Jinx
Jinx eut pour un bref instant à peine une lueur d’espoir quant à son avenir. Mais celle-ci fut écrasée le lendemain matin. Alors que la cénéphir allait chercher de quoi à manger dans la jungle, elle tomba nez-à-nez avec d’autres pirates… Ceux-ci utilisaient l’île comme repaire, à l’abri des patrouilles maritimes. Elle fut donc de nouveau capturée. Mais cette fois-ci, elle avait de l’expérience : au lieu de se rebeller ou de se laisser faire, elle séduisit le Capitaine Braidy. A tel point qu’au bout d’une semaine, après que tous lui ai passée dessus, celui-ci décréta que Jinx devenait sa propriété personnelle et nul autre homme n’avait le droit de poser ses mains sur elle. Jinx comprit alors à quel point les hommes étaient faibles et facilement manipulables, pour peu qu’elle les tienne par leurs organes génitaux.
Deux ans passèrent et la situation de Jinx n’avait pas empiré. Elle était toujours captive des pirates, mais au lieu d’être dans une cage ou soumise, elle alternait entre servir la nourriture à l’équipage, passer le balai et assouvir les désirs sexuels du capitaine. Celui-ci n’était d’ailleurs pas un mauvais bougre en soi, mis à part bien sûr les pillages et exécutions sommaires. Il la traitait correctement, même si elle n’appréciait guère le surnom de « sac à foutre » dont il s’amusait à l’affubler. Son hygiène était reprochable mais elle l’avait « dressé » pour accepter de prendre un bain ou au moins se nettoyer un peu avant d’aller forniquer.
Un matin, à la veille d’un débarquement dans une ville du Sud de la côte, le Capitaine Braidy convoqua tout son équipage :
« Bon, vous connaissais les consignes : pas de vagues ! On fait nos affaires et on va s’amuser dans une taverne du port. Profil bas ! Je ne veux pas de problèmes avec la milice. Ils sont habituellement stupides mais si l’un d’entre eux réalise qui nous sommes et prévient l’armée, on risque de gros problèmes… »
A ce moment-là, Djojo leva la main.
« Oui ?, fit le capitaine.
- Boss ! La semaine dernière, un des marins qu’on a rencontré à Vilessa m’a dit qu’il y avait un cirque qui s’était établi ici pour l’hiver. On pourrait y aller ? »
Au grand étonnement du capitaine, quasiment tout l’équipage appuya la demande.
« Bon, si vous voulez. Mais les affaires d’abord !
- Vive le capitaine !, crièrent-il en cœur. »
Mais l’un d’entre eux ne partageait pas cette liesse. Le Capitaine le remarqua tout de suite.
« T’as un problème avec ça, Mok-le-Borgne ? »
Tout le monde s’écarta un peu de Mok et tous les yeux se braquèrent sur lui.
« C’est que… Capitaine, je suis sûr que vous allez vouloir désigner quelqu’un pour rester sur le bateau et comme d’habitude, ce sera moi ! »
Braidy ne le contredit pas car c’est bien ce qu’il avait en tête.
« Alors c’est pas juste ! Pourquoi je n’aurais pas le droit de voir le cirque aussi ? En plus, on va vendre tous les prisonniers aux marchands d’esclaves. Le seul qui restera, c’est Jinx. »
A l’évocation du nom, le capitaine posa son regard sur la cénéphir, qui s’était mise au fond et ne perdait rien de la discussion. Il réfléchit un instant et répondit :
« C’est normal que tout le monde puisse profiter du spectacle et que personne ne soit laissé derrière. Même toi, Mok ! Alors j’ai décidé qu’on allait emporter Jinx avec nous. Ainsi, on pourra la surveiller. »
Puis il se tourna vers un autre homme :
« Djojo, trouve-moi un boulet et attache-le à sa cheville. On ne voudrait pas la perdre dans la nature… »
Le cœur de la cénéphir manqua à un battement. Enfin, après plus de cinq ans de captivité, elle allait enfin pouvoir aller dans une ville !...
Annotations
Versions