Un vendredi comme les autres. Le vendredi 5 février 2021.
Il fait encore nuit. Je suis instalée dans le couloir du lycée en face de la vie scolaire. Les salles de permanences sont bondées. Il n'est pas nouveau que je déteste les endroits remplis de personnes.

La musique dans les oreilles, je tente de faire ce commentaire littéraire qui me prend la tête depuis des jours. L'air qui se diffuse dans les écouteurs est entrainant, aussi je pars dans mon monde intérieur rythmé par cette musique. Les paroles m'entrainent et je vois mon monde intérieur apparaître. Je danse dans ce monde que personne ne connait. Mais quelque chose me ramène sur la terre ferme.

Il est là. Planté dans le couloir. Il a l'air perdu. Je me souviens de qui il est. Mais son nom m'échappe. A ce moment, son regard demande de l'air mais il n'ose pas m'aborder. Alors c'est moi qui l'acoste avec un grand sourire pour le rassurer. Je lui demande ce qu'il fait là et ce qu'il cherche. Son regard exprime une grande tristesse qui me touche. Il me dit avec une voix faible qu'il voulait aller voir l'infirmière mais elle n'est pas là. Il ne sait que faire. Je lui demande la raison pour pouvoir le guider. Il me montre son bras. Un bras scarfié. A ce moment tout remonte. Je pense à mon propre acte, il y a quelques jours. Je tourne la tête et vois, à la vie scolaire, un surveillant à qui je fais confiance. Je vais le chercher pour qu'il nous aide. Comme je l'espérais, il comprend. Il dit au jeune homme de venir dans cette petite pièce appelée la bagagerie en attendant qu'une CPE vienne le voir. Le regard du garçon demande à tout prix que je l'accompagne. Ce que je comptais faire. Je viens alors avec lui. Il s'assoit et le surveillant lui nettoie les plaies. Entre deux passages d'adultes, je le prends contre moi et il s'écroule en larmes. Sans que je n'ai à lui demander quoi que se soit il commence à m'expliquer. Son ex l'a plaquée et le tourmente autant qu'elle le peut. Sa détresse est grande et je comprend que c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Je comprend aussi qu'il l'aime énormément.

Quels minutes plus tard, la CPE référente de sa classe arrive et lui parle. Elle n'apprécie manifestement pas ma présence. Mais peu importe je ne laisserais pas seul. Je sens que je m'attache mais je repousse toute pensée montrant de l'attachement. Je m'étais promis de ne plus aimer.
Après le départ de la CPE, toujours contre moi, son regard posé dans le vide, on attend. Puis, une dizaine de minute plus tard, le surveillant vient nous chercher pour nous dire que l'infirmière peut le recevoir. Je prend ses affaires et les miennes et les accompagnent. Une fois làa bas, l'infirmière le prend en charge et je repars avec le surveillant. Il me connait bien et me demande ce que je sais, pour pouvoir l'aider. Je raconte le peu de choses qu'il m'a dit. Les explications confusent m'ont fait comprendre des choses que je relate alors. Puis je vais en cours.