II

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 Et ainsi donc commença la vie d’Élentir au château. Déjà oubliée par la reine, comme l’on pouvait s’y attendre, elle mena dans les premières années une vie dont elle n’avait pas à se plaindre. Surtout dans ce royaume. Certes, pour pouvoir rester au château et manger à sa faim, elle devait travailler. Mais contrairement à une grande partie de la population, elle n’eut jamais à souffrir du froid et de la faim.


 Le grand intendant Sébaste, conscient de son jeune âge, ne l’employa au début que dans de petites tâches très simples, même pour une enfant de cinq ans. Cela consistait principalement à livrer des messages d’un bout à l’autre du château. Il se rendit vite compte qu’elle était idéale pour ce rôle. Elle était rapide, vive et possédait une excellente mémoire. Bien plus rapide que les messagers adultes, elle était tout aussi fiable. Grâce à sa taille, elle se glissait entre les gens, et son habileté lui permettait de se faire à peine remarquer. Ce qu’ignorait l’intendant, c’est que la fillette, curieuse comme bien des enfants de cet âge, avait découvert des passages secrets dès son premier mois au château, ce qui expliquait sa rapidité. Ce travail lui permit également de découvrir les métiers du château. Cela plaisait à Hylde qui espérait qu’ainsi la fillette trouverait le métier qu’il lui plairait de faire. Mais ce que trouva surtout Élentir, c’était de quoi remplir ses pauses.

 Ce temps libre, Élentir l’occupait de bien des manières différentes, mais quand elle eut fini de visiter les lieux de fond en comble, trois activités revinrent principalement.


 Si s'était du calme qu'elle recherchait, elle avait un refuge où elle trouvait calme et savoir en même temps. Elle se souviendrait très longtemps de ce lieu béni par Grys.

 Elle l’avait découvert en livrant un message peu après son arrivée. L’intendant lui avait demandé de faire parvenir un parchemin au maître des scribes et gardien du savoir, Lómelindi. La fillette, après avoir écouté les indications de l’intendant pour trouver le scribe, partit en courant, heureuse de découvrir une nouvelle partie du château.

 Dès qu’elle pénétra dans la bibliothèque, elle se figea. Devant elle se trouvait l’une des plus grandes pièces du château, entièrement remplie de livres. Un véritable dédale de savoirs. Des livres débordaient de solides étagères montant jusqu’au plafond. La fillette était émerveillée par un tel spectacle, mais surtout elle avait, pour la première fois en ces lieux, une impression familière. Si elle ne connaissait pas cette pièce avant ce jour-là, elle avait vu quelque chose de similaire dans son passé. Un court instant, elle crut que la mémoire lui était revenue, mais comme ce n’était pas le cas, elle se remit en mouvement. Elle avança, comme hypnotisée par les livres, vers la première étagère. Elle caressa avec délicatesse une reliure de cuir. Elle s’apprêtait à prendre l’un des livres quand une voix s’éleva derrière elle.

— Prends garde, les livres sont des objets fragiles et coûteux. Toutefois, je suis flatté de voir une si jeune enfant intéressée par la littérature. Que me vaut l’honneur de cette visite ?

 Ne se sentant pas gênée, la fillette trottina jusqu’à l’homme avec un grand sourire qui charma aussitôt le scribe. Et pourtant, il était bien difficile à charmer, lui qui préférait la compagnie des livres à celle des humains.

— J’ai un message de la part de l’intendant à vous remettre, dit-elle avec le sérieux d’un enfant avant de continuer plus joyeusement. Est-ce que je pourrais revenir pour lire un livre ? Promis, je ne l’abîmerai pas…

 L’homme attrapa le papier que lui tendait l’enfant, mais ne le lut pas, trop intrigué par cette fillette qu’il n’avait jamais vue. Elle était habillée comme un serviteur, mais peu d’enfants de serviteur savaient lire à cet âge et surtout, c’était normalement lui qui tentait de leur apprendre. Et peu d’enfants de serviteur parlaient avec autant de distinction. Étrangement, elle lui rappelait les héritiers.

— Comment te nommes-tu, fillette ?

— Élentir, répondit fièrement la fillette.

— Quel joli nom ! Mais, dis-moi, jeune Élentir, sais-tu lire ?

— Oui… La fillette fit une légère pause en penchant la tête. Je crois… que j’aime vraiment beaucoup.

— Vraiment, il ouvrit le papier pour vérifier ce qui était écrit avant de lui tendre. Peux-tu me lire ce message alors ?

