Chapitre 7 : Journée détente
La Golden Week débutait aujourd’hui.
Miku avait des projets pour ces courtes vacances, comme aller voir les amis qu’elle s’était faite à l’école ou les inviter à la maison. Elle semblait s’être adapté à sa nouvelle vie à Tokyo. J’aurais aimé dire que c’était aussi mon cas…
Je n’avais pas vraiment d’amis, ici. Les filles de la classe m’avaient mises à l’écart, à cause de mes oreilles percées et des rumeurs qui ont commencées à courir sur moi. Quant à savoir si c’était elles qui les avaient lancés… Les garçons, ils n’osaient plus m’adresser la parole quand j’en ai rembarré un qui matait mes seins au lieu de me regarder dans les yeux quand il me parlait. Enfin, il y en avait bien un qui me parlait. Et oui, Kamiya Jin. J’avais toujours droit à son éternel demande idiote quotidienne de sortir avec lui mais parfois, il essayait de faire la conversation, essentiellement sur les cours. Les autres n’aimaient clairement pas ce qu’il faisait mais lui avait l’air de s’en ficher. À mon avis, cela venait du fait qu’il ait grandi en Amérique.
Les seules personnes que je pouvais considérer comme proche du statut « amies », c’était les membres du club de musique. Enfin, plus spécifiquement, Junko et Enoshima. La Présidente Majima… Avec elle, disons que je ne savais pas encore sur quel pied danser.
Bref, tout ça pour dire que la Golden Week commençait et que je prévoyais déjà de me faire chier. Yuna avait entraînement et autre tous les jours, maintenant. Saya préparait son futur déménagement. Et Shûhei…
Depuis l’incident de la dernière fois, lui et moi avions mis les choses à-plats et je pensais naïvement que tout allait redevenir comme avant. Mais maintenant, je n’arrivais plus à le regarder en face sans être gênée ! En plus, je me suis surprise à parfois de fixer ses lèvres et de repenser à ce baiser. Avec envie ! Je me détestais pour ça ! Du coup, j’essayais de ne jamais être seule avec lui ! Ce qui n’était pas très difficile habituellement, puisqu’il travaillait. Mais avec la Golden Week, malheureusement, je pourrais tomber sur lui à la maison, le matin, avant qu’il ne parte à la rédaction. J’ai essayé d’imaginer mille plans pour l’éviter, avant que la raison ne me revienne. Je devais agir ! Enterrer ces pensées profondément et agir normalement ! Oui ! C’était la meilleure chose à faire ! Selon moi… Peut-être…
Premier jour de la Golden Week, donc.
Il était encore assez tôt mais j’étais déjà debout et aidai Saya à préparer le petit-déjeuner. Yuna était déjà partie. Quant à Miku et Shûhei, ils n’allaient sans doute pas se lever de suite. Surtout Miku. Je la connaissais : s’il n’y avait pas école, il n’hésiterait pas à traîner dans son lit.
Nous avons donc pris notre petit-déjeuner à deux, avant que Saya ne parte à son tour. Prendre un nouveau logement, ça occupait.
Je suis allé me laver et me préparer pour la journée, bien que je n’ignorais honnêtement quoi faire de mon temps libre. Peut-être un peu de guitare, peut-être.
Alors que j’étais sûr le point de sortir de la salle de bain, la porte s’est ouverte et je suis tombé sur Shûhei. Encore une fois, idiote que j’étais, j’avais oublié de verrouiller la porte ! Heureusement que j’avais fini de m’habiller, là !
-Ah, désolé…, dit-il en commençant à s’en aller.
-Non, non ! Je viens de terminer ! Tu peux… y aller, lui ai-je assuré en le tirant à l’intérieur par le bras avant que je ne sorte. Ah ! Saya et moi, on vous a fait à manger, à Miku et toi.
-Ah, merci. Elle dort encore ?
-Oui. Je devrais la réveiller, non ?
-C’est la Golden Week. On peut bien la laisser dormir autant qu’elle veut. Du moins, le premier jour. Surtout qu’elle a veillé tard avec Yuna pour regarder avec elle sa série Netflix…
-Si tu le dis…
-Tu as prévu de faire quoi, aujourd’hui ?
-Je… sais pas encore. Peut-être pratiquer un peu de musique peut-être. Et… et toi ?
-Je dois passer à la rédac’ tout à l’heure, puis j’ai rendez-vous avec l’auteure dont je m’occupe et après, j’enchaîne avec une réunion avec quelqu’un qui vient montrer ses planches pour faire ses débuts et une autre encore avec Gon. Et je vais sans doute devoir repasser à la rédaction pour d’autres trucs…
-Tu es vraiment occupé, dis donc…
-Et encore, je te décris une journée plus ou moins légère.
Sitôt ces mots dit, il sembla déprimer un peu et dit qu’une douche lui ferait du bien, en commençant à enlever son t-shirt.
-ATTENDS QUE JE SOIS PARTI, PERVERS !!
Je lui ai aussitôt claqué la porte au nez et me suis enfuie dans ma chambre.
Idiote ! Je l’avais insulté alors que franchement, ce n’était pas si grave que ça. Mais quand même… Se mettre torse nu comme ça devant une adolescente… Ce type n’avait aucune pudeur ou quoi ?
Ou alors, il n’était pas bien réveillé à cause de tout son travail de la veille ? Peut-être.
En mettant mes piercings à l’oreille, je me suis dit que pendant qu’il se douchait, je pourrais lui réchauffer son petit-déjeuner…
Je suis alors descendu pour tout réchauffer. Alors que je lui sortais son bol et ses baguettes, Miku est descendu de sa chambre, à peine réveillée.
