— J’ai envie de te sucer, murmure-t-il à mon oreille.
— Les roses, c’est quand même sacrément aphrodisiaque ! Attends… quoi ?!
Il se redresse doucement, je tiens ses hanches pour l’aider à garder l’équilibre.
— J’aimerais bien te sucer, répète-t-il.
— Wouahou… je…
— Si tu as envie…
Je secoue la tête en riant. Il est à la fois sexy et mignon.
— Oui ! Oui ! Je le veux ! Mais toi, tu es sûr ? Tu as déjà fait ça avant ?
— Non, pas du tout, répond-il joyeusement. Non, mais tu m’inspires ! J’ai bien observé et j’ai compris qu’il faut pas mettre les dents.
— T'es con…
— Tu pensais avoir l'exclusivité ?
On rit, ensemble, puis il se rallonge sur moi et reprend sa descente. Il embrasse mon ventre et glisse sa langue dans mon nombril, ce qui me procure de nouveaux frissons. J’ai de plus en plus de mal à réfléchir. Pourtant, en le voyant face à mon pénis dressé, je commence à paniquer.
— Liang, attends !
— Désolé, dit-il en se détachant de moi.
Son air déçu me déchire le cœur et Hercule crie son mécontentement en me traitant d’idiot.
— Non, mais c’est pas toi…
Merde, merde, merde…
J’attrape sa main. Je dois me concentrer, remettre les idées en ordre et faire des phrases, avec des mots. Je prends une grande inspiration.
— Lapinou, je veux être sûr que tu aies vraiment envie ! Tu as dit que je t’inspirais, et c’est le problème ! Je crois que je t'inspire un peu trop justement.
— Comment ça ? rétorque-t-il agacé.
Il m’en veut de l’avoir coupé dans son plaisir, je le comprends, mais j’ai besoin de mettre les choses au clair, sinon je vais me poser mille questions.
— Quand tu suçais mon téton, j’ai imaginé que tu me faisais une fellation, je l’ai souhaité très fort. Et à la seconde d’après, tu as proposé de me sucer ! Je crois que je t’ai contaminé ! C’est un truc avec ton don ? Non ?
Il se détend, me sourit, puis il me fait rouler dans les draps, tout en me câlinant.
— Tu m’as fait peur, dit-il. Non, ce n’était pas mon don, je m’en serais rendu compte. C’est juste que moi aussi j’en ai très envie. Et c’est pas nouveau, j’y pense depuis un moment, même quand tu n’es pas là.
— Ah oui ? demandè-je intéressé. Et… est-ce que tu te caresses en pensant à moi ?
— Tu sais bien que oui. Et ne t’inquiète pas pour Hercule, je vais prendre soin de lui. Alors qu’est-ce que tu en dis ? On essaye ?
— Oui oui oui ! Hercule est tout à toi.
Il l’a déjà en main, et sans me quitter des yeux, il y dépose un baiser léger. Un frisson de plaisir qui parcourt tout mon corps.
— Oh… Liang…
***
Lorsqu’on rejoint le salon, Xin me saute dessus pour me saluer, à sa manière. Puis elle me fixe, intriguée.
— Je t’ai pas vu entrer, t’es passé par où ? T’es un ninja ? Ou alors tu as des pouvoirs, comme Valentin ?
— Je ne peux pas dévoiler tous mes secrets…
Elle regarde autour de nous, suspicieuse, puis me fait signe de me baisser pour me parler à l’oreille.
— Je comprends, surtout que Mei écoute tout !
Je me tourne et surprends effectivement les yeux de Mei posés sur nous, je ne peux pas m'empêcher de pouffer de rire.
— J’adore ta famille ! dis-je à Liang.
— Je vois que tu es parfaitement intégré !
— Tu veux un bonbon ? me propose Xin.
Elle ouvre sa main pour me l’offrir. Sur l’emballage est dessiné un lapin blanc entouré d’idéogrammes rouges.
— Un bonbon lapin ?
— Oui, mais t’inquiètes pas c’est pas au gout lapin, m’explique-t-elle avec sérieux. C’est un bonbon au lait, c’est trop bon !
Sous son regard attentif, je le déballe puis le mets dans ma bouche.
