Chapitre 4: Tension
Près d’une semaine s’était écoulé depuis son échange de regard avec le platine. Près d’une semaine qu’elle s’était querellée ave Aqua pour une simple broutille. Depuis une sorte de tension inconfortable avaient pris place entre eux.
Malgré cela, ils donnèrent le change ont autres. Ont fait comme si de rien n’était. Si leurs tons étaient restés cordial, leurs conversations, elles, sont devenues plus brèves. Et le jeune homme qui lui avait semblé quelque peu curieux, se montrait maintenant plus réservé vis-à-vis elle.
Même si ces événements avaient un peu refroidi leur bonne entente, Marie avait tenue parole et préparé une dégustation de mets cuits.
Rien de bien compliquée ! Simplement un repas composé de viande, de pâtes et de légumes vapeurs. Ce n’était rien d’exceptionnel, mais suffisants pour impressionné le triton, qui toute sa vie n’avait connu que des plats à base d’algues ainsi que des poissons et fruits de mer crus. Des sushis décomposés en somme !
Ce jour-là, la brune avait aperçus des petites étoiles dans ses yeux saphir. Et c’était suffisants pour lui faire regretter cette ridicule embrouille Après tout, Aqua s’était juste inquiété pour elle. Pas de quoi en faire tout un drame!
Seulement les sentiments qui l’avaient envahi cette fois-là. Qui l’avaient obnubilé toute la journée… C’était si puissant, si spéciale. Marie n’avait qu’une envie les gardés pour sa personne. Un vœu égoïste, c’est vrai, elle en avait conscience.
Mais c’étaient tout simplement trop fort pour qu’elle puisse mettre des mots dessus.
Toutes ces pensées virevoltaient comme une tornade dans sa tête. Et en y réfléchissant bien, Marie devait avouer que le garçon avait raison sur un point : ils devaient se faire confiance.
Considérant les conditions pour ainsi dire assez… spéciales de cette école, la confiance sera vitale. Et en s’étant braquer de cette façon pour une simple question, elle pouvait bien paraître suspecte. Alors, dans un coin de son esprit, l’étudiante se promit de présenter ses excuses au triton quand elle le recroisera. Pour sa réaction un peu extrême de l’autre fois…
Dans deux jours, les cours commenceraient. L’université logeant tous ces étudiants, elle leur avait demandé d’arrivé une semaine en avance. Pour se familiariser avec l’endroit et s’installer, disait-il.
La jeune femme avait donc prévu avec la blonde de cette journée-là de passer un petit après-midi entre filles, puisque le courant était bien passé.
La veille, elles avaient décidé au téléphone de se rejoindre dans un petit bistro pour le diner. Ensuite elles prendraient toutes deux le chemin la colocation de son amie.
Pour l’instant, elle était toujours dans sa chambre à se préparer pour sortir. Marie jeta un dernier regard aux aiguilles de son réveil Hello Kitty un peu abimé par le temps –elle le possédait depuis ses cinq ans, alors… Midi vingt-sept. C’était l’heure d’y aller !
La demoiselle fouilla rapidement dans son sac bourgogne pour s’assurer qu’elle avait tout. Puis, s’observa brièvement dans le miroir.
Tout était en ordre : Son chandail en laine bleu et ses jeans noirs la couvraient suffisamment pour pallier au léger froid de ce début d’automne. Ses cheveux marrons, eux, était retenue en une queue-de-cheval par un chouchou de la même couleur que son haut.
Elle put donc enfin quitter la pièce et se dirigea d’un pas vif vers la porte d’entrée. Cependant, à l’instant où elle allait l’ouvrir, une voix grave et froide l’interpella. À son entende, un frisson de frayeur parcouru sa colonne vertébrale, croyant qu’elle appartenait au démon.
Heureusement, il ne s’agissait que d’Iosif !
Pendant cette semaine, Marie s’était rapproché de lui. Ou du moins, ils s’étaient côtoyés, lisant dans la petite bibliothèque, permettant à la jeune fille de fuir l’homme-poisson.
Ils ne se sont pas vraiment parler durant cette période, mais suffisamment pour que le slave ne lui paraissent plus aussi impertinent. Il était simplement froid.
Le russe tenait sa tignasse attachée en chignon avec quelques mèches rebelles encadrant son visage. Son accoutrement, lui, était tout aussi strict qu’à leur première rencontre, malgré une petite liberté. En effet, il avait troqué le haut de son uniforme par une chemise au motif militaire.
