Chapitre 6
Lianh répond enfin à leur attente.
Il dit d'une voix claire, presque fière :
« En fait, je ne vous l'ai jamais dit mais aujourd'hui je voudrais être sincère. Je suis gay et amoureux de Elio. »
Je contracte mes épaules à l'entende de mon prénom. Il a tout dit d'un coup ! C'est trop cru pour sa famille ! Ils sont pas près !
Presque tout de suite, Marie-Hélène se lève et hurle en même temps que d'autre personnes :
« Comment ?! »
Elle pousse sa chaise et continue en faisant le tour de la table pour nous rejoindre :
« Tu plaisantes Liahn, j'espère ! »
Poussé par un élan de courage, je me lève à mon tour pour me mettre entre Liahn et sa tante. Marie-Hélène cri en me faisant face sans une once de peur dans le regard :
« Pousse toi, Elio ! »
Je ne dis rien, je sens mes jambes trembler, mais rien y fait, je ne bougerais pas ! Alors Marie-Hélène crache sur celui que j'aime :
« Comment tu as pu dire ça, Liahn ?? Vous n'avez pas honte, devant les enfants ?! Et toi pousse toi, Elio ! »
Liahn me pousse et hausse le ton sur sa tante qui est rouge de colère :
« Ne l'engueule pas lui ! Il n'a rien fait ! Si vous avez un problème c'est avec moi ! »
Sa tante lâche d'une voix plus calme :
« -Tu as raison, de toute façon il ne fait pas partit de la famille. Ce n'est pas notre affaires ce qu'il fait de son corps.
-Ne dis pas ça comme ça!
-Quoi ? Ce n’est pas la vérité ? Vous étiez tellement ami étant petit...il a dû te contaminer avec sa maladie. »
Mon ami allait hurler alors je lui attrape la main pour l'arrêter.
C'en est trop. Je ne peux pas briser cette famille sans rien dire...il m'ont tant offert.
Le visage énervé de Liahn se tourne vers moi. Je le tire un peu en retrait et lui dit à voix basse :
« -Liahn, laisse tomber...
-Non ! J'irais jusqu'au bout.
-Mais ça ne vaut pas le coût de renoncer à ta famille pour moi.
-C'est eux qui renonce à moi en me repoussant ! »
Ma détermination se brise et je relâche ma pression sur sa main. Mais lui l'a prend plus fort et me demande tristement :
« Elio, tu ne veux plus de moi ? »
Sa question me prend aux tripes. Et sans me soucier du monde autour de nous je m'exclame :
« Bien sûr que si ! »
Il sourit à demi en rougissant doucement. Puis il se tourne et demande à sa mère :
« Maman, est ce que vous nous accepté comme nous sommes, ou pas ? »
Marie-jeanne semble avoir les yeux rouges. Elle les baisse un instant, puis les relève pour demander à son fils aîné :
« Pourquoi tu as fais ça, Liahn ? »
Les bras de mon ami tombent et on voit soudainement son visage se crisper. Ses yeux se remplissent pendant que sa mère continue de lui lancer des mots blessants :
« Tu as pensé à nous ? Que vont dire les gens... »
Son oncle rajoute en replaçant ses cheveux en arrière :
« Surtout que, ici, les rumeurs se rependent extrêmement vite... »
Liahn semble dévasté. J'ai l'impression que si je ne l'attrape pas tout de suite, il va s'effondrer. Alors je m'approche de lui prudemment, mes mains se posent sur ses épaules tremblantes. Lentement, il retrouve la parole et demande :
« Vous ne voulez pas alors? »
Son oncle se lève à son tour et avance vers nous en désignant la sortie d'une main molle :
« Liahn, c'est sans doutes mieux que tu t'en aille pendant quelques jours. »
Mon ami lâche un petit « Quoi ? » à peine audible pendant que son oncle rajoute :
« Prend des affaires et va t'en. Tu reviendras quand tu seras calmé. »
Mais Liahn retrouve sa détermination instantanément et s'énerve :
« Calmé ?? Je ne suis pas en plein délire ! »
Marie-Hélène nous dépasse et s'exclame :
« -Bien sûr que si Liahn ! Ça fait juste trop de temps que vous vous côtoyez. Tu dois tout mélanger dans ta tête. Dans quelques jours ce sera oublié.
-Q-quoi ?! Mais non ! Puisque je vous dis que l'aime vraiment !
-Liahn... Tu me dis ça depuis que tu as trois ans. Oui tu l'aimes, mais pas comme ça !
-Mais qu'est ce que vous avez tous ? Je ne l’aime plus comme un enfant ! On est plus des enfants ! Et puis, qu'est ce que tu sais de mes sentiments ?! »
Mes doigts se contractent sur les épaules de mon ami qui a dû le sentir. Il arrête de crier et tourne à peine sa tête vers moi. Je déteste les voir comme ça. Se parler sans se comprendre. S'engueuler pour un truc qui est déjà fait... C'est trop dur, Liahn...
Mon ami ressent ma tristesse et se calme. Il se met en marche et prend ma main pour m’entraîner à l'étage pour récupérer ses dernières affaires. Il lâche avant de disparaître à l'étage :
« Ne vous inquiétez pas, je vais vous faire plaisir et partir. »
Arrivé en haut, Liahn s'arrête brusquement. Je me penche un peu devant lui et demande d'une voix :
« -Pourquoi tu t'arrêtes, Liahn ?
-E-écoutes... »
Je ferme les yeux un instant et tend l'oreille.
Des pleurs.
Un enfant pleure...un bébé.
Liahn et moi échangeons un regard presque terrifié. L'enfant le plus jeune de la maison a 5 ans, et aucun membre de la famille n'a de bébés. Aurait-il eu un cousin durant son absence ?
Mon ami me lâche la main et avance vers la première porte qui s'offre à lui. Nous entrons et découvrons un berceau avec un bébé d'à peine quelques semaines gigoter et pleurer. Mais ce qui nous inquiètes encore plus c'est que c'est la chambre des parents de Liahn...
Quelqu'un monte les escaliers. Nous nous tournons et découvrons Marie-Jeanne qui rejoint le berceau sans nous adresser un regard. Elle prend l'enfant dans ses bras en lui chuchotant des mots doux.
Mon cœur se serre quand je pose les yeux sur mon ami. Il est atterré. Et les mots de sa mère n'arrange rien :
« Liahn, je te présente Marc. Ton petit frère. »
C'en est trop pour mon ami. Liahn, qui peine à retenir ses larmes de dévaler ses joues, s'approche du petit être et lui caresse le plus délicatement possible son petit poignée. Sa mère rajoute en prenant la nuque de son plus grand garçon :
« Tu ne le priverais pas d'un grand frère aussi gentil que toi quand même ? »
Je serre ma mâchoire et détourne les yeux de la scène. Liahn a toujours voulu un petit frère... Il ne me choisira pas cette fois.
C'est le cœur serré que je me dirige vers la sortie.
Je ne peux pas le séparer de tout ça. C'est trop lui demander juste pour ma petite personne.
Mais une voix me fait me stopper sur le seuil de la porte. Liahn dit entre deux reniflements :
« Non...c'est toi qui va le priver d'un grand frère. »
Puis l'instant d'après Liahn sort et va pousser la porte de sa chambre. Surpris, je regarde de nouveau à l'intérieur de la pièce. Marie-Jeanne me dévisage en secouant doucement le petit Léo. Elle finit par me tourner le dos en maugréant :
« Si seulement on avait su... »
Ses mots cru viennent me déchirer le cœur, alors je décide de m'éloigner rapidement. Et dire que quand j'étais petit je l'appelais « maman »...
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