Homophobie, la peur des homosexuels ?
Souvenirs du collège... les insultes sont un lot quotidien. "PD" et "Tapette" et tête, un chapelet de ricanement m'accompagne du matin au soir, du bus de ramassage jusqu'au bus de ramassage, un aller et retour quotidien vers la peur. Je ne sais pas encore ce qu'elles veulent dire ces insultes, je n'ai même aucune idée sur une quelconque sexualité, mais je sais une chose : je ne fais pas partie du groupe, je suis différent, et je le paye chaque jour. Et pourtant, je les envie ces petits durs qui me font pleurer, j'aimerais être comme eux, j'aimerais faire partie du groupe. Je me sens attiré par ceux qui me repoussent, qui me refusent...
Homosexuel ? Je ne connais même pas ce mot, il n'est pas dans mon dictionnaire... "Perçu comme tel"... peut être... parce que plus jeune, plus petit, moins mature, moins viril, parce que je n'aime pas le foot et que je préfère discuter avec les filles. Parce que aussi notre société dans son ensemble encourage la perpétuation d'un modèle strict du genre : les filles, habillées en robe, jouent à la poupée; les garçons jouent au foot, les garçons ne pleurent pas, les garçons n'ont peur de rien. Moi, à 11 ans, j'aime bien jouer à la poupée. J'aime bien étudier, je suis un bon élève, plus tard je serai prof de math. Et pourtant j'ai peur du bus de ramassage qui m'emmène au collège. Eux, ont-ils vraiment peur ? De quoi ?
D'autres souvenirs, plus tard... Une autre forme d'homophobie... Je suis cette fois-ci clairement rejeté parce que je suis homosexuel, et que je refuse de le cacher. Mon homosexualité fait peur à quelques uns. A quelques amis qui m'annoncent ne plus vouloir rencontrer le grand malade que je suis devenu à leurs yeux... Elle fait peur aussi à un responsable des Scouts de France, qui me met à la porte après 10 années de bénévolat, parce que "si on commence à accepter des PDs il faudra aussi accepter les toxicomanes et les prostituées"... Peur de quoi ? Du scandale ? Du qu'en dira-t-on ? Du mauvais exemple donné aux enfants ? Quel mauvais exemple ? Et si c'était une maladie ? Est ce que c'est contagieux ?
Ces questions je les entends comme un écho, dans le souvenir des interventions auxquelles j'ai déjà participé avec diverses associations, que ce soit auprès des jeunes ou des adultes. L'homosexualité pour eux c'est d'abord le cliché, renforcé par les médias : la vie débridée, l'absence de morale, le sida, etc... Un cliché qui dérange, un cliché qui fait peur, qui envahit mon rêve... Je crie : je ne suis pas comme ça ! Mais rien n'y fait, le cliché est coriace...
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