Chapitre 6
Je sens ma tête devenir lourde, je vois flou. J'ai l'impression que l'on me tire les organes dans tous les sens, une forte douleur ce fait ressentir dans mon ventre, des crampes. Je n'ai sans doute pas mangé depuis plus d'une semaine, je ne sais même pas comment j'ai pu tenir, je suis dans la paranoïa totale. Je suis assise contre un mur, je ne sens plus mon corps, je n'arrive même pas à bouger un doigt. Je me sens si faible, il faut que je trouve la force de pouvoir me déplacer pour arriver jusqu'à la cuisine, je peux le faire « Lyly, putain réveille-toi » dis-je à voix haute.
Je secoue la tête dans tous les sens, je me frappe à plusieurs reprises pour essayer de me réveiller. Je sens mon corps me lâcher, d'un bond, je me lève sans réfléchir puis je me mets à ranger le bureau de mon père pour qu'il ne remarque rien. Je titube en sortant de la pièce, je suis exténuée, sans aucune force pour pouvoir me déplacer ou même parler. J'arrive tout de même à rejoindre la cuisine, j'ouvre la porte du frigo puis je me prends un sandwich qui doit être là depuis un bout de temps en voyant tous les autres aliments recouvert d'une mousse verte. Je referme la porte, je m'assois sur une chaise et commence à engloutir le sandwich, l'aspect est assez repoussant, mais je n'ai plus d'énergie dans mon corps.
Après avoir fini de manger, je sors de table puis me dirige dans ma chambre. Je ferme la porte et prends place sur mon lit. Mes paupières sont lourdes, je m'endors. Des picotements, je sens des aiguilles me traverser le corps, j'ouvre les yeux, mais une fine couche floue les recouvre. Suis-je devenue aveugle en une nuit ? Une silhouette s'approche de moi, un souffle chaud se fait sentir au-dessus de mon front. « Maman, est-ce que c'est toi ? » dis-je d'une voix douce, aucune réponse.
Ma vision devient claire de plus en plus, je vois mon père assis sur mon lit, une des mes peluche à la main, le regard figé « Lyly, pourquoi tu ne m'écoutes jamais » dit-il en marmonnant.
Mon cœur ne cesse de battre à pleine vitesse, impossible de bouger, je suis paralysée. Les yeux grand ouverts, je ne peux ouvrir la bouche. Il jette la peluche à travers la pièce et se frotte le visage « Jess n'aurait pas dû nous faire ça » dit-il en criant. Il tourne la tête, pose ses yeux sur moi « Tu ne me feras jamais ça, pas vrai mon cœur ? » il se met à sourire, une larme coulant sur sa joue. Il s'approche de moi pas à pas et m'embrasse la joue, il relève la tête et serre son poing. Il lève le bras droit, il me cogne à plusieurs reprises, je ne bronche pas et subit. Il s'arrête, je ne sens plus mon visage, ma tête s'incline d'elle-même sur le côté. Je vois ma mère derrière, son corps rempli de bleus avec le visage enflé, une corde entourant ces mains et chevilles.
Je l'observe, je ne peux pas la lâcher du regard. Mon père plisse les yeux, il regarde derrière lui. « Qu'est-ce que tu regardes ? » dit-il en m'attrapant le visage. Pourquoi suis-je la seule à la voir, serait-elle morte ? Non, je ne peux pas le croire, il m'a forcément injecté quelque chose, j'ai seulement des hallucinations. « Pourquoi tu ne bouges pas, tu réagis comme ta mère, à toujours tout dramatiser » il s'écarte du lit et pars de la pièce en claquant la porte. J'entre, ouvre la bouche et je prends une grande inspiration, un goût de fer ce fait sentir dans ma bouche, je parviens à partir pour me déplacer jusqu'à ma commode. J'ouvre un tiroir, je prends un miroir de poche et regarde les dégâts qu'il a pu faire sur mon visage.
Il ne m'aime pas, car je lui ressemble peut-être trop ? Je touche délicatement toutes mes blessures, j'admire mon reflet dans le miroir « Est-ce que j'ai mérité tout ce qui m'arrive ? » dis-je d'une voix étouffée.
Plus je découvre de choses, moins je vois plus le bout du tunnel. Il parle d'elle au passé, mais moi, je sais qu'elle est toujours là. Je repose le miroir dans ma commode, je me dirige vers la salle de bain pour pouvoir me prendre une douche et
J'ouvre la porte, j'entre dans la pièce puis ferme à clé. J'ouvre le robinet et m'assois à côté de la baignoire. Je regarde l'eau monter petit à petit jusqu'à la remplir de moitié. Je mets ma main dans l'eau, je la laisse se balader, je ferme les yeux le temps de quelques secondes puis reviens à la réalité.
Un courant d'air froid submerge toute la pièce, je sursaute, mais impossible de me retourner, l'angoisse prend possession de mon corps. Je suis pétrifiée, je n'arrive pas à ouvrir les yeux, une main se pose sur mon épaule « Qui est-ce, s'il vous plaît » dis-je en sanglotant. « Tu dois nous venger Lyly » je me retourne, personne derrière moi « Maman s'il te plaît, j'ai besoin de toi ! » dis-je en criant de désespoir.
« Tu dois nous libérer »
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