— Faut mieux le sucer que le croquer, me conseille-t-elle, comme ça, ça dure plus longtemps !
Je manque de m'étouffer. Elle me tapote gentiment dans le dos. À côté de moi, Liang pleure de rire. Je tousse de plus belle.
— Il est en train de s'étouffer pour de vrai ? demande Xin.
Liang fait non de la tête.
— Alors, c’est une la blague ? demande la petite, intriguée.
— Ils sont juste idiots, commente Mei.
L’explication semble convenir, car Xin se met à rire avec nous.
Je confirme que j’adore cette maison joyeusement chaotique ! Je me sens bien dans cette douce folie contagieuse.
***
— Axel c'est gentil de m’accompagner, mais c’était pas la peine.
On arrive sur le campus universitaire. Liang se rend pour la première fois à une réunion associative avec d’autres personnes porteuses de handicaps, et il est un peu nerveux.
— Je me suis engagé à être ton chauffeur, tu te souviens, le taquinè-je.
Mais son visage reste sombre.
J’ai le choix pour me garer, pendant les vacances d’été, la fac est déserte. La réunion a lieu dans un bâtiment excentré, le même où se trouve le local de Arc-en-ciel.
Une fois le moteur éteint, je lui prends la main.
— Si tu le sens pas, on peut toujours faire demi-tour.
— J’ai dit oui à Abi, j’y vais. Et puis ça me changera les idées.
J’ai beau faire tout mon possible pour le divertir, les révélations à propos de son père continuent de le hanter et ça se comprend. Je ne veux pas être trop lourd, trop protecteur ou infantilisant. Je cherche les bons mots.
— Oki, je vais retrouver Sam, je serai pas loin si tu as besoin. Je sais que tu peux te débrouiller seul et que tu n’as pas besoin de moi…
Il empoigne mon T-shirt et m’attire à lui pour m’embrasser.
— Ne t'inquiète pas, ça va bien se passer. Mais c’est gentil de veiller sur moi, de me soutenir et de me rassurer.
Je souris niaisement.
— C’est normal, c’est pour ça que je suis là. Et aussi pour les pipes incroyables !
— Bien entendu !
— Même si, maintenant, j’ai une sérieuse concurrence !
Il se marre et dépose un nouveau baiser sur mes lèvres.
— Profite de la réunion, lui dis-je, des nouvelles rencontres et surtout garde en tête que tu n’as rien à prouver. Surtout que tu es déjà expert en cuillère !
Il me regarde intrigué, attendant la suite.
— Quand on dort, expliquè-je, j’ai remarqué que tu aimais bien faire la grande cuillère.
— C’est vrai, j’aime me coller à toi.
Je regarde Liang s’éloigner, puis je rejoins le local d’Arc-en-ciel où je retrouve Sam. Elle porte une petite robe vert pomme trop mignonne, avec des chaussures rouges. Elle se marre en voyant mon T-shirt. Une fusée à la forme suggestive y est dessinée, accompagnée de la phrase suivante : “Quand on te promet la lune…”
— Tes T-shirts m’avaient manqué
— Et pas moi ? m’offusquè-je.
— Si toi aussi !
Elle me prend chaleureusement dans ses bras.
— Ça va être nul l’année prochaine sans toi.
— On pourra toujours se voir…
— Obligé. Tu pourras pas te débarrasser de moi comme ça.
D’autres membres de l'association sont présents, je salue tout le monde. Puis je file un coup de main pour faire un peu de rangement et de ménage dans le local. Puis on se prend un café dehors, sur les marches.
— Alors, tu files toujours le parfait amour
— Oui, je passe presque tout mon temps avec Liang et c’est juste génial. Et toi ?
— Ma vie sentimentale est nulle et surtout inexistante.
— Attends… c’est l’été, les vacances, tu vas faire des rencontres.
— Tu parles… surtout que je vais passer plusieurs semaines chez mes parents, j’angoisse déjà.
— Appelle-moi si tu as envie. Quand tu veux.
— T’es chou.
Elle dépose un baiser sur ma joue.
— Faut que j’arrête de me plaindre, mes parents sont loin d’être horribles.
