Chapitre 5

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Je secoue la tête, aucune réponse. Elle essaie de me faire comprendre quelque chose. Comment ai-je pu être autant dans le déni ? Ma mémoire m'aura-t-elle fait oublier des passages de ma vie ? Je dois en être sûre. Maintenant, je sais que dès que je me rapproche des bonnes réponses, ma mère me rend visite. Pourquoi devient elle un fantôme, peut-être parce que mon père ne la voit pas comme moi, je la vois. Il ne prête plus aucune attention sur elle, il préfère la battre.

« Maman, je vais te sauver », dis-je à voix haute. Je me souviens que le nombre vingt-huit était accompagné d'une corde. Je suis persuadée que c'est un nouvel indice. Je sors de la chambre de mes parents, accompagnée d'une grande inspiration, je décide de m'asseoir sur le canapé du salon. Mon père ne fait même pas attention à moi, alors je prends l'initiative d'ouvrir la discussion, sinon je n'aurais jamais réponses à mes questions. « Papa, je peux te poser une question ? » Il tourne la tête dans ma direction, il plisse les yeux puis retourne à ses activités.

Je suis totalement absente pour lui, je n'ai jamais cherché à avoir une quelconque attention venant de lui, mais plus les années passent, plus je me demande comment aurait été ma vie s'il avait été un père pour moi.
Je n'essaie pas plus, je vais en direction de son bureau, je mets la main sur la poignet de la porte puis je la tourne, mais impossible de l'ouvrir.
Pourtant j'ai le souvenir qu'il laissait toujours la porte ouverte avant, j'avais pour habitude de m'asseoir à côté de lui pour dessiner quand il travaillait sur son ordinateur.
Si je me souviens bien, il gardait la clé en haut du cadre de la porte, pour que maman ne puisse pas rentrer. Je n'ai jamais trouvé ça bizarre, mais maintenant que j'y pense, c'est horrible. Je me mets sur la pointe des pieds, je balade ma main un peu partout, puis je sens que je touche au but, je regarde et c'est bel et bien la clé.

En définitive, les habitudes de mon père sont demeurées inchangées. J'ouvre la porte avec une précaution extrême afin de ne produire aucun bruit, la refermant avec autant de soin, puis je m'engage dans une quête discrète pour retrouver son ordinateur.

Je cherche, je scrute, je lorgne...

Je fouille méthodiquement les innombrables tiroirs de son bureau - pourquoi faut-il qu'il y en ait autant ? -, et ce, jusqu'à ce que l'un d'eux résiste à mon insistance. Malgré cette obstruction, je persévère et parviens finalement à l'ouvrir. À l'intérieur, je découvre une vingtaine de CD arborant chacun des symboles distincts. Sur l'une des pochettes apparaît le même symbole que celui dessiné sur les mystérieuses feuilles.

La corde, qu'est-ce que cela voulait dire ? Je la sors du tiroir, je la pose sur le bureau pour la mettre de côté, puis je me dirige vers une armoire avec laquelle il avait pour habitude de ranger son ordinateur. J'ouvre le troisième tiroir en partant du haut, l'ordinateur est là, il a l'air pas mal ancien, néanmoins il devrait être capable de lire un CD.

Je pose l'ordinateur sur le bureau, je l'allume puis insère le CD. Je suis à la page d'accueil, aucune demande de code d'accès, c'est étrange. Mon père mettait toujours des centaines de codes d'accès différents pour un tas de choses, car il savait que j'étais très curieuse. Je pouvais passer des heures à éplucher ses fichiers parce que je pouvais passer des heures à éplucher ses fichiers. Non qu'il y en ait une grande quantité, mais mon père avait un manière unique de classer : une sorte de bordel organisé.. 

Le disque dur met en lecture le CD, la première image que je vois et mon père assit sur un lit, il a le regard dans le vide. Il ne fixe pas l'objectif de la caméra, mais regarde d'une manière étrange comme ci quelqu'un était en face de lui, il tourne la tête puis la vidéo commence à se brouiller petit à petit.

Les images deviennent de nouveau claires, cette fois-ci, il est debout, mais une femme est derrière lui, ligotée.
Mon père se retourne, s'approche de la femme et lui chuchote : « Tu es en sécurité ici, je t'aime, tu sais Jess ».
Il s'éloigne, il sort du champ de la caméra, puis il apparaît soudainement devant la caméra armé d'un marteau. Il fixe la caméra durant trois minutes sans cligner des yeux, il se retourne, puis la femme commence à se débattre et a essayé de crier. « Tu dois obéir, Jess, c'est pour ton bien » dit-il, d'un coup ferme il lui brise le crâne avec son marteau.

Je ferme l'ordinateur brusquement, je cours vers la fenêtre la plus proche, je l'ouvre puis vomis. Je glisse le long du mur, des larmes coulent le long de mes joues, j'ai mal. Avait-il comme objectif de faire la même chose à ma mère ? Pourquoi suis-je la seule à la voir ?

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