La Fille du Rivage
Au bord de la mer,
De bleu et de vert,
De sel et d’amer,
Il y a une jeune fille,
Si triste que ciel grésille,
Candide même en grise guenille,
Qui tant attend sa famille.
Elle pleure au pied de la falaise,
Sanglots, larmes blafardes et mauvaises.
Elle toise l’horizon ; défilent les braises,
Brûlots et étoiles, soleils mal-aises.
L’océan lancinant, si lent néant,
Sanglote mots dévots et condoléants,
Car il vomit vérités et bris flottants
Sous un ciel déchiré de noir et de blanc
Au bord de la mer,
De bleu et de vert,
De sel et d’amer,
La guerre a arrachée
De ses crocs enragées
Les souffles, échos inspirés
De ses êtres chers et aimés.
Son père vaillant sauvé des flots ;
Vert-de-gris son regard, sa peau
Gâtée, criblée d’obus en lambeaux
Gibbeuse et boursouflée, brisée d’os.
Ces magnats, capitaines, matelots, d’aucuns
Le cœur pitoyable, mais bien plus hautain,
N’ont soufflés mots sur les voiles d’amour défunt,
N’ont épistolés ; la veuve choit sous l’embrun.
Au bord de la mer,
De bleu et de vert,
De sel et d’amer,
Il y a une jeune femme
Honnie, marquée d’infâme,
Qui enlace galets et lames
Allouant le morne oriflamme.
Elle contemple cette Ombre silencieuse ;
Sarabande sous la lune envieuse,
Les astres, ces étoiles licensieuses ;
Main tendue, Elle l’invite en berceuse.
« Va, viens, tu n’as besoin que de tendresse »
Confort qu’océan dispense, vague-caresses.
Les pieds, l’âme à nu, l’orpheline se laisse
À cette mère drapée des marées où jais naissent
Au fond de la mer,
De bleu et de vert,
De sel et d’amer.
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