— Mais tu ne peux pas être toi-même.
Elle hoche la tête.
— Viens quelques jours en Bretagne avec nous, si ça te dit.
— Mouais… pour tenir la chandelle dans ton couple parfait ?
— Non, je pars avec Tristan.
— Ahh ton fameux Tristan… Le pire c’est que maintenant que je l’ai rencontré, je peux plus rien dire. Je l’aime bien !
— Normal, tout le monde aime Tristan !
***
J’attends Liang devant la salle, en le voyant sortir, tout souriant, je suis rassuré. Il avance vers moi.
— Tout s’est bien passé, me dit-il aussitôt. Ça ne te dérange pas qu’on attende Abi ? Je voulais lui parler mais elle était déjà sollicitée par tout le monde.
— Bien sûr, aucun souci.
— Elle a mené toute la réunion, avec assurance et surtout tellement de bienveillance. Elle est juste incroyable ! Je suis vraiment fier d’être son ami ! En fait, c’était vraiment bien cette réunion. Je crois que j’en avais besoin. J’ai compris des trucs.
— C’est chouette ! Bravo à toi d’avoir osé franchir le pas.
Je passe ma main dans son dos. Je suis curieux de savoir quoi, mais je me retiens de le questionner. C’est un moment qui lui appartient à lui de décider ce qu’il veut me raconter ou non. Il attrape ma main et nos doigts s'entremêlent.
— Je sais pas trop comment l’expliquer, poursuit-il, mais j’ai réalisé que je faisais déjà partie de cette communauté, que je le veuille ou non. Il y a cette fille, Vanessa, dont je viens seulement d’apprendre le prénom, pourtant on se connait depuis plusieurs mois. Enfin, connaitre est un bien grand mot. Elle est en fauteuil, on se croise régulièrement dans les couloirs. À chaque fois, on échange toujours des regards, des sourires, du soutien. Sans jamais oser se parler, alors qu’on rencontre les mêmes galères. Aujourd’hui, j’ai été content de pouvoir échanger avec elle.
J’approuve d’un hochement de tête. Je comprends ce qu’il veut dire. J’ai déjà ressenti cette affinité des inconnus queers. Et je ne parle pas de drague, mais de cette sensation de se comprendre.
Ses doigts caressent toujours les miens alors qu’il poursuit son récit.
— Il y avait aussi un étudiant de ma classe, à qui je n’ai jamais parlé. Je sais pas pourquoi, j’ai toujours eu l’impression qu’il se sentait supérieur et je l'avais catalogué comme antipathique. Et aujourd’hui, je comprends qu’il est porteur d’un handicap invisible. Je me sens con…
— Tu pouvais pas savoir Lapinou, on fait tous des erreurs. L’important c’est déjà de se remettre en question et d’avancer.
Il acquiesce et retrouve rapidement son beau sourire.
— J’arrête de te souler avec tout ça, mais merci de m’avoir encouragé à y aller. Et merci aussi de m’avoir accompagné.
Il me donne un long baiser.
— Tu me soules pas du tout. Déjà je suis content que ça se soit bien passé et je t’écoute avec intérêt. Je trouve tes réflexions très pertinentes et même si c’est très différent, ça fait écho avec des choses que j’ai vues ou entendues à Arc-en-ciel. Et aussi, merci à toi pour ta confiance. Du coup, tu penses y retourner ?
— Oui, je me suis directement inscrit. Abi a bien expliqué que le but du Club des cuillères, c’est pas une lutte active. Déjà parce que c’est épuisant et qu’on nous demande déjà beaucoup de choses. Rien que pour faire des dossiers, savoir à quel médecin on peut s'adresser. Faut qu’on arrête de culpabiliser parce qu’on ne peut pas tout faire. Cette association, c’est avant tout un lieu de partage, d’échanges et d’entraide.
— Ça a l’air évident, et pourtant, c’est essentiel à rappeler.
— Oui ! C’est ce que je me suis dit. Et ça fait du bien d’avoir des gens à qui parler.
Il se mord aussitôt la lèvre, comme pour ravaler ses paroles.
