Chapitre 2

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Mathieu fit un pas en avant, ses pieds glissant sur le sol humide. Le couloir s’étirait devant lui, bien plus long qu’il ne l’avait vu auparavant, comme si la maison elle-même se jouait de lui, l’étirant, l’enfermant davantage. Les murs étaient recouverts de vieilles tapisseries fanées, et l’air était épais, comme s’il avait absorbé des années de secrets et de souffrances.

À chaque pas, les murmures se faisaient plus proches, plus insistants, jusqu’à ce qu’ils deviennent des voix distinctes, des voix qu’il connaissait. Des voix de gens qu’il avait aimés, perdus, oubliés. Il entendit le nom de sa mère, celui de son père, puis celui de son grand-père. Tous appelaient à l’aide, tous semblaient souffrir.

"Mathieu…"

Il s’arrêta net, l’angoisse lui nouant la gorge. La voix n’était pas celle de sa mère, ni de son père. C’était une voix plus ancienne, rauque, pleine de douleur. La voix de quelqu’un qu’il n’avait jamais connu. La voix de l’un des habitants du manoir avant lui, sans doute.

Poussé par une force incontrôlable, il avança encore. Le couloir semblait se rétrécir, comme une mâchoire prête à se refermer sur lui. Il aperçut au loin une lumière tremblante, une lumière vacillante, provenant d’une autre porte, qui semblait l’attirer. Il se précipita vers elle, sans réfléchir, espérant échapper à l’angoisse qui le serrait.

Lorsqu’il franchit le seuil de la porte, il se retrouva dans une pièce qu’il n’avait jamais vue, un étrange salon. Des fauteuils en cuir usé étaient disposés autour d’une cheminée éteinte, dont les cendres étaient refroidies depuis des décennies. Le temps semblait suspendu dans cette pièce, mais il n’y avait pas de poussière, ni de toiles d’araignées, comme si l'endroit avait été entretenu récemment. C’était une pièce froide, cependant. L’atmosphère était lourde.

Au centre de la pièce, une grande horloge trônait sur un socle en bois sculpté. Mais ses aiguilles ne bougeaient plus. L’horloge était figée à minuit, et la salle, malgré son silence, semblait vibrer d’une étrange énergie.

Soudain, un bruit sourd résonna derrière lui, et la porte par laquelle il était entré se referma brusquement. Il tourna sur lui-même, pris au piège. Un rire, faible et guttural, s’éleva du fond de la pièce, l’écho résonnant contre les murs.

"Tu crois pouvoir t’échapper ?" La voix s’éleva, sifflante, emplie de mépris. "Ce manoir n’a jamais laissé partir ceux qui ont franchi son seuil."

Mathieu sentit son cœur s’emballer. Il tenta de s’élancer vers la porte, mais ses jambes se dérobèrent sous lui, comme si la terre avait décidé de le retenir. Il tomba à genoux, son corps lourd, paralysé par une force invisible. Les murs semblaient se rapprocher lentement, l’écho de la voix devenant de plus en plus oppressant.

"Regarde… Regarde bien…"

Une brume opaque envahit la pièce, comme une fumée noire qui se tordait autour de lui. Des silhouettes apparurent dans cette brume, des formes humaines mais floues, des visages déformés par la souffrance et l’agonie. Chaque silhouette semblait une victime du manoir, perdue, condamnée à errer pour l’éternité.

Il les reconnaissait. Des gens qu’il n’avait jamais vus, mais qui, d’une manière ou d’une autre, étaient liés à lui. Il aperçut une vieille femme, ses yeux vitreux le fixant, une terreur infinie dans le regard. Puis un homme, vêtu d’un uniforme de soldat, son corps mutilé, la peau déchirée. Il y avait aussi un enfant, une petite fille, les mains tendues vers lui, mais sans voix.

Les murmures se transformèrent en cris, des voix suppliant, hurlant, mais sans pouvoir être entendues. Il était entouré, prisonnier de ces spectres. Chacun de leurs regards était un poids sur son âme, une torture qu’il ne pouvait supporter.

"Il est trop tard pour toi…" chuchota la voix. "Tu fais maintenant partie de l’histoire de ce manoir. Chaque âme qui y entre devient une pierre dans son fondement."

Mathieu, haletant, chercha désespérément une issue. Il tourna ses yeux vers l’horloge, dont les aiguilles semblaient lentement se remettre en mouvement, mais avec une lenteur qui n’appartenait pas à ce monde. À mesure que les aiguilles avançaient, les silhouettes se rapprochaient. Le temps se dilatait, chaque seconde semblant durer une éternité.

"Tu dois… accepter…"

Soudain, un cri déchirant retentit. La petite fille s’élança vers lui, son visage tordu dans une expression de terreur pure. Elle tendit les bras vers lui, et avant qu’il ne puisse réagir, elle le toucha. Un choc de glace pure le traversa, et tout devint noir.

Il se retrouva dans un autre espace, une étendue infinie, sans sol, sans ciel. Il était suspendu dans le vide, seul. La brume noire l’enveloppait une fois de plus, et il entendit, comme un écho, des milliers de voix chuchotant :

"Tu fais désormais partie de nous. L’écho des ombres ne cesse jamais."

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