Sortant de sa contemplation, Marie lui demanda poliment ce qu’il souhaitait.
-Je pourrais te parler deux minutes, ce ne sera pas long.
Il n’y avait rien de détestable dans sa voix, au contraire, elle était assez neutre.
Même si la donzelle se demandait ce dont il voulait lui parler, elle dut lui répondre avec regrets :
-Excuse-moi, mais je dois partir et je suis un peu pressée. Est-ce que ça pourrait attendre mon retour ?
Son intonation trahissait son impatiente de partir et de fait c’était le cas. Elle avait beau avoir pris un peu d’avance, Marie ne voulait pas recommencer l’expérience de la forêt alors qu’elle était attendu. Pas maintenant en tous cas.
Cependant, ne voulant pas en rester là, le jeune homme persista.
Cette fois-ci, son intonation se fit plus ferme et son regard inquisiteur, cherchant la moindre faille. D’une démarche féline et gracieuse toute en restant légèrement brute, il avança.
Pas assez pour sembler constituer une vrai menace –même si de tels yeux rouges vifs ne pouvaient clairement pas êtres humains-, mais suffisamment pour démontrer qu’il était sérieux.
-C’est important. Je te promets de ne pas te retenir longtemps, seulement deux petites minutes, insista Iosif.
En prononçant ces mots, son regard croisa celui de Marie. D’un éclat surnaturel, ses prunelles brillèrent, leurs donnant une allure presque… dangereuse.
À cette vision, la jeune fille fut hypnotisée. Un peu comme quand elle avait croisée le regard de l’inconnue au parc. À l’exception près que le ressentis était différent. Ce jour-là, elle avait eu l’impression d’avoir trouvé une partie d’elle qui lui manquerait, d’être enfin un tout. Là elle avait l’impression que son esprit était en otage. Voyant que le vampire n’abandonnerait pas, Marie soupira :
-Tu veux bien me laissez un instant, s’il-te-plait ? Que je puisse prévenir Katia d’un possible léger contretemps.
Il hocha la tête et tourna son regard afin de lui laisser un peu d’intimité. La demoiselle, quant à elle, sortit sont cellulaire de son sac et fit ce qu’elle avait à faire.
-Et voilà ! Que voulais-tu me dire, Iosif ?
-Tu sais comme moi comment la choses se passes dans cette université, souffla-t-il. Il attendit qu’elle confirme puis continua, dans ce cas, sois prête le soir de la rentrée, car je commence à avoir faim. Et disons que ce n’est pas du sang de frigo qui réussira vraiment à me rassasier. Ça dépanne, au mieux, conclu-t-il sur une tentative d’humour.
Par la suite, Iosif parti à vitesse vampirique sans demander son reste, ce qui frustra un peu la jeune femme. Il l’avait retenue alors qu’elle était littéralement sur le point de partir pour une broutille qu’il aurait pu lui demander dans la soirée pour s’enfuir comme un voleur après ! Sans même lui demander si elle était disponible ou si elle n’avait pas de projets ! C’était un peu malpolie selon elle.
Enfin… Marie savait que le slave pouvait être assez froid donc elle ne lui en voulait pas vraiment. Du moins pas trop ! Elle ne s’en fit donc pas trop avec ça et pris la route vers le petit restaurant.
L’endroit sobrement appelé « La taverne elfique » dégageait une paisible et réconfortante chaleur. On s’y sentait comme chez soi. On trouvait même, au fond de la pièce, un rustique piano à queue, disponible à qui voudrait y jouer un morceau.
Elle se permit donc, après quelques observations, de s’asseoir à une table pour deux, en attendant son amie. Le simple fait d’arriver en avance et non en retard, après s’être perdue deux ou trois fois, suffit à égayer sa journée.
Pour patienter, la jeune fille commanda un café et se mit à feuilleter le journal étudiant. La revue comprenait les nouvelles du campus et celle mondiale, humaines comme surnaturelle.
Tellement absorbé dans sa lecture, elle ne se rendit pas immédiatement compte de la présence de Katia. La blonde dut lui tapoter l’épaule pour la faire émergé.
-Oh ! Excuse-moi, tu disais ? s’exclama-t-elle, surprise et désolée de son manque d’attention.
-Rien d’important, t’inquiètes, lui répondit Katia en secouant l’air de sa main. En s’asseyant sur la chaise libre, elle ajouta, juste le genre de blague qui font rire personne et tout le monde.
