Constats fraternels
Une fois leur tante Annie partie, Grégory souffla et Valentine se jeta sur le divan. Grégory se lança,
— Pfff ! Le puzzle prend forme, non ?
— Oui… Je… En fait, j’ai dû recevoir de l’amour maternel de sa part.
Valentine se fit songeuse, Grégory confirma,
— Oui Val, tu as dû recevoir de l’amour de sa part et je crois que c’est grâce à ça que tu as pu vivre malgré maman ; tu as reçu une bonne base.
— Mmh…
— Val ?
— Quoi ?
— Qu’est-ce qui te traquasse sœurette ? Je vois qu’il y a un truc.
Valentine s’étala encore plus dans le divan puis lui dit,
— Ouaips… Il y a bien un truc qui me chipote, Greg.
— Et ? C’est quoi ?
Elle se rassit pour lui faire face,
— Une envie de maternité entachée de beaucoup de craintes.
— Oh, très joliment dit, mais encore ?
— Avec Seb, on n’en a pas encore très clairement parlé, mais je sais qu’il veut des enfants, on est tous les deux des trentenaires maintenant et vu mon vécu avec maman, j’ai peur de ne pas pouvoir être une bonne mère, Greg.
Grégory roula de grands yeux puis lui balança,
— Mais arrête Val, je suis sûr que tu seras une bonne mère et que tu aimeras tes enfants comme tante Annie t’a aimée et sauvée de maman.
Valentine soupira,
— C’est ce que je me dis, surtout après ce qu’elle nous a appris ce jour, ça… Ça change la donne, tu ne trouves pas ?
— Oui, elle nous a donné des moments de bonheur ; comme quoi, tout n’est pas pourri du côté maternel.
Il se tut, regarda sa sœur et lui dit,
— Valentine, j’estime que tu es tout à fait apte à être une bonne mère, mais toi, tu en penses quoi ? Et Seb ?
Elle pinça ses lèvres puis lui avoua,
— J’ai peur de ne pas pouvoir être chaleureuse avec un enfant… Tu sais, comme maman est avec moi.
Elle se tut puis reprit,
— On n’a pas eu beaucoup de bébés autour de nous, je n’ai donc pas vraiment pu m’initier à ça, et à l’hôpital, les enfants que j’ai croisés en pédiatrie étaient des enfants malades, pour lesquels je devais faire des soins… Je n’ai pas aimé ces stages ; j’avais trop peur de leur faire mal.
Il lui tapota l’épaule et lui conseilla,
— Val, parles-en à Seb.
— Je sais, je devrais, mais ce n’est pas facile. J’ai peur que cela ne le fasse fuir.
— Aah Val ! Stop ! Il t’aime et il est parfaitement capable d’entendre tes craintes et tes angoisses.
Elle le regarda, un peu étonnée,
— Quoi, vous en avez parlé ? Il parle de moi comme ça ?
Il eut un sourire franc lorsqu’il lui répondit,
— Nous parlons aussi entre mecs, oui, et pas que de voiture ! Et, non, il ne parle pas de toi comme ça, là c’est moi qui le dis, il est aux petits soins pour toi, depuis qu’il a appris pour les gestes de maman à ton égard, c’est lui qui est tracassé de ne pas savoir t’aider.
Fronçant les sourcils, elle lui rétorqua,
— Mais… Non, il gère tout super bien… Il est super à l’écoute… Il est génial.
— Parce qu’il ne veut que ton bonheur.
Valentine soupira en souriant,
— Oh Greg, j’ai tellement envie d’être heureuse, que tout se passe bien pour une fois dans ma vie !
— T’es sur le bon chemin, non ?
Elle acquiesça,
— Oui… C’est clair ! Et toi, vous en êtes où, côté bébé ?
— Bah, on essaye.
— Ça va, ce n’est pas trop compliqué ?
— Non, pour le moment ça nous amuse… J’espère juste qu’elle sera vite fécondée, ça ne fait que deux mois qu’on essaye.
Enjouée, elle lui lança,
— Oh oui, faites-en un vite, comme ça je pourrai voir comment je réagis avec un neveu ou une nièce !
— Eh oh, ça va là ! Les fournisseurs de tata Val ont besoin de soutien pas de pression s’il te plaît ! Ça arrivera quand ça arrivera… Mais j’espère dans pas trop longtemps.
— Je l’espère pour vous aussi.
Ils se quittèrent contents d’avoir appris des choses positives et leurs liens fraternels renforcés.
Annotations
Versions