Lady Méline de Larose

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J’avais la tête pleine de suppositions et l’esprit empli de doutes quant au déroulement de la suite. Assis sur une chaise, devant un bureau de l’une des chambres spacieuses du château de Sir Édouard, je n’avais plus d’autres choix.

Éclairé par la lueur chatoyante d’un cierge, j’écrivais tout ce qui composait, mes cellules, mes mémoires, mais aussi pour clôturer notre relation impossible. Lady Méline de Larose, je repense à nos doux moments, mais l’obscurité béante du crépuscule envahissait mon cœur et la lumière de mon âme, remémorant ainsi mon parcours et une histoire contée pour en conclure une autre.

Cet intervalle, cet interlude, dont la passion et l’amour étaient tissés de fils de soie aux reflets en or blanc, m'avait réveillé d'un long sommeil passé à veiller sur la pierre comme celle que détenait une sirène fredonnant une mélopée digne.

La Mélopée de l’étoile.

Cet air unique qui se composait d'un rythme entêtant, me donnait, à chaque instant force et courage d'inscrire les notes dans la partition de l'étoile. Ce si mineur allant au do majeur m’invitait aux vertus de l’ivresse et de la joie de vivre. Puis j’écrivais un conte fait sur mesure afin de réveiller la Belle endormie.

Alors, qu’en ce moment, je ne faisais que penser à Lady Méline de Larose. Je voulais m’allonger pour ne jamais plus me réveiller, pour ne jamais plus souffrir, pour ne jamais plus ressentir l'horrible douleur que d’aimer. Néanmoins, loin de toi et pourtant si proche de nous, ma Belle endormie. Je resterai, sans conteste et pourtant d'un autre côté : je l’aime encore, avais-je prononcé un timbre plus bas.

Même si seul, je composerai toujours en présence d’une fée et autres muses qui, en ce moment, sommeillent dans leur propre dimension, toujours prêtes, au cas où le malin approcherait trop près du château et surtout de sa Majesté.

De ce fait, je vais vous réciter le parcours, le passé, l’expérience d’une créature ainsi que son lien qui la retient entre vous et moi.

Lady Méline de Larose, restez encore un peu, je vous en prie.

Je sais que vous êtes proche tout comme l’Eternel, vous êtes l’observatrice de ma souffrance que je tente tant bien que mal de coucher sur ce grimoire.

Grimoire à la reliure en cuir noir où s'était gravé une étoile à six branches et d'une lune croissante brillant comme de l'argent. Le genre de couverture qui donnait envie d’ouvrir l’ouvrage, pour en lire les notes. De la même manière que pourrait le faire l'humble profane, mais avec l’objectif d'en apprendre bien plus encore.

Mais, en l’occurrence, là, ce serait pour illustrer le mélange de mes sentiments emmêlé par la foule au-dehors qui n’attend qu’une seule chose, que Sir Edouard, ne s’écroule pour s’emparer de ses biens. Mais ne faisons point de sentiments. Car en cette présent nuit, il y avait une éclipse de Lune, d’où ladite présence de ma fée maîtresse enchanteresse et toutes autres créatures, tout droit issues de la noire vacuité, afin de m’aider à poser cette épopée de Nalya. Et m'aider à écouter la mélopée de l’étoile pour en composer l'histoire véritable.

Celle qui provient des fondements de l’univers d'où en provient la pierre, celle de l’héliophasite. Pierre précieuse rayonnant comme une étoile. Cette présente composition que j’inscris en est les fondations, le prélude bercé par la houle d'un océan de lumière.

Ainsi en était la mélopée de l’étoile. Ainsi en sera l’océan de lumière me projetait sous mon regard, des images fantasques. Et à voir comment se déroulaient les scènes, je restais émerveillé par la qualité des premières lignes que je narrais, comme si cette plume, que je tenais entre les doigts, s’était soudainement enchantée. Et j’entamais ce récit dont le titre s’était inscrit d’un automatisme effarant…

Or, juste avant de commencer à rédiger, j’avais regardé par la fenêtre la nuit étoilée dont l’absence de lune m’avait rendu, un instant, si perplexe que je m'étais mis à repenser une dernière fois à Lady Méline de Larose la femme pour laquelle je composais cette histoire. Je fermais les yeux, triste.

Puis j’effaçai mon ressenti et je pus enfin me replonger dans cet univers mirifique, féerique, fantaisiste. Sous mes yeux défilait l’histoire de Nalya et la première impression que j’eus, à cet instant, fit battre mon cœur si fort que j’en avais récité à voix haute : Il était une fois...

La suite du récit s’écrivait toute seule et l’encre, pourtant noirâtre, après chaque paragraphe fini, devenait lumière accentuant ainsi le côté mystique du conte que voici…

Avant-propos, un flot émotionnel m’avait soudain envahi et je ne pouvais en prononcer la suite. J’avais déposé la plume noire de jais, hésitant encore un peu quant à la trame : la structure m’avait paru sibylline, le temps d’un bref instant. Perplexe, je songeais à écrire à Lady Méline de Larose pour lui présenter mes adieux et lui avouer tout ce que j’avais sur le cœur une ultime et dernière fois.