Cette remarque eue pour effet de tracer un léger sourire sur le visage de la québécoise. Enjoué et curieuse, elle lui demanda, en riant un peu :
-Alors, comment c’est passé ta semaine ? Tes colocs ne sont pas trop terribles ?
-Bof…soupira sa voisine de table. Disons seulement qu’ils sont surprotecteurs et que c’est légèrement énervant par moment.
La Stone ne sembla pas trop sûre d’elle et paraissait hésiter sur la fin de sa phrase.
-Comment ça ? la brunette était interloquée. Que voulait bien dire la blonde –exactement- par surprotecteur ?
Suite à quelques secondes de réflexion, sa question eue une lasse réponse :
-Disons que j’ai débarquée dans une baraque remplie d’anges ! Et quand je te dis qu’ils sont surprotecteurs, je veux dire qu’ils sont pires que mes vieux ! Je n’ose même pas m’imaginer ce que ce sera au début des classes !
Pour être honnête, Marie n’écoutait plus vraiment. À dire vrai, elle était restée figée à la première déclaration de Katia. Heureusement d’ailleurs que son café était fini, car sa gorgée aurait probablement été recraché.
Après tout, que faisaient donc des anges ici ? C’était bien une université pour ange ici, hein ? Et un ange n’était pas un monstre si, ou elle avait raté le message ?
Elle la regardait choquée, les yeux écarquillés et la bouche entre-ouverte. Devant sa mine perdue, la blonde souffla, non pas sans s’être gentiment moquée au passage :
-Question de géopolitique et de neutralité de territoire. Je n’ai pas cherché plus loin. Et toi, avec qui aura tu l’honneur de cohabiter cette année ? s’exclama-t-elle, changeant un peu de sujet.
La montréalaise eue un petit soupir de compréhension. Puis, elle répondit un peu blasée, ne partageant visiblement pas le même enthousiasme :
-Bof… disons simplement qu’ils sont assez spéciaux….
Un petit quelques choses sur le visage de Katia lui indiqua qu’elle en avait peut-être un peu trop dit. Rectification, elle en avait un peu trop dit. Effectivement, cette dernière arborait un grand sourire qui peinait à cacher une dégoulinante curiosité. En fait, il ne la cachait pas du tout.
C’est donc résignée que Marie, à sa question muette, répondit :
-Un triton, qui, honnêtement, semble assez jeune, ce que je pense être un vampire. Et… elle ne sembla pas certaine de de vouloir finir sa phrase. Néanmoins la donzelle se résolut à être honnête et conclu, un démon.
-En parlant de triton, il en avait pas un qui s’est présenté comme membre d’une trinité sirénique ?
-Oui, c’est Aqua, celui que tu as rencontré au parc l’autre jour ! gloussa Marie, un brin d’amusement dans la voix.
-Tu t’entends bien avec lui ? questionna Katia, intéressée.
-Ouais. C’est un peu tendu en ce moment à cause d’une petite friction, mais ouais, on s’entend bien.
La seconde ne pipa mot, interloquée. Une petite friction ? Ça avait l’air de bien aller la dernière fois pourtant. Sa curiosité la brulait de l’intérieur, mais elle rongea son frein. Elle ne se connaissait de toute façon pas assez, selon les conventions sociales, pour qu’elle puisse prétendre au titre de meilleure amie –ni même vraiment d’amie. L’empêchant ainsi de poser toutes ces questions.
Suite à cette réflexion, elles reprirent la conversation et décidèrent de payer leur consommation, puis de partir.
Il ne leur prit qu’un petit quart d’heure pour se rendre chez la blonde. De l’extérieur, la demeure ressemblait à ses semblables. Mais de l’intérieur, c’était une tout autre histoire.
L’habitation était décorée dans un style rustique et semblait habitée par une grand-mère, avec, toutefois, une petite touche de modernité. Sur un des murs de la cuisine, une croix chrétienne restait là, suspendue.
-T’aimes la déco ? interrogea la locataire, mais elle n’eue pas de réponse. Marie ?
Tout comme une semaine auparavant, Marie resta figée.
Le jeune homme ayant provoqué tous ces chamboulements en son âme et conscience était là. À nouveau. Lisant tranquillement un livre de poésie.
Toutes les sensations l’ayant envahi étaient de nouveau présentes, la tourmentant encore et encore. La poussant à aller le voir.
Et en fixant de nouveau ces yeux de neiges –plus de quelques secondes cette fois ci- elle sut qu’il ressentait également toutes ces choses.
Inconsciemment, Marie se demanda, pria son Dieu même, ce qu’il lui arrivait.
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