— Je disais pas ça pour toi Axel, je sais que tu es là pour moi…
— Lapinou, t’as pas à t’excuser ou à t’expliquer. J’ai saisi de quoi tu parles. Y’a des choses que seules les personnes concernées peuvent comprendre. Je t’en voudrais jamais que tu aies besoin d’autres personnes que moi !
— Les valides, même en faisant tous les efforts du monde, ne vivent pas la même chose que nous. Je suis souvent en colère contre mon handicap et en parler avec d’autres, ça pourrait m’aider à…
Liang s’arrête au milieu de sa phrase, le regard fixé derrière moi. En me retournant, je reconnais Amaury en train de discuter avec Abi.
— Qu’est-ce qu’il fait là ce con ? Si jamais il l’emmerde…
Il avance dans leur direction, je te rattrape.
— Liang… attends ! Je crois qu’ils sont juste en train de discuter, Abi est souriante, ça a l’air d’aller.
Il s’arrête pour observer, sourcils froncés.
— Je rêve où ils flirtent ? demande-t-il.
— J’osais pas le dire, mais oui… je crois…
Ils ont tous les deux un large sourire aux lèvres, et la main d’Abi vient d’effleurer le bras d’Amaury. Elle nous remarque, agite la main pour nous faire signe. Puis vient à notre rencontre.
— Merde, je suppose qu’il est trop tard pour se cacher, dis-je.
Ma blague tombe à l’eau, Liang reste bloqué sur son ennemi juré.
— Salut Alex ! dit Abi. Je vous présente Amaury d’Acremont. C’est grâce à lui qu’on a pu avoir la salle, et même si on la partage avec d’autres associations, c’est un premier pas.
— Nous nous connaissons ! répond-il avec enthousiasme. Monsieur Wang, félicitations pour vos excellents résultats de cette année. Axel, ravi de te revoir, je te dois toujours un café !
— Vous vous connaissez déjà tous, c’est incroyable !
Elle aussi est beaucoup trop enthousiaste.
— On va se boire un truc tous ensemble ? propose-t-elle.
— Merci, mais une autre fois, m’empressè-je de répondre. Nous sommes pressés, nous devons retrouver ma mère.
C’est pas vraiment un mensonge. Ma mère nous attend bien, mais ce soir, pour diner. On a prévu d’aller au resto tous les trois.
Ce n’est qu’une fois dans la voiture, ceinture bouclée que Liang desserre les dents.
— Non, mais tu l’as entendu fanfaronner l’autre connard ? Comme si j’avais réussi mon année grâce à lui ! Il croit quoi ?
— Il voulait peut-être juste te féliciter. Je suis pas sûr qu’il ait de mauvaises intentions…
Liang me jette un regard noir.
— Estimer qu’on sait mieux que la personne concernée ce qui est bien pour elle, c’est problématique. Son rôle c’est de conseiller, d’accompagner, pas de mettre les étudiants en difficulté !
— C’est vrai. Mais secrètement, je ne peux pas m'empêcher de le remercier, parce que c’est ce qui a permis qu’on se rapproche.
Liang me regarde en coin, toujours un peu fâché, mais un petit sourire se dessine sur ses lèvres.
— Peut-être que tu devrais lui dire, proposè-je.
— Lui dire merci pour notre couple ? me demande-t-il, incrédule.
— Nan ! Lui dire ce que tu as sur le cœur, ce que tu viens de dire sur le fait qu’il faut accompagner les gens plutôt que décider à leur place.
— Peut-être oui,mais une autre fois. Là je ne veux pas gâcher le moment d’Abi. Par contre, démarre, car j’ai pas envie de les regarder roucouler !
Je souris malgré moi en les observant, il se passe clairement quelque chose entre eux.
— Il est peut-être sympa, dis-je.
— T’es pas du tout objectif ! T’es sous son charme. Il a une tête de faux cul. Je ne vois vraiment pas ce que vous lui trouvez !
— C’est marrant, expliquè-je, ça me rappelle quelque chose ! Tu crois qu’on devrait organiser un combat entre les deux ?
Liang se pince les lèvres pour retenir un sourire.
— Anastase ne fera qu’une bouchée de lui ! répond-il.
J’éclate de rire en imaginant la scène et Liang ne tarde pas à faire de même.
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