— « Maître scribe, vous êtes prié de vous rendre aux appartements de Leurs Altesses Palantir et Éledhwen dès l’obtention de ce message. »

 La lecture était loin d’être fluide, mais cela restait impressionnant pour une si jeune enfant. Il resta un moment à l’observer. La fillette ne semblait pas très différente des autres habitants de cette contrée. Des cheveux châtain clair tirant sur le blond, une peau tannée par le soleil des plaines, et les yeux clairs. Mais c’est justement en se perdant dans ces yeux gris qu’il comprit qu’elle avait quelque chose de spécial. D’ailleurs, à part le prince et la princesse, aucun enfant de cet âge ne parlait ni ne lisait aussi bien. Il fit alors le lien avec l’enfant recueilli par la reine Daïna.

 Élentir lui tira la manche :

— C’est écrit que tu dois partir dès l’obtention du message.

 Il lui sourit en lui ébouriffant les cheveux :

— Tu as raison, fillette. Repasse ce soir, je te laisserai lire un livre.

 Ainsi se déroula la première rencontre entre Élentir et Lómelindi, maître scribe du château et gardien du savoir.


 Par la suite, elle revint le voir souvent aimant lire des livres de la bibliothèque. Au début, l’érudit voulait être là lors de ces visites par peur qu’elle fasse tomber un de ses précieux ouvrages. Mais très vite, il eut confiance dans la force et l’adresse de la petite. Il lui conseillait des livres. La plupart du temps, c’étaient des récits d’aventures ou des carnets de voyage. Ce n’était pas trop compliqué à lire. Mais très vite, elle découvrit des livres par elle-même en parcourant les rayons. Elle lisait de tout, mais demandait régulièrement des explications. Il en profita pour lui donner quelques cours d’histoire, de géopolitique. C’est également lui qui lui fit découvrir les croyances du royaume. Même si elle n’y prêtait pas suffisamment attention pour se rendre auprès des prêtres pour s’informer, elle découvrit, comme l’on découvre un conte, les treize consciences, divinités des chevaucheurs. Un peu plus tard, vers ses huit, neuf ans, elle et le scribe eurent de nombreuses conversations, et des débats philosophiques. C’est à peu près à ce moment que le scribe se rendit compte qu’Élentir savait lire le draconique. Il eut, durant un instant, envie d’en informer le roi et le mage, car seuls les chamanes, les mages les plus érudits, quelques rares chevaliers et les frères de la confrérie savaient encore lire et parler cette langue avec autant d'aisance. Mais suivant son instinct, il garda pour lui cette information. Sans le savoir, il venait de sauver Élentir, comme Hylde l’avait fait quelques années plus tôt.

 Élentir avait une excellente mémoire et apprenait à une vitesse incroyable. Si bien que Lómelindi lui proposa de suivre quelques cours avec d’autres enfants plus âgés. Élentir refusa, comme à son habitude, la compagnie d’autres jeunes humains de son âge ou même plus âgés ne l’intéressait pas. Cependant, elle appréciait la compagnie de Lómelindi comme l’on apprécie la compagnie d’un père. L’enfant et le scribe avaient noué une forte relation filiale. Lómelindi échangeait régulièrement avec Hylde à propos de son éducation. Il avait construit un lien de confiance et d’amour avec Élentir, si bien qu’elle ne lui cachait plus grand-chose et lui confiait beaucoup de ses craintes. Elle lui montra notamment sa marque. Elle interpella l’érudit qui se permit de faire quelques recherches à son sujet.

 Élentir allait le voir quand elle rencontrait des problèmes d’ordre émotionnel ou intellectuel, tandis qu’elle allait voir Hylde quand elle avait besoin de parler de problème d’ordre pratique. Elle aimait aussi passer du temps avec les deux, juste comme ça. C’était peut-être le seul véritable lien qu’elle réussit à établir durant ses premières années au palais. Et c’était un lien qu’elle chérissait très fort. Il était sûrement la chose la plus précieuse qu’elle possédait en ce temps-là.


 Toutefois, Élentir supportait mal d’être enfermée dans le château et la compagnie des humains finissait toujours par lui peser. Alors, durant certaines de ses pauses, si elle ne se trouvait pas à la bibliothèque, il n’était pas rare qu’elle se rende dans la seule forêt du pays. Elle se trouvait juste à côté du château. Si aucun adulte n’aurait permis qu’une si petite enfant se rende seule là-bas, cela ne l’empêchait pas de se glisser furtivement hors du château pour y aller. Une fois sur place, ses occupations étaient diverses. Dans les premiers temps, elle était partie à la découverte de la forêt. Elle l’avait visitée de long en large, s’arrêtant de temps à autre pour observer la nature faire son œuvre. Sa capacité à s’arrêter pour s’émerveiller de la nature semblait étrange de la part d’une enfant si dynamique et que personne n’arrivait à garder en place. Dans les premiers mois de sa vie au château, elle s’y rendait également beaucoup pour dormir. Elle aimait être bercée par le bruit du vent et les sons de la nature. Elle se sentait protégée quand elle observait les étoiles. Elle arrêta cependant, quand Hylde découvrit qu’elle découchait. Non pas parce qu’elle s’était fait durement disputer et qu’elle n’avait pas eu droit à un repas ce soir-là, mais plutôt parce qu’elle avait senti l’inquiétude sincère qu’avait la cuisinière. Et elle ne voulait pas causer du souci à sa protectrice.

