Milles milliers d’yeux nitescents, innocents ; criblant un ciel calme, opaque.
Mon regard se plaît à relier les points, à suivre ces chimères, ces schémas séculaires.
Mon souffle se fait sans fond, convoyant les senteurs de ces fleurs, de ces environs.

  Un monde sans horreur ; mes abords rêveurs.
  Une échappée hors des heures ; mon temps sans terreur.

Ici les couleurs chatoyantes changent aux rythmes des floraisons ; panachant les arbres de vert foncé, de châtain vif ; bigarrant les boutons en bleu céruléen, en rouge rubescent, en ambre flavescente. Et même à l’ombre de la nuit, ces nuances restent saillantes, brisant le cendré maussade.

  Une bulle de quiétude ; ma fenêtre de sérénité.
  Une terre de tranquillité ; mon isthme de mansuétude.

Là, en contrebas, je crois reconnaître des visages.
Mais je ne les entends pas ; si proche et pourtant tellement muet ; si loin et pourtant tellement sourd.
Ils vaquent à leurs devoirs, suivant avec bienveillance ce vent aux murmures de changement.
Je le vois valser, avec les feuilles d’automne, je le mire venir et partir.

  De nouveau, mon regard se porte sur l’horizon, scindant zénith et nadir.
  Encore, mon âme sollicite le chantonnement silencieux des astres errants.

Là-bas, une étoile tombe, traçant un sillon de lumière sur la toile, plantant un éclat dans la terre.
L’aube vient au jour, une sphère irradiante éclot ; déversant des vagues d’un feu nouveau.
Cette chaleur, ce soupir ; il nous appelle, nous élève, nous enlève.
Voilà que vient le Soleil.