Défi 4 #DefiEcritureSexy
de Ayme Ceh Kah
- Ainsi, Schopenhauer décrivait la volonté comme étant la « chose en soi » cachée dans la profusion des phénomènes, elle est l'essence intime du monde…
Je n’écoutais pas le cours de philosophie et ne prenais même pas la peine de cacher mon ennui. J’avais décidé de m’installer à une place stratégique – au fond du fond de la classe – afin que personne ne remarque que je piquais sérieusement du nez.
Encore deux heures et quarante-quatre minutes et je pourrai enfin respirer. Encore fallait-il survivre aux deux heures et quarante-quatre minutes.
La seule chose intéressante dans tout cet enfer ? Lui. Dispensant le cours. Il était juste trop… trop, quoi. Trop parfait. Mon fantasme absolu. Une grande taille. Une mâchoire carrée. De beaux yeux bleus pénétrants. Des pectoraux saillants sous sa chemise blanche serrée. Un sourire Colgate. Des cheveux blonds comme les blés.
Toute à ma contemplation de ce dieu grec, je ne le remarque pas me regarder avec un air désapprobateur, son livre de cours dans les mains.
Merde. Grillée.
Je me ressaisis très vite et m’empare de la première chose qui me tombe sous la main. Un crayon à papier. Foutue pour foutue, ça fera l’affaire. Je fais mine de prendre des notes avec trop de zèle pour être honnête. Il a l’air satisfait et reprend sa tirade.
Tout en faisant semblant d’être la plus assidue du monde, je me remets à le dévorer des yeux.
Putain. Il est vraiment trop beau.
Pourquoi devons-nous faire semblant ?
Pourquoi est-il si froid avec moi, si distant, si sec ? Alors que lorsqu’on est tous les deux, je découvre un homme tendre, attentionné, passionné… la relation prof-élève est taboue, dit-on… Je comprends pourquoi. Je sais pourquoi. Mais ça me tue. Son attitude glaciale envers moi me tue.
Je sens des millions de papillons voler dans mon estomac. Mon stupide cœur bat la chamade et je ne parviens pas à me calmer. Ma main tenant le crayon tremble de plus en plus. Mon bas-ventre pulse. Je me sens me liquéfier sur mon siège.
Je n’en peux plus, j’ai de plus en plus chaud. Ce con continue de parler de sa voix suave et parfaitement irrésistible. Il pourrait nous donner une recette à base de cendres végétales que je l’écouterais tout de même, sans me lasser. Je le vois parfois me lancer des regards discrets. Mais il sait bien jouer à l’indifférent, ce con. Personne ne faisait attention à moi, j’ai l’impression de perdre pied, de me laisser engloutir par mon désir. Par mon désir et mes souvenirs.
Pleine nuit.
La salle de classe totalement vide.
Moi, avachie sur son bureau. Offerte.
Lui, à genoux devant moi. Ses lèvres charnues et pulpeuses déposant une pluie de baisers sur ma cheville, puis mon mollet, puis de plus en plus haut, jusqu’au point de convergence. Il mordille ma peau, l’aspire
Je jette ma tête en arrière. La chair de poule. Lui qui ne me quitte pas des yeux. Je suis piégée dans son regard bleu acier. Ces sensations nouvelles qui m’excitaient autant qu’elles me faisaient peur.
Je me retiens de pousser un gémissement en me mordant l’index. Personne n’avait l’air d’avoir remarqué à quel point je n’étais pas dans le même plan d’existence qu’eux. Le prof lui-même ne remarquait rien. Schopenhauer de mes deux, va.
Je ne m’aperçois pas que le crayon que je tenais dans ma main descendait plus bas, jusqu’à mon jardin secret trempé par l’excitation.
Il écarte mes jambes avec douceur, comme s’il ouvrait un écrin contenant une rivière de diamants. Je ne réponds plus de rien. Je sens sa langue de velours s’activer sur mon bourgeon. Je m’entends haleter bruyamment. Ses mains puissantes me malaxaient les fesses sans relâche.
Il refuse de perdre le contact visuel avec moi. Il scrute la moindre expression, la moindre mimique de ma part. Sa langue va de plus en plus vite. Je gémis plus fort encore. Sa main droite cesse de me torturer le postérieur. Il s’arrête un instant de flatter mon petit bouton. Je le vois humidifier son index et son majeur. J’inspire. Je vois ses deux doigts effleurer le seuil de mon intimité avant d’être engloutis. Je cesse de respirer.
Dieu merci que je suis en robe.
J’enfonce profondément ce crayon dans mon antre et fais de mon mieux pour ne pas me trahir. Il continue de parler. Il me jette un regard interrogateur, comme s’il comprenait ce que je faisais. Mais j’étais déjà repartie dans mes souvenirs. Je mords mon index encore plus fort.
Ses mouvements de va-et-vient allaient en s’accélérant. Il s’était remis à me lécher, à me dévorer comme si j’étais une délicieuse friandise. Je ne retenais plus mes gémissements lascifs. Je l’entends pousser des gémissements étouffés. Le monde autour de moi se distend. Je me sens lourde et légère à la fois. A mesure qu’une vague commençait à déferler sur moi. De plus en plus fort. Je mets ma main dans ses cheveux blonds pour l’inciter à y aller plus fort. Je ne pouvais pas lutter. La vague s’approchait de moi, menaçante et victorieuse. Je sens que je touche quelque chose du doigt. Je décide de me laisser porter. Je sens mes muscles se contracter et palpiter. Puis le sentiment de vide qui m’habitait a disparu, subitement, remplacé par le bonheur le plus pur, le plus parfait.
Je ne me suis pas entendue crier. Je flotte dans un monde inconnu et totalement merveilleux. Tout simplement transportée.
- Un problème, Mademoiselle ?
Le retour sur Terre était brutal. Je m’inflige une claque intérieure et reviens dans le monde des vivants.
Il me regarde, perplexe. Tous mes camarades avaient les yeux rivés sur moi et m’observent comme un troupeau de vaches observaient un train passé.
Je hoche la tête, transpirante, hésitante, mais heureuse.
A l’abri des regards, je le vois me sourire, lui aussi.
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Rendre sensuelle une chose banale grâce aux sentiments | Chapitre | 0 message |
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