 En grandissant, elle eut une nouvelle activité dans les bois. Au château, elle avait déjà observé l’entraînement des gardes, mais un jour elle aperçut de loin les jumeaux royaux s’entraîner. Elle savait qu’ils n’avaient que son âge, alors discrètement, elle avait suivi tout l’entraînement. Une fois au calme dans les bois, elle avait repris les leçons toute seule. Ça lui avait grandement plu, elle avait éprouvé des sensations que jamais auparavant elle n’avait éprouvées. Et du haut de ses six ans, elle reproduisit tous les entraînements qu’elle pouvait observer. Par nécessité, elle dut vite se fabriquer des armes d’entraînement, se rendant compte que les branches mortes ne faisaient pas l’affaire. Elle se fabriqua, elle-même une épée en bois de chêne. Elle était habile de ses mains et avait appris très tôt à sculpter le bois. Ses premières créations avaient même été des jouets.

 Plus jeune, alors qu’elle livrait un message, elle était entrée dans un salon où jouaient des enfants de riche naissance. Dans leurs petites mains potelées, elle avait aperçu des figurines, des poupées de chiffon, de la vaisselle miniature et plein d’autres choses encore. Une fois sa mission terminée, elle alla trouver Hylde en cuisine et lui demanda :

— Dis, tu sais c’est quoi ce qu’ils ont pour s’amuser, les petits nobles ?

 Hylde avait fini par s’habituer à ce que la petite ne connaisse pas des objets de la vie quotidienne. Elle lui expliqua donc calmement :

— Ce doit être des jouets. C’est pour pouvoir faire comme les grands, mais pour de faux.

— Mais moi, je fais pareil, et je n’ai pas besoin de ça.

— Certes, mais eux, ils aiment ça.

— Je veux essayer. Où je peux avoir un de ces jouets ?

— Ceux qu’ils ont sont chers et tu ne pourras pas en avoir de semblables. Mais si tu patientes jusqu’à ce week-end, je t’en trouverai peut-être un si t’es gentille. Je vais au marché.

— C’est long…

— Demande à un enfant du quartier des serviteurs qu’il t’en prête.

 La fillette avait haussé les épaules et était repartie en criant un grand merci. Elle n’avait pas d’amis à qui demander, alors trop impatiente, elle avait filé dans l’atelier du menuisier royal et l’avait observé autant que sa pause le lui permettait. Le soir, elle revint lui demander d’emprunter des outils qu’elle rendrait le lendemain, et des chutes de bois. Comme l’homme refusa, par bon sens, on ne donne pas ce genre d’outils à une enfant de cinq ans, la fillette chipa le bois et un couteau en cuisine. Elle passa toute la nuit à tailler son morceau de bois pour lui donner la forme grossière d’un dragon. Quand Hylde la questionna sur la provenance de ces coupures et du dragon, elle répondit sans ciller qu’elle avait trouvé le dragon dans les déchets de la menuiserie, sûrement une ébauche ratée, et qu’elle avait glissé dans le parterre de roses en courant pour livrer un message. Et la cuisinière ne s’en formalisa pas et lui rapporta quand même une poupée du marché. Élentir continua donc régulièrement à se fabriquer des figurines pour pouvoir jouer.

 Ce ne fut donc pas étonnant de la voir à six ans se fabriquer une épée d’entraînement. Elle ne put cependant avoir un arc que quelques années plus tard. Après quelques essais infructueux, elle se contraignit à patienter, elle attendrait que l’occasion se présente pour en avoir un.

 Et elle l’eut un an plus tard, lorsqu’une épidémie mortelle durant l’hiver cloua au lit le quart de la population. Au château, le mage et son apprenti, avec l’aide du médecin royal, avaient réussi à mettre au point un médicament sauvant les habitants du château et ceux des environs.

 Le forgeron, Huon, avait été très gravement atteint et ne pouvait quitter le lit quand il apprit par un messager que sa nièce était également malade. Il réussit à se procurer le médicament, mais il ne pouvait pas s’y rendre. Dans un premier temps, il ne trouva personne pour porter les médicaments. Le personnel manquait au château et chaque adulte était très occupé. Une chance, il était bon ami avec Hylde qui, apprenant la nouvelle, lui envoya Élentir. L’enfant accepta aussitôt la commission et partit au pas de course vers la ville avec le médicament.