Mais je ne pouvais me résoudre à tout quitter, à stopper ma lancée, mon rythme, sous prétexte qu’un nuage noir et sans espoir s’était soudainement annoncé en ce milieu de soirée. Ce moment où un vent se mit à hurler de rage, là ou encore l’absence de lumière m’avait presque fait peur, bloqué par la pensée que voici : libre de penser je resterai et aucun autre mauvais esprit ne me fera changer ce que je suis devenu à ce jour : un gardien de la pierre des étoiles.

Je soupirai, soufflai, agacé par les événements qui embrumaient mes profonds sentiments et troublant ainsi la fierté et l'amour croissant que j'avais pour les mots, mais aussi pour elle, silencieuse comme jamais.

Puis, j’entendis de nouveau la mélopée de l’étoile s’annoncer pour me dire ceci : qu’importe les dires, qu’importe les paroles prononcées ou encore les phrases écrites : tu resteras et réciteras, mais dans un océan de lumière.

Alors, j’avais invoqué en prière ma meilleure fée qui apparut sur mon bureau pour me conseiller de changer de cierge, car nombreuses étaient les diseuses de mauvaises aventures autour de château de Sir Édouard. Je relançai ma cadence et pris une autre plume, car, celle que j’avais utilisée était, certes, noir de corbeau, celle du légendaire corvidé de l’Eternel, mais cela ne suffisait pas. Je pris la décision d'en sortir une autre plus mystique.

Celle que je réservais pour l’occasion, mais surtout une plume d’une dualité digne. En repensant à Lady Méline de Larose, j’avais prononcé cela à mi-voix : quoi qu’il advienne, quoi qu’il en soit, faisons table rase du passé. Car l’infâme et odieuse mélodie qui s’annoncera ne sera que haine et mépris. Était-ce bien cela, la réalité, désunir par les dires aussi méprisants que dénigrants, les doutes revinrent pour m’assaillir avant d’inscrire ma première note.

Qu’importe ce chant sinistre, m’avait soufflé la mélopée de l’étoile et plus encore, ils ne savent rien et seront à des années lumières de savoir ce que sera l’amour véritable. Celui qui dépasse l’entendement de la raison humaine. Et la mélopée de l'étoile se fit plus enivrante et incisive encore.

Nul ne peut penser pour toi, tel le mal incarné, sinon isolé tu seras pour l’âme que tu aimes le plus. Alors, je t'en prie, avance et passe outre les préjugés.

Mais c’était ainsi fait et je songeais rêveur à ma Belle endormie dans l’espoir d'en voir, un jour la grâce et de protéger de tout mon amour sa Majesté.

Ainsi le chœur d’harmonie reprit de plus belle et, ce fut doté d’une plume dont l’origine n’était autre que celle du grand et légendaire Phénix où, de ses cendres, renaissaient les âmes des éternelles. J’entendis de nouveau mon cœur battre, m’invitant à revenir à l’objet de mon récit.

Tandis qu’au-dehors, les éléments se déchaînaient simultanément pour que jamais plus je ne compose cette note qui vibre si fort qu’elle enchante les cœurs.

Ces éléments perturbateurs étaient établis de telle sorte que jamais plus je ne puisse élaborer des compositions avec mon encre de lumière et surtout d’en finir.

Malédiction, avais-je pensé en observant cette éclaircie durant laquelle, la Lune m'avait paru soudainement souriante comme jamais.

L’éclipse passait lentement mais sûrement.

Ma fée avait également disparu en même temps que je plongeais ma plume de Phénix dont l’encre cette fois-ci, avait pris une couleur orangée comme celle d’un soleil couchant annonciateur du renouveau, mais aussi de la force de l’espérance.

Celle d’être une âme lumière entourée de l’obscurité et la noirceur d’une nuit passée à songer à tergiverser avec des ombres.

Ainsi, Lady Méline Larose, je penserai encore un peu à toi pour que toujours tu gardes le sourire.

Ceci dit, la mélopée de l’étoile ne me laissai pas en dire davantage.

Je replongeai dans l’océan de lumière avec une encre abrasive sur la page du du grimoire. Et j’aperçus également que le cierge avait été remplacé par la grâce et la magie de ma bonne fée.

Je repris le cours du récit avec des flammes si ardentes que les lettres inscrites prenaient feu, celui que je lui portais dans mon cœur et je terminai cet interlude.

Celui dont l’intervalle silencieux en sera une note parfaite.

Et peut-être qu’après cela, ma Belle endormie me reviendra. Qui sait, personne ne sait de quoi demain est fait, avais-je soupiré avant d'entrer en transe, enivré par les muses de la noire vacuité.

Un nouveau monde, un nouvel univers s'offrait désormais à moi. L'Eternel me liait de ses bras et me préparait une destinée unique avec la Belle endormie.

**** ****

Ainsi commence cette histoire, en déposant délicatement une rose aux pétales de cristal aux pieds de la Belle endormie...

Amicalement,

C. S. del Rosario

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