Tu commençais enfin à faire tes nuits. Je pouvais souffler un peu, même si les journées n'étaient pas de tous repos. Tu commençais également à grandir, peut-être trop vite à mon goût. Il faut dire que j'avais du mal à te suivre, petit coquin. Et là, déjà, de nouvelles peurs se mettaient en travers de ma route. Bon, le fait que des gens te comparaient à d'autres enfants de ton âge ne m'aidait pas non plus. Au contraire, j'avais même la pression et pensais ne rien faire comme il faut.

Mes premières craintes étaient que tu ne parviennes pas à t'asseoir sans tomber, marcher à quatre pattes ou que tu te mettes à parler tardivement.

Avec quelques séances de kiné, tu as réussi à me surprendre et me rendre fière de toi. Tu te tenais correctement assis et tu faisais du quatre pattes. Enfin, tu utilisais tes coudes plutôt que tes mains, mais tu te débrouillais bien. Concernant la parole, tu commençais à dire tes premiers mots, mais là encore, on me mettait la pression. Soi-disant que ce n'était pas normal de ne pas faire de phrases complètes. Peut-être que certaines personnes voulaient déjà que tu leur fasses un monologue et une dissertation à environ 1 an.

Je ne comprenais pas. On me donnait des conseils que je n'avais pas demandés et, à cause de ça, je culpabilisais de ne pas faire les choses bien. Oui, certains conseils étaient utiles, mais d'autres me faisaient penser que je n'y arriverais jamais. On me reprochait même mon attitude envers toi. Comme quoi j'étais beaucoup trop protectrice avec toi, que j'allais être une maman poule.

Excusez-moi d'avoir eu une mauvaise mère qui n'en avait rien à foutre de ma tronche et de celles de mes soeurs. Jamais de câlins, jamais de bisous. Aucun moment de partages, de rire, d'amusement, de tendresse et surtout pas d'amour, ni de respect.