Les Trois Couleurs du Monde
« Mon aimante Amnel,
Voyageant vers les estelles,
Que prendras-tu des couleurs
Qui font d’ici la splendeur ?
J’emprunterai toutes celles qui drapent nos mémoires
Et décorent nos cœurs décousus d’histoires ;
Enfin j’en ferai un collier nacré,
Et l’offrirai d’amour aux esseulées.
Du Jaune, que prendras-tu ?
La couleur de la Jalousie, de l’or brûlant,
Des faux ris et caresses, des malades mourants.
Je prendrai tous les sourires des Soleils, desquels
Naît l’ambre, s’ouvrent les boutons d’or et brille le mïel,
Dans tes yeux la vertu !
Le Rouge, qu’en prendras-tu ?
La couleur du feu furieux, des rivières de sang,
Des interdits souillés de l’hybris du vivant.
Je prendrai le rose du couchant, les embrassades
De ceux qui s’aiment, les coquelicots sans maussade,
Tes mains lourdes de calus !
Lors que prendras-tu du Noir ?
La morsure de l’Hiver, les algues odeur de Mort,
L’acier sourd des armes, les voiles du deuil, du remords.
Je prendrai les matins de retrouvaille qui suivent
Les soirs aux pluies de filantes, des violettes l’effluve,
Et la berceuse de la Mer !
Ce sera là mon présent
À donner aux étincelants ! »
Son féal l’embrasse, funeste d’une promesse,
D’un sourire contrit.
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