 Quand elle arriva chez la sœur du forgeron, elle ne trouva pas seulement une enfant malade, mais également sa mère. Étant veuve et affaiblie par la maladie, la sœur du forgeron était désespérée. La venue d’Élentir ne lui réchauffa le cœur que partiellement, car même avec le médicament, elle devrait garder le lit encore une bonne semaine. Qui allait s’occuper de sa fille ? Élentir, devant ce triste spectacle, oublia la consigne qui lui demandait d’être rentrée avant la nuit et décida de rester.

 Elle ramena d’office la femme dans son lit et lui administra le médicament ainsi qu’à sa fille. Et tout le long de la semaine, elle leur fit à manger du mieux que le pouvait une enfant de sept ans. Par chance, elle avait passé de longues heures en cuisine aux côtés d’Hylde. Comme elle avait deux malades au lieu d’un, les médicaments allaient manquer. Elle ne pouvait pas retourner au château, craignant qu’on veuille l’empêcher de revenir. Alors elle se servit des connaissances qu’elle avait acquises en lisant pour réduire la dose de médicament tout en assurant la guérison, usant des réserves de plantes médicinales.

 Au bout d’une semaine, le forgeron arriva guéri. Il trouva sa sœur et sa nièce sur le rétablissement et Élentir trop fatiguée par ce séjour pour avoir le courage de rentrer. Après s’être assuré que sa sœur pouvait s’en sortir seule, il ramena la fillette sur son dos au château. Une fois dans sa chambre, l’enfant dormit une journée complète, mais le médecin assura qu’elle n’était pas malade. Juste fatiguée. À son chevet, le forgeron resta jusqu’au bout, ce que ne put pas faire Hylde qui devait préparer les repas. Mais quand la fillette se réveilla, toute l’inquiétude que la cuisinière avait accumulée durant toute la semaine sans nouvelles de sa protégée se transforma en colère :

— Tu aurais pu au moins me faire parvenir un message !

 Mais avant qu’elle puisse continuer, le forgeron lui posa une main sur l’épaule :

— Calme-toi, Hylde, je comprends ta colère, mais elle a sauvé ma sœur et ma nièce. Moi, je souhaiterais plutôt te remercier, jeune fille. Quand tu seras sur pieds, tu viendras à la forge, je ferai tout pour te remercier.

 Ainsi, elle lui demanda un arc. Et le forgeron s’arrangea pour lui fournir un arc de la meilleure des qualités, adapté à son âge ainsi que des flèches. Il lui apprit à en prendre soin et lui montra comment fabriquer des flèches correctement. Il lui donna même quelques leçons pour qu’elle apprenne à s’en servir. Cependant, le forgeron ne tint pas sa langue et parla de tout ça avec Hylde, pensant qu’elle était au courant. La surprise de la cuisinière ne fut pas très grande ; elle était depuis longtemps habituée aux frasques de sa protégée. Même si elle était quelque peu inquiète, elle choisit de laisser faire la fillette. Toutefois, elle lui conseilla de faire attention et joua avec ses relations pour qu’Astal, la maîtresse d’armes de la cour, l’accepte parmi ses élèves. Et malgré son don pour le maniement des armes, elle ne fit que deux ou trois leçons avant de retourner s’entraîner dans la forêt seule, ne supportant pas ses camarades.


 Enfin, si vous ne trouviez la jeune fille ni à la bibliothèque ni dans la forêt, il suffisait de faire un petit tour par les écuries. En effet, Élentir se découvrit très vite une passion pour les animaux. Quelques mauvais parleurs dirent même très vite qu’elle préférait les bêtes aux humains. Ceux qui ne la connaissaient vraiment pas se permettaient d’émettre l’hypothèse que jusqu’à maintenant elle n’avait été élevée que par des bêtes. Toutefois, Élentir ne prêta pas attention aux médisances et passa une grande partie de son enfance aux écuries à aider le maître d’écurie, Iago, et Sancie, la dresseuse. Comme cette activité était considérée comme du travail par l’intendant, elle pouvait profiter du plaisir d’être entourée d’animaux des journées entières. Si au début les tâches étaient trop difficiles pour elle, elle prenait soin du mieux qu’elle pouvait des animaux. Comme sa présence apaisait les bestioles et que le maître des écuries avait remarqué la délicatesse et le sérieux de l’enfant, on la plaça souvent à la surveillance des poulains ou des chiots. La dresseuse, Sancie, commença rapidement à lui montrer certaines astuces pour bien dresser les chevaux, les chiens, et même les faucons dès leur plus jeune âge. Tout le monde s’habitua à la présence de la jeune fille qui ne causait que très peu, mais travaillait avec entrain et sérieux.

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