Lire S.King ? À m'en masturber les méninges !

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« Voilà, nous y sommes. Et cela de ta faute Charlie ! »

— C’était les premiers mots de mon père, lorsque nous sommes arrivés à Noeux-les-mines. Lui et moi avions dû déménager à cause de ma situation dans mon ancien lycée où je me faisais harceler par mes camarades de classe après avoir bêtement répondu à un appel à témoin d‘un magazine de société télévisé où avec quelques autres ahuris, je témoignais de mon adoration pour les romans de Stephen King. Evelyne Thomas, qu’elle s’appelait la présentatrice du talk show. Et pour le show, je dois dire que l’ai fait, à ma manière, en me vantant d’être un jour le nouveau Stephen King Français. Que j’avais tout l’âme d’un écrivain et que rien ni personne ne pourraient contrecarrer mon envie de réussir dans le domaine de la littérature populaire. Quitte à écraser certaine vermine bien pensante d’une société qui intellectualise à tout va, aussi bien sur nos chaines de télé que dans nos magazines. J’ai une aversion pour ces gens-là. Je ne sais pas comment vous l’expliquer. Ils m’énervent à toujours vouloir se prendre pour ce qu’ils ne sont pas ! Qu’ils viennent vivre ma vie dans les cités et après on verra s’ils tiennent toujours le même discours sur la belle vie que l’on doit mordre à pleines dents. Mon cul ! Bref, sur le plateau télé je me suis fait un peu trop remarqué. Du coup dans mon bahut ça a jasé. Faut savoir que l’on ne m’aimait déjà pas beaucoup. Paraît-il que j’avais des propos outranciers sur mes soit-disant « frères » de banlieue, que j’étais un raciste et que c’était de ma faute si ma mère c’était faite violer dans une tournante. Elle en est morte ma maman !

« Putain, Charlie, t’as intérêt à te tenir à carreau cette fois-ci ! Heureusement que j’ai pu retrouver du boulot dans ce patelin. »

— Ça je n’en doutais aucunement que mon père allait pouvoir se dégoter un job ici. Éboueur tout le monde en recherche en France. Les ordures, les déchets, quels qu’il soit d’ailleurs, y en avait urbi et orbi. Y en avait tellement que ça en dégouliner de partout. Un vrai dépotoir ce pays, avec tous ces étrangers, ces racistes, ces fumeurs, ces drogués, ces alcoolos, ces…putes aussi, « je t’foutrais une bombe là-dedans que ça serait vite réglé ! » qui disait mon père. Ce con, il se serait fait exploser tout entier, de parler ainsi ! Avec du recul, j’sais qu’il avait tort de dire ça mais à l’époque j’étais aussi débile que lui. Vous savez qu’en une burne en entraine une autre dans le tourbillon foireux de la vie, ça fait deux couillons de plus sur la planète et ce n’est jamais bon pour le bon équilibre de celle-ci dans le système solaire. Seulement, j’en avais marre de réfléchir à voix haute comme si j’avais quelque chose d’intéressant à dire. Comme disait Luc Besson après l’échec de son premier court-métrage, « si t’as rien à dire, tu fermes ta gueule ». Bref, j’espérais réellement tourner la page et me mettre à bosser sérieusement. J’voulais pas finir comme cette ordure de père qui m’a sorti de ses couilles, avec un boulot répugnant et des amis ivrognes, déboursant quelques euros pour ce taper la putain de coin ! Fallait que ça change. Que tout change jusqu’à ma façon de causer. Je sais bien ce que vous penser que je suis trop vulgaire. C’est à causes de mon père ça, il parle sans tourner sept fois sa langue dans sa bouche, sans discontinuer, aussi égocentrique qu’un facho. Je n’l’aime pas le padré, il est con comme une bille. Ma mère c’était tout autre chose, elle était instruite. C’est elle qui m’a donné l’envie de lire du Stephen King. D’ailleurs je porte le nom d’un de ses plus gros succès : « Charlie », sauf que dans le roman Charlie c’est une petite fille. Une petite fille qui, en colère, a le pouvoir de pyrokinésie. C’est à dire qu’elle fout le feu autour d’elle. Pas volontairement comme un pyromane mais par la pensée… Un putain de bon roman ce « Charlie » à s’en brûler la cervelle ! Bref, alors qu’elle était enceinte de moi, elle lisait ce roman. Elle l’a tellement aimé que ma mère m’a donné ce prénom, à ma naissance, Charlie. C’est vers l’âge de 8 ans que je me suis posé la question de savoir d’où venait mon prénom. Juste histoire de savoir pourquoi j’ai ce prénom et pas un autre. Alors le jour où je lui ai posé la question, ma mère, elle s’est rappliquée avec un bouquin de Stephen King. La suite vous la devinez. J’ai commencé à bouquiner du Stephen King jour et nuit. C’était comme une véritable obsession. C’est qu’il me faisait de l’effet le Stephen avec ses livres tous déjantés. À m’en masturber les méninges !

À suivre...

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