Le commissaire Ling
— Tu vas me tuer ?
— J’en ai eu souvent l’occasion. Une fois de plus, je viens te sauver la vie.
— Je retourne dans mon pays. Je prends un bateau dans deux jours.
— Je le sais.
— Comment est-ce possible ? Je l’ai appris il y a quelques heures.
— Il y a un temps pour s’interroger, un autre pour agir.
— Vas-tu enfin me dire qui veut ma peau ?
— Le fils de Wong Li ! Il a repris la vengeances de son père. Tu as tué un de ses frères. C’était lui, l’homme en noir près du temple. Son père faisait la loi sur le port. Il a des hommes de main partout, y compris parmi les équipages. Si tu embarques sur ce bateau, tu seras mort avant d’arriver en Mer de Chine.
— Que dois-je faire ?
— A minuit, tu profiteras de la relève de la garde. Monsieur Lin laisse toujours sa cape et son chapeau dans le hall d’entrée. Sous ce déguisement, personne ne fera attention à toi. Quelqu’un t’attendra au coin de la rue, près du marchand de soupe. Il te conduira chez l’Autrichien. Tu y passeras la nuit et demain tu partiras avec un groupe de déserteurs qui rejoignent le Diable Blanc. C’est lui qui te fera quitter la Chine.
— Pourquoi ferait-il ça ?
— Il te l’expliquera !
— Mais je ne peux pas…
— Je sais ce qui te tourmente. Celle à qui tu penses doit elle aussi affronter son destin. Si vos chemins doivent se croiser de nouveau, rien ne pourra l’empêcher. il faut que tu partes.
— Et toi ? Pourquoi fais-tu cela ?
— Il est un temps pour les questions, il en est un autre pour les réponses.
A l’extérieur, un nouvel orage grondait. Ils étaient debout l’un en face de l’autre. En tendant le bras, il aurait pu la toucher.
— Qui es-tu ?
Elle inclina lentement la tête. Un éclair illumina la pièce. Lorsque Baptiste rouvrit les yeux, elle avait disparu. Il se rassit sur son lit, la tête entre les mains. Le pion devait se déplacer sur l’échiquier.
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