Chapitre 2
Je cesse de fixer le tableau de bord et lève les yeux.
Mais...c'est le chemin de la rivière. Liahn sort de la voiture, alors je l'imite. Il se met en marche et nous entamons notre petit périple jusqu'à la rivière. Il nous faudra bien vingts minutes avant de la retrouver.
Je m'en souviens encore. Nous avions peut être 8 ans quand nous avons découvert ce petit coin de paradis. De l'eau claire et parfaitement transparente. Une plage d'herbe verte et une petite cascade qui tombait du haut d'un énorme rocher. Un havre de paix. Personne n'y est jamais venu à part nous. Enfin, c'est ce qu'on se disait étant enfant !
Nous y sommes. Et en fait, rien n'à changé. Peut être que personne n'y est jamais venu finalement...
La voix de mon ami reprend alors je pose les yeux sur son corps qui s'étire pour retirer son haut.
« En fait ce rocher et moins grand que dans mon souvenir. »
Je hoche la tête et regarde ailleurs. Il nous arrivait de nous baigner en caleçon à l'époque quand on oubliait nos maillots. Mais nous ne sommes plus des gosses. Et mon regard sur son corps a bien changé...
« Tu te déshabilles pas ? Tu peux pas te baigner habiller, ça serait trop galère pour sécher les vêtements après. »
Je ne répond pas et garde mon regard le plus loin possible de sa peau découverte. Il s'avance alors je fixe un point sur son visage pour ne pas être tenté de regarder sa silhouette musclée...
Ses doigts de pianiste se posent sur le col de mon t-shirt gris. Puis ses lèvres lisses murmurent à quelques centimètres de mon visage :
« Elio, je sais que tu n'as pas eu la vie que tu méritais. Et je comprends que tu n'est plus envie de te battre. Mais je refuse de te laisser faire sans essayer de te contrer. »
Ca ne sert à rien. Ma décision est prise depuis bien longtemps. Il continue en laissant glisser ses mains jusqu'au bout de mon haut :
« Mais laisse moi quelques heures. Laisse moi une soirée et une nuit complète pour te faire changer d'avis. Après ça, je n'interviendrais plus dans tes choix. »
Tu mens Liahn. Tu interviendra quoi qu'il arrive. Tu es comme ça, pas du genre à laisser tomber.
Ses beaux yeux parcourent mon visage à la recherche d'une quelconque réaction. Mais à cause de mon cœur qui bourdonne à mes oreilles, je n'arrive pas à réfléchir. Est ce que je peux faire ça ? Remettre en cause la valeur de toute ma vie parce que, lui, me le demande ?
« Elio, je t'en prie. Je ne veux pas te perdre. »
Son regard se remplie de milliers de larmes qui menacent de s'échapper en cascade. Alors je soupire et retire mon haut en le contournant. Je jette mes dernière fringues et entre en caleçon dans l'eau froide. Mon ami me suis en essuyant ses larmes.
Je m'assoie et colle mon dos à un rebord plus ou moins plat. Liahn s'installe face à moi.
Puis son regard parcours mon corps à moitié immergé. Un peu rouge je lui demande :
« Pourquoi tu as tenu à venir ici ? »
Mais il ne répond pas. Il a bien compris que ma question était creuse et qu'elle me servait juste à esquiver ce qui allait suivre. Alors il enchaîne sur autre chose :
« -Et dire qu'avant l'eau nous arrivait à la taille, debout. On a bien grandit hein ?
-Oui.
-Donne moi tes mains. »
Je soupire et lui tend mes bras. Il s'approche et s'assoit en tailleur entre mes jambes écartées.
Il est de plus en plus près...
La gorge serrée je tente d'oublier ses gestes qui risquent d'arriver à leur fin.
« Putain Elio...tu as vu l'état de tes avants-bras ? Je croyais que tu avais arrêté...
-J'ai arrêté un moment.
-Te fou pas de moi, celles-la sont hyper ressente.
-Pas tant que ça.
-Et dire qu'on se voit presque tous les jours et que tu continues ouvertement de te faire du mal.
-C'est peut être que tu ne m'apporte plus ce dont j'ai besoin. »
Là il se fige. Merde. J'ai été trop cru je crois...
Liahn lève des yeux rouges vers moi et demande en contenant sa haine :
« -Tu as dis quoi ?
-Pardon... J'aurais pas dû le dire comme ça.
-Et qu'est ce que je ne t'apporte pas hein ?! »
Son ton est monté d'un coup. Alors je serres mes poings et tente de rectifier le tire :
« Je veux dire que mes sentiments pour toi ont changés, mais pas les tiens, alors je ne me sens pas comblé. »
Sa colère s'envole et il me demande d'une voix brisée :
« C'est à cause de moi que tu veux en finir ? Parce que je ne t'aime pas comme tu le voudrait ?
-Pardon c'est tellement égoïste. Oublie ce que je viens de dire s'il te plaît. Il me reste tellement peu de chose...je devrais pas tout te faire assumer. Désolé, c'est pas de ta faute.
-Elio...
-En fait, il ne me reste plus que toi.
-M-mais je suis toujours là, alors pourquoi tu abandonnes ?
-Je te l'ai dis.
-Non, pas vraiment. »
Je soupire et fait pivoter mes mains pour prendre celles de Liahn.
Je voulais pas en arriver là. Ça va rendre les adieux encore plus dur...
...ou les raccourcirent promptement.
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