Sandy leva le nez de sa tablette lorsqu’elle entendit la sonnette indiquant que quelqu’un était entré dans sa boutique, elle allait enclencher un « bonjour » bien commercial lorsqu’elle reconnut Madame Mère qui venait vers elle.

Souriante, elle engagea la conversation avec Sandy.

— Bonjour Sandy, comment se passent les affaires pour toi ?

— Bonjour Marianne, les affaires vont bien, merci. Tu es venue pour faire du shopping ?

— Oh, oui, un peu… Je viens surtout me changer les idées.

Sandy regarda autour d’elle, il n’y avait pas d’autre client, elle pouvait discuter avec Marianne.

— Dis-moi, Marianne, tu étais à la Grand-Place hier après-midi, non ? J’ai cru te reconnaitre.

— En effet, j’y étais …

— Tu étais là… Pour prendre l’air ?

— Aussi… Oui, ça fait du bien de sortir de chez soi.

La voyant tourner autour du pot, Sandy proposa d’entrer dans le vif du sujet.

— Allez, viens-en au fait ! Que veux-tu savoir ?

Marianne sourit franchement puis commença à assouvir sa curiosité.

— Qui était-ce, à côté de toi et Marcelle ? J’ai cru comprendre que Sébastien était en couple.

— Effectivement, c’était sa compagne, Valentine qui était avec Marcelle et moi. Qui t’as appris la nouvelle ?

— Axel… Comme je m’en méfie, je préfère vérifier… Il m’a dit qu’il s’agissait d’une ex à lui, c’est quoi cette fille ?!

— Ok ! Bon, soyons juste, effectivement Valentine était en couple avec Axel, ils sont restés quatre mois ensemble et c’est elle qui a rompu parce qu’Axel l’a trompée… De ce que j’en sais, elle est même tombée sur lui au lit avec sa maîtresse, tu vois le genre !

Marianne cligna plusieurs fois les yeux et répondit sur un ton ironique.

— Oh oui, je vois le genre, tout à fait celui d’Axel.

Elle soupira puis demanda, sur un ton assez caustique,

— Et quoi ? Elle s’est dit : « pourquoi pas le cousin » après, c’est ça ? Ou alors c’est pour rendre la monnaie de sa pièce à Axel ?

Un rien agacée par les préjugés de Marianne, Sandy lui répondit sur un ton las,

— Mais non Marianne, ça, c’est ce qu’Axel voudrait que tu croies ! Il n’arrête pas de la harceler pour qu’elle revienne vers lui, il ne digère pas qu’elle ait rompu.

— Oui, mais bon, deux mois après elle se jette dans les bras de mon fils, c’est quoi ? Une intrigante ?

— Mais non !

Sandy hocha négativement de la tête en soufflant,

— Marianne, non… Justement, elle n’osait pas… Et Sébastien non plus ! Ils s’étaient liés d’amitié durant la brève relation qu’elle a eue avec Axel, Sébastien en était amoureux depuis leur première rencontre, mais tu le connais, il n’a pas osé le lui dire. Et de son côté, Valentine avait peur qu’il ne la voie comme une garce de passer d’un mec à l’autre comme ça si elle lui déclarait son attirance pour lui après la rupture avec l’autre.

— Et quoi ? Comment ça s’est fait alors ?

Sandy eut un grand sourire et lui expliqua,

— Ben… C’est Marcelle qui a arrangé le coup.

— Ma sœur ?

— Oui, elle avait capté avant tout le monde que ces deux-là seraient très bien ensemble et elle a un peu forcé le destin lors d’un barbecue.

Marianne sembla réfléchir puis demanda,

— Cette Valentine, Marcelle la connaît bien ?

— Oui, elles sont restées en contact malgré la rupture avec Axel, Marcelle l’adore, tu devrais les voir ensemble ! … Mais, suis-je bête, tu les as vues ensemble hier !

— Oui, elles semblaient, comment dire, « complices » ?

— Elles le sont, elles s’apprécient vraiment mutuellement.

— Mmh…

— Quoi ? Il y a quelque chose qui te dérange, je le sais, qu’est-ce que c’est ?

Marianne soupira,

— Et mon fils, il est comment ? Et elle, elle sait pour vous deux ?

— Elle est parfaitement au courant de notre histoire, Sébastien lui a tout expliqué et c’est lui qui lui a proposé de me rencontrer.

A la fois surprise et sceptique elle lança,

— Et elle a dit oui ?

— Pas directement, mais Sébastien lui a expliqué que cela pourrait l’aider à comprendre certaines choses et finalement, elle a accepté. Et Marcelle s’en est mêlé pour accélérer la rencontre, tu connais ta sœur.

— Oui, je la connais, elle rêve de voir Sébastien casé…

— Et toi non ?

Sur un ton sarcastique, elle répondit à Sandy,

— J’en rêve aussi, mais pas avec n’importe qui ! Le fait qu’elle soit passée par Axel, cet abruti, me fait me poser des questions sur les capacités de cette fille ! Je n’ai pas envie que mon fils se retrouve coincé avec une cruche.

Heurtée, Sandy lui précisa,

— Merci pour la cruche, mais je te rappelle que je suis, moi aussi, passée par la case « Axel » !

— Oui, mais c’était « après » Sébastien…

Sandy souffla bruyamment.

— Bon, tu veux lui trouver tous les défauts de la terre, c’est ça ? Tu ne la connais même pas et tu te permets déjà de la traiter de cruche !

— Bon, allez, dis-moi, je vais tenter de rester objective… Elle fait quoi dans la vie ?

— Elle est infirmière et vient de passer prof dans une école d’infirmières. Elle supervise des stages ici à Mons, c’est comme ça qu’elle est tombée un soir sur Marcelle et qu’elle l’a aidée quand elle s’est fait une entorse en ce début d’année et que son histoire avec Axel a commencé.

— Et quoi, elle donne cours de pédiatrie ? Elle va superviser les stages chez les cancéreux ?

— Euh, non, elle s’occupe de la psychiatrie, je crois.

Marianne eut un petit rire et lança,

— Ah… Elle doit avoir un grain alors !

— Mais enfin Marianne…

— Je rigole Sandy, je rigole.

— Ah, je ne l’avais pas remarqué, ce devait être un rire interne alors.

— Tout à fait.

— Sébastien est bien avec elle, je t’assure, il rayonne quand elle est à proximité ou quand il parle d’elle.

— Oui, enfin, c’est encore récent aussi, cette histoire, attendons de voir le quotidien…

— Bah, écoute, là, elle est chez lui depuis hier et le weekend, il va chez elle. Bon, ce n’est pas encore un couple à temps complet, mais ça commence à y ressembler.

Marianne eut un petit sourire qui ne remonta pas jusqu’à ses yeux,

— J’attends leur première dispute.

Sandy ne sut que répondre, Marianne se remit en mouvement et lui dit,

— Eh bien, sur ce, je vais continuer mon shopping dans la rue commerçante, je te laisse, passe une bonne journée, Sandy !

Elle lui fit la bise puis Sandy se retrouva seule,

— Bon ben, ce n’est pas gagné, Valentine…