Trois petits mots
Ce sont de tout petits mots,
Trois fois trois poussières
D’une étoile passée par là,
Ou d’un pissenlit
Qui s’est égrainé en cerf-volants innocents.
Ce sont de tout petits mots,
Ains ils sont si lourds
De secrets doux et candides
Et de flammes-passions ;
C’est un panache coloré qu’illuminent mes nuits.
Ce sont de tout petits mots,
Si grands et brûlants
Que je les porte à grand-peine
Entre quelquës os frêles
Qui frémissent de se brûler, et de décevoir.
Ce sont de tout petits mots
Qui sonnent beaux et sots,
Et tout cela paraît bien
Un peu trop sérieux,
Mais j’ai peur de les rompre d’un coup de dent gênée.
Ce sont de tout petits mots
Que je finis par
Coucher sur ce papier
Qui m’est familier ;
Cachés là, emmi quelqu’idée très brüyante.
De tout petits mots trop lourds à chanter,
Alors je les écris autant de fois
Qu’ils ont de couleurs, de senteurs et de clameur !
J’écris ici et là pour qu’ils ne restent pas muets ;
Vous savez, même s’ils sont timides, ils veulent
Sauter, s’envoler, et tournicoter
Dans ce ciel aux soirs oubliant, pour brasiller
Comme si de petits phares sur de petites planètes
Clignaient pour encourager le marin,
Le cœur-brave parti quêter l’aventure
Mais que le tumulte de la turbulente tempête
A rattrapé.
Ce sont trois tout petits mots.
Trois fils pour tisser une ceinture,
Pour faire trois tours de l’horizon ;
Faire trois fois le tour de la Maison.
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