Chapitre 3

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Cela fais maintenant deux semaines que Luz et Nate sont punis. Papa et maman décident de lever la punition. Il ne reste qu’une semaine avant les grandes vacances. J’ai hâte d’y être car, cette année, nous partons tous en colonie de vacances.

Nous avons aussi reçu nos bulletins du dernier trimestre. Le mien est correct avec une moyenne générale de 14,67 et des professeurs qui disent que je suis un élève sérieux et participatif en classe. Je gagne la mention Compliment.

Le bulletin de Nate est franchement mauvais. Il a 8,95 de moyenne générale et les professeurs le trouve dissipé, pas envie d’apprendre et d’aller à l’école et le qualifie « d’élément perturbateur ». Il hérite d’un avertissement travail et comportement. Genna, Luz et Adam n’ont pas de bulletins car il ne sont pas au collège.

Ma mère nous propose de ne pas aller à l’école comme tout les ans lors de la dernière semaine de l’année scolaire. Mais il est hors de question de rater l’école. Comme certains professeurs ne nous accepte plus en cours, je passe tout mon temps libre à la bibliothèque, à lire, mais aussi à trier et ranger les livres.

La dernière semaine d’école se termine et c’est l’heure des vacances. Comme nous partons tous en colonie de vacances dans une semaine et que nous avons très hâte, sauf Genna qui veux rester à la maison pour étudier, nous préparons tous nos valises dès le dimanche alors que nous ne partons que samedi prochain mais tant pis, en espérant que le temps passe plus vite.

Depuis la fameuse discussion entre papa et maman, je n’ai plus jamais entendu parler de liste ou de chose qu’il faut nous dire et je dois avouer que je suis trop excité pour y penser. Je prends mon carnet gris pour noter et rédiger ma lecture sur Peter Pan. Le livre est incroyable et tellement différent du conte. Sans le vouloir, je retombe sur la page où les questions au sujet de la conversation entre papa et maman sont écrites. Les revoir me trouble un peu car je m’aperçois que je n’en connais pas davantage depuis deux semaines. Mais à vrai-dire, je ne cherche pas à savoir non plus. Je n’en ai parlé à personne car je ne sais pas quoi leur dire. Je n’ai aucune preuve que papa et maman cache quelque chose et personne ne va me croire.

Nate me tire de ma rêverie en sautant sur son lit et embrassant son téléphone qu’il a enfin récupérer.

— Tu regardes quoi comme ça dans ton carnet ? demande Nate, qui doit comprendre que je suis troublé.

— Non rien, je m’apprêtais à faire mes notes de lecture sur Peter Pan et je suis retombé sur une lecture que j’apprécie beaucoup.

— Mmhh… grogne Nate comme si sa question n’attends pas de réponses.

Nate passe l’après-midi dans notre chambre à regarder des vidéos sur les réseaux sociaux. Papa et Maman sont partis faire des courses et ne reviendront pas avant plusieurs heures. Depuis que j’ai revu ces questions, elles tournent en boucle dans ma tête. J’ai besoin d’avoir des réponses.

Je réfléchis à comment je peux deviner ce qu’il nous cache et trouver des preuves. Je décide de jouer le rôle de Sherlock Holmes. J’adore ces aventures. C’est le meilleur détective que la Terre connais.

Une idée me vient en tête mais je décide aussitôt de la chasser de mon esprit. Mon cœur me dis que je dois fouiller la chambre de mes parents et que c’est le seul moyen pour avoir un début de piste. Et ma raison me dit que c’est enfreindre les règles de la maison et que je risque d’être puni à vie si je me fais prendre.

Après de longues minutes, je décide d’aller fouiller la chambre de mes parents.

Je me dirige vers le fond du couloir. Je sens mon cœur et ma respiration qui s’accélère mais je dois découvrir ce qu’il nous cache. Je reste quelques secondes devant la grande porte blanche, puis je prends la poignet de la main droite et la baisse. Habituellement, nous avons le droit d’entrer dans leur chambre uniquement avec leurs accords. J’admire la grande pièce lumineuse pendant quelques secondes puis je décide de commencer à fouiller. J’observe les photos qui sont posées sur la commode, je regarde dans leurs tables de nuit, sous leur lit, je vais même voir dans la penderie de Maman. Dans les films américains, c’est toujours là que se cache les indices, mais là, rien. Rien ne me paraît suspect ni rien qui prouve qu’ils cachent quelque chose. Je ressors de la chambre et referme la porte derrière moi, frustré et déçu de n’avoir rien trouvé.

