Une douleur le sortit soudainement de son long sommeil. Mais à son réveil, ce fut un tout autre décor qui s'offrit à lui. Il se trouvait dans une chambre d'hôpital. Incapable de faire le moindre geste tant son ventre lui faisait mal. Partagé entre douleur et confusion, Nolwan essaya tant bien que mal de se redresser sur son lit mais il en était incapable. Il tâta alors son ventre qui était couvert de bandage. Le plus troublant, c'est qu'il n'avait aucun souvenir de ce qui avait bien pu se passer. En voulant une énième fois se redresser, il tomba du lit et grimaça sous la chute.

- Mais... Où suis-je ?

 Dans l'incapacité totale de se relever, il se roula avec les quelques forces qui lui restait vers la fenêtre de la chambre dont les rideaux rouges filtraient à peine la lumière du jour. Il s'appuya ensuite sur le radiateur pour s'élever vers cette fenêtre et tira les rideaux. Une immense ville se dressait devant ses yeux. Il observa les grands bâtiments, les quelques personnes qu'il pouvait apercevoir, et aussi étrange que cela pouvait paraître, tout ceci lui semblait familier.

 Le jeune garçon fut alors interrompu par un médecin en blouse blanche qui entra dans la pièce avec un plateau contenant une fiole remplie d’un liquide bleu et quelques serviettes. En voyant Nolwan qui était réveillé, ce dernier fit tomber le plateau, surpris de voir son patient réveillé.

- Que faites-vous ?! aboya-t-il en se précipitant vers Nolwan qui manqua de tomber par terre une seconde fois.

 A son contact, le médecin remarqua immédiatement à quel point le jeune garçon était faible. Il n'arrivait même pas à se tenir debout tout seul. Il dut l'aider à se rasseoir dans le lit puis soupira.

- Vous ne devez pas faire d'efforts, monsieur ! Vous n'avez pas totalement récupéré !

- Récupérer ? répéta Nolwan, toujours dans la confusion.

 Le médecin étendit Nolwan sur le lit, souleva son t-shirt et commença à lui enlever ses bandages, dévoilant une énorme plaie sanglante le long de son ventre. La douleur que ressentait Nolwan s'intensifia quelques peu et se dernier poussa un cri de douleur.

- Qu'est-ce que c'est que ça ? paniqua Nolwan. Qu'est-ce qui s'est passé ?

- Vous avez subit une attaque de dragon... l'informa le médecin.

 Le médecin nettoya le contenu de la fiole qui s'était renversé en même temps que le plateau et se dirigea vers la porte.

- Il faut à tout prix nettoyer votre blessure avant qu'elle ne s'infecte ! Ne bougez pas, je vais chercher un autre produit !

 Cependant, comme il s'en doutait, à son retour, Nolwan avait réussi à sortir de son lit et titubait faiblement en se tenant au mur de la chambre. Le médecin le rejoignit alors en le grondant. Cependant, Nolwan ne supportait pas ce sentiment d'impuissance. Il avait en effet bien malgré lui perdu la mémoire et le médecin refusait catégoriquement de lui révéler ce qu'il s'était passé pour qu'il se retrouvez dans cet état. Comment avait-il pu se retrouver face à un dragon ? Dans quelles circonstances ? Poussé par l'adrénaline, il en oublia presque la douleur et tenta de sortir de la chambre mais le médecin s'évertuait à l'en empêcher.

- Vous ne devez pas sortir de l'hôpital avant d'être sur pied ! Je vous en prie, écoutez-moi !

- Alors dites-moi ce qui s'est passé et qu'est-ce que je fais ici ! lui cria Nolwan.

 Le médecin finit par lâcher Nolwan et son regard s'assombrit.

- Vous voulez vraiment le savoir ? demanda-t-il en changeant totalement de ton.

 Les jambes de Nolwan, encore faibles, titubèrent et Nolwan s'appuya sur le mur, grimaçant de douleur. Il paraissait troublé mais sa détermination n'avait pas changé.

- J'ai besoin de savoir, oui !

 Le médecin s'asseyant sur le lit, retirant ses lunettes. Nolwan su tout de suite qu'il n'apprécierait pas ce qu'il entendrait. Le regard vide du médecin en disait très long sur ce qu'il s'apprêtait à lui dire. Mais Nolwan voulait l'entendre de sa bouche.

- Nous avons trouvé des résidus de Draconyte dans votre sang. expliqua le médecin. Il a dû s'y mélanger lorsque vous avez été blessé par un dragon. La Draconyte est une substance propre à certains dragons et comme vous vous en doutez, extrêmement nocif à l'être humain. Malheureusement, malgré toute nos recherches, la médecine moderne n'a pas encore réussi à trouver de remède à cette maladie.

 Nolwan serra les dents. Le silence que venait de marquer le médecin voulait à la fois tout et rien dire. Le médecin pris une grande inspiration puis tourna sa tête, ne voulant pas affronter le regard de Nolwan.

- C'est pourquoi toutes les personnes atteintes de Draconyte sont malheureusement condamnées. Il ne vous reste plus que cinq à sept ans à vivre.

 Un silence s'installa de nouveau dans la chambre. Nolwan se laissa tomber par terre. Le médecin, quant à lui, n'osait toujours pas affronter le regard de Nolwan. Mais le jeune garçon brisa finalement le silence.

- Je vois... Alors je n'ai plus que quelques années devant moi...

 Le médecin se retourna vers le malheureux :

- Je suis vraiment navré...

  Ce dernier s'immobilisa lorsqu'il observa, malgré la situation, un sourire s'afficher sur le visage de Nolwan. Un si jeune garçon, déjà condamné à seize ans à peine.

- Je vais mourir hein...

Nolwan ne savait plus quoi penser de tout ça. La douleur avait repris le dessus sur lui mais Nolwan parvint tout de même à se relever. Il avait fait abstraction de la douleur et à présent qu'il savait qu'il allait mourir, qu'importe les souffrances qu'il allait endurer. Mais la colère qui assaillait à présent son cœur assombrit son jugement. Il s'approcha du médecin et le saisi par la gorge en faisant preuve d'une force étonnante.

- Tout ça ce sont des foutaises ! s'écria-t-il. Moi mourir ? Jamais, tu m'entends.

 Le médecin voulait appeler à l'aide mais Nolwan avait tellement de force qu'il n'avait plus assez d'air. La gorge comprimée, il parvenait à peine à émettre quelques sons. Nolwan au contraire, lui hurlait qu'il était invincible et que jamais il ne mourrait. Alors qu'il commençait peu à peu à perdre conscience, le médecin cru un instant apercevoir les yeux de Nolwan devenir jaunes et son iris se dilater.

 Fort heureusement pour lui, toute cette agitation attira trois médecins qui accoururent dans la pièce. Tandis que deux d'entre eux se jetèrent sur Nolwan pour l'immobiliser, le troisième sortit une petite seringue. Ils essayaient de maintenir Nolwan au sol mais ce dernier leur donnait beaucoup de fil à retordre tant sa force grandissait d'instant en instant. Le premier médecin, lui, reprenait sa respiration en observant Nolwan qui semblait qui semblait possédé. Est-ce l'annonce de sa mort qui aurait été la cause de ce revirement ? Ou bien, quelque chose d'autre...

 Les médecins parvinrent finalement à le piquer avec la seringue, lui administrant un tranquillisant. Nolwan s'évanouit aussitôt. Et tandis qu'il perdait peu à peu connaissance, il ne put qu'articuler les mots suivants : "Je vais mourir ?"