Chapitre 3

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Lorsque la brume se dissipa, Mathieu se retrouva dans une pièce vide, mais il avait la sensation de ne plus être seul. Les murs semblaient se replier sur lui, leur présence oppressante, comme si chaque pierre murmurait des secrets inavoués. La lumière était étrange, une lumière qui ne venait de nulle part, mais baignait la pièce d’une lueur froide, semblable à la lueur lunaire, mais bien plus pâle.

À ses pieds, une large porte en bois sculpté, sans poignée, mais tout de même visible, comme si elle attendait qu'il la pousse. La peur lui tordait les entrailles, mais il n’avait plus d’autre choix que d’avancer. La voix qui l’avait guidé jusqu'ici, qui l’avait averti, résonnait encore dans ses pensées : "Tu fais désormais partie de nous."

Il s’approcha de la porte, ses mains tremblantes, son cœur battant à tout rompre. Lorsqu’il la poussa, la pièce derrière s’étendait à l'infini, comme un autre monde. Une vaste salle circulaire, comme un autel abandonné, où des sièges en pierre se dressaient autour d’un puits profond, noir comme la nuit.

Il y avait quelque chose au fond de ce puits. Des formes mouvantes, des ombres qui se tordaient, mais qui n’étaient pas tout à fait des ombres. Elles semblaient être faites de lumière et d’obscurité à la fois, un tourbillon d'énergie maléfique.

En s’approchant, il aperçut un visage. Un visage familier. Celui de sa mère, ses yeux grands ouverts, remplis de larmes, mais sans bouche, sans voix. Elle le regardait fixement, comme si elle le suppliquait de faire quelque chose, mais ses mains ne se levaient pas, incapables de l’atteindre.

La peur de Mathieu s’intensifia alors. Il sentit que le manoir, cette vieille bâtisse maléfique, se nourrissait de ses peurs et de ses regrets. Chaque pièce qu’il avait traversée, chaque murmure qu’il avait entendu, était une trace laissée par ceux qui étaient venus avant lui. Et ces âmes, ces êtres disparus, étaient piégés dans une boucle sans fin, forcés de répéter éternellement les mêmes gestes, les mêmes supplications.

"Pourquoi… ? Pourquoi êtes-vous ici ?" Mathieu murmura, désespéré.

La silhouette de sa mère, sans répondre, se tourna lentement, et d’autres visages apparurent autour d’elle. Des hommes, des femmes, des enfants. Tous les regardaient dans un silence pesant. Une voix s’éleva, celle d’un homme aux traits déformés, les yeux vides, qui dit :

"Ce manoir est un piège, une prison pour les âmes perdues. Il ne nous relâchera jamais. Pas avant que nous n’ayons payé le prix."

Mathieu se figea, ne comprenant pas totalement. "Le prix ? Quel prix ?"

Mais l'homme se contenta de lui offrir un sourire sinistre avant de disparaître dans l'ombre. La pièce se mit à vibrer, une sensation glaciale se répandit sous sa peau, et un cri déchirant éclata dans l’air.

Les silhouettes se rapprochèrent de plus en plus, formant un cercle autour de lui. Les voix s’intensifièrent, s'entrechoquant, des murmures devenant des cris désespérés. Mathieu sentait que l’air devenait lourd, que ses poumons se refermaient. Il avait l’impression de s’enfoncer dans un abîme sans fin, comme si la terre elle-même l’aspirait dans ses entrailles.

Puis, dans une explosion de lumière aveuglante, la pièce se dissipa à nouveau. Il se retrouva une fois de plus dans le couloir noir, celui qui ne finissait jamais. Ses yeux étaient écarquillés, sa vision floue. Il ne savait plus s’il était encore éveillé, ou si tout cela n’était qu’un mauvais rêve, un tourbillon d’horreurs qui ne finirait jamais.

La porte derrière lui se referma avec un bruit sourd, et la brume noire qui s’était dissipée semblait revenir, comme un voile pesant qui recouvrait à nouveau tout autour de lui.

"Tu es là pour toujours," dit une voix basse, familière, celle de l’âme du manoir, qui ne faisait qu’une avec les murs et l’obscurité. "Tu vois, Mathieu, tout est une question de temps. Ce n’est pas toi qui échappes à la maison, c’est la maison qui t'attrape."

Il leva les yeux, et devant lui, se tenaient désormais de nouvelles figures, des silhouettes dont les traits étaient flous, mais dont les yeux brillaient d’une lumière sinistre. Parmi elles, il distingua un homme, grand et maigre, dont le regard perça le sien.

"Tu pensais que tu pourrais t’échapper ?" dit l'homme d’une voix glacée. "La vérité, c’est que nous avons tous essayé. Mais à la fin, il n’y a que la maison, l’obscurité… et les âmes perdues comme toi."

La pièce autour de lui se tordit une nouvelle fois. Les murs se refermèrent, et les voix des âmes piégées se mêlèrent dans un cri collectif. Elles étaient maintenant toutes là. Ils étaient tous là, dans ce manoir, piégés ensemble dans un éternel tourment.

Et alors que le dernier éclat de lumière s'éteignait, Mathieu comprit la vérité. Il n’était pas le dernier. Il n’était que l’une des nombreuses âmes qui peuplaient ce lieu, piégé dans la même boucle sans fin. Aucun d’entre eux ne pouvait partir.

Et lorsque quelqu’un d’autre franchirait la porte de ce manoir, un autre écho se ferait entendre, une autre âme se joindrait aux cris, et l’histoire recommencerait.

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