Personne ne remarque que je sors de la chambre de Papa et Maman. Et tant mieux, comme ça, je ne risque pas de me faire punir.

En revenant dans ma chambre, j’aperçois Nate, assis sur mon lit, avec mon carnet en main. Il me fixe longuement et dit :

— Qu’est ce que c’est que ça ? « Pourquoi doit-on être rayé de la liste »?

Je me précipite vers la porte de notre chambre et m’empresse de la fermer, comme si nous sommes en réunion secrète.

— Tu n’as pas le droit de fouiller dans mes affaires, rends moi ça !

Moi qui est de nature très calme et qui gère bien les intrusions de mon frère dans ma vie privée, là, ce n’est pas possible.

— Pourquoi le titre de ta page c’est « Papa et Maman », et c’est quoi toutes ces questions ? Et d’ailleurs, où étais-tu ?

Je fixe Nate avec un regard tellement noir qu’il a des frissons Je respire calmement pour tenter de me calmer puis j’ouvre la bouche :

— L’autre jour, j’ai surpris papa et maman en train de discuter en bas. Papa disais qu’il ne fallait pas nous en parler, qu’avec un peu de chance, nous serons rayés de la liste.

Nate me regarde comme si je lui raconte une histoire qui fais peur.

— Mais de quoi il parlais ? Tu veux dire que Papa et Maman nous caches quelque chose mais tu ne c’est pas quoi ? C’est quoi cette histoire de liste ? me demande Nate avec un regard d’incompréhension.

— Je pense que Papa et Maman nous caches quelque chose mais je ne sais pas encore ce que c’est. Et je ne sais pas non plus de quelle liste il parlaient. Et je n’ai rien trouvé dans leur chambre.

— Tu as fouillé leur chambre ? demande Nate qui a l’air surpris.

— Oui. Il ne faut parler de ça à personne tant que l’on en sait pas plus.

Au même moment, nous entendons la porte d’entrée s’ouvrir et tous les petits se précipitent dans les escaliers pour aider nos parents à décharger les courses.

Nous sommes samedi et tout le monde se lèvent à cinq heures du matin.

Nous devons être à huit heures trente à la Gare Saint Lazare de Paris qui se trouve à environ deux heures de chez nous. Nous prenons tous notre petit-déjeuner et puis nous partons vers cinq heures quarante-cinq du matin.

Papa conduit le monospace avec maman à côté de lui. La voiture contient huit places divisées sur trois rangées. Luz, Adam et Genna se tiennent sur la rangée du milieu car se sont les plus petits et aussi car maman et papa peuvent leur dire de se calmer sans avoir besoin de hurler. Nate et moi sommes au fond. Nous avons la paix. Je peux lire une BD que maman m’a acheté sans être dérangé et Nate écoute de la musique sans faire de bruit. Une ambiance joyeuse s’installe dans la voiture. Papa monte le son à fond et les petits s’époumonent pour chanter les chansons qui passent à la radio.

Nous arrivons à destination vers huit heures. Papa finit par trouver une place où se garer après presque dix minutes à tourner en rond. Nous sautons tous de la voiture et nous nous dépêchons de récupérer nos valise pour trouver nos bus et partir enfin en colonie. Même Genna est excitée d’y aller. Nous commençons par trouver le bus de Nate. Papa et maman lui font un bisou et le laisse se débrouiller, à sa demande. Puis Luz et Adam découvrent leur bus.

Plein de chevaux et de matériel d’équitation y sont peints. Papa et Maman attendent que Luz et Adam monte dans le bus avant de partir. Adam se met à pleurer car il ne veux plus partir. Il faut cinq minutes avant qu’il accepte de rejoindre sa sœur.

A présent, il ne reste que Genna et moi. Nous tournons en rond dans la gare sans trouver notre bus. Il est déjà huit heures vingts. Notre bus doit bientôt partir. Nous nous mettons à courir avec nos gros sacs de camping sur le dos. Puis nous apercevons, au loin, notre bus. Tout le monde est en train de monter. Nous courons pour ne pas le rater. Nous arrivons devant une monitrice, Abigaël, tout essoufflés. Elle rigole et nous prie de monter dans le bus en glissant nos sacs dans la soute. Un dernier bisou à papa et maman qui ont les larmes aux yeux, un dernier signe de la main à travers la vitre du bus puis celui-ci démarre et c’est parti. Que les vacances commencent.

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