-Tiens, bonjour, la dormeuse, lui ai-je dit en rigolant un peu.
-B’jour, marmonna-t-elle. J’ai faim.
-Va te laver la figure et les mains, avant de manger !
-Moui…
Tandis qu’elle marchait vers la salle de bain au radar, je lui sortais son bol et ses baguettes.
Quelques minutes après, elle et Shûhei sont descendus prendre leur petit-déjeuner et je leur ai tenue compagnie avec un tasse de thé.
-Grand frère ! fit Miku après avoir fini.
-Oui ?
-Est-ce que mes amis peuvent venir à la maison demain ?
-Ah… Tu en avais parlé avec Yuna, c'est vrai. Ma foi, je préférerais qu’il y ait une grande personne à la maison pour ça.
-Grande sœur sera là, non ?
-Hein ? ai-je dit, surprise. Heu… Je pense, oui.
Shûhei réfléchit un peu puis donna son accord, si j’étais là. Avant de partir travailler, il m’a dit que je pouvais aussi inviter des amis, si je le voulais. À condition qu’on range après.
En y réfléchissant, ce n’était peut-être pas une mauvaise idée. Mais de l’autre, est-ce que je pouvais me le permettre ? Je voulais dire, les filles du club de musique, je les connaissais depuis tout juste un mois… Mais ce serait une bonne occasion de briser un peu la glace…
(RAAAAAH ! Et puis merde, à la fin !)
Je les ai invités à venir via LINE. Elles ont accepté. Même la Présidente.
…
(Voilà ! Maintenant, je suis nerveuse, à penser à demain ! Un peu de musique me détendra…)
J’ai alors attrapé ma guitare puis ai joué quelques accords, tout en l’accordant un peu. Encore quelques notes pour vérifier si tout est bien accordé. Les premiers accords de la chanson que j’aimais pratiquer puis moi, qui commence à chantonner :
« You got me lifted shifted higher than a ceiling
And ooh wee it's the ultimate feeling
You got me lifted feeling so gifted
Sugar how you get so fly ?... »
C’était mon petit rituel, pour m’échauffer un peu, avant d’entamer la pratique. Je reprenais d’autres chansons aussi, mais c’était ma préférée pour ce moment. Ma clef de sol, en somme.
J’ai passé le reste de la journée à pratiquer la guitare et un peu le chant, sauf la fin d’après-midi où j’ai passé un peu de temps avec ma petite sœur.
Quand nous étions seules, je m’inquiétais toujours sur le fait de savoir si elle allait vraiment bien. Quand Maman est morte, elle était presque tout le temps triste. Et depuis qu’elle avait retrouvé son grand frère, elle paraissait enjouée en permanence. Je n’allais pas jusqu’à penser qu’elle avait si vite oublié Maman mais quand même…
Non, je devais me faire de fausses idées ! Et puis, je devrais plutôt être contente qu’elle sourit. J’aurais juste aimé avoir réussi ça avant.
Ce soir-là, Shûhei est parvenu à rentrer assez tôt avec des courses et, pour une fois, c’était lui qui allait préparer à manger. Miku a voulu l’aider et moi, j’ai essayé de l’en dissuader, en prétextant que ça pouvait être dangereux. Toutefois, Shûhei lui a proposé de préparer la viande hachée pour en faire des steaks si je l’aidai. Ça a suffi à Miku pour exploser de joie. Et au moins, ce n’était pas dangereux comme manipuler un couteau ou je ne sais quoi.
J’ai donc donné un coup de main à ma sœur, pendant que Shûhei s’occupait du reste. Depuis que nous sommes chez lui, il me semblait que c’était la première fois qu’il faisait la cuisine pour nous. Je ne lui reprochais rien : je comprenais que son travail lui demandait pas mal de temps et d’énergie et, une fois chez lui, il n’avait pas forcément la tête ou la force de cuisiner.
Il nous a prévenu qu’il n’était pas un cordon bleu comme Yuna mais qu’au moins, ses plats étaient comestibles. Miku le regardait avec des yeux admiratifs et fiers quand il faisait cuire les steaks que nous avions préparé. Puis vint la déception quand il fit sauter quelques légumes dans la poêle, voire le dégoût. Surtout à la vue des poivrons.
-Faut manger des légumes pour rester en bonne santé, argumenta-t-il. Surtout à ton âge.
-J’aime pas les poivrons…, lui dit Miku.
-Tu peux ne pas en prendre beaucoup mais tu dois en manger.
-Grande sœur !
Miku réclamait mon aide. En vain.
-Désolée, Miku, mais Shûhei a raison.
-Mais ! C’est pas juste ! Toi, tu manges pas les oignons !
-Hng !
Shûhei m’a lancé un regard semi-sévère.
-Tu mangeras les oignons, m’a-t-il dit. On ne gâche rien.
-Oui…
Il avait raison sur ce point. Mais quand même…
(Saloperies d’oignons…)
Le dîner était plutôt bon. Clairement, c’était très en-dessous de ce que préparait Yuna ou Saya mais c’était agréable en bouche. Enfin, pour moi. Pour Miku, on aurait dit qu’elle mangeait un plat préparé par un grand chef. Et même si elle grimaçait à chaque bouchée, elle mangeait bien ses poivrons.
Vers la fin du repas, alors que nous nous apprêtions à débarrasser, le téléphone de Shûhei a sonné. J’ai alors supposé que ce fût pour le travail mais…
-Allô ?... Oui, je me rappelle de vous… Un instant, je vous prie.
Il nous a demandé de finir de débarrasser avant de quitter la salle à manger pour parler à son interlocuteur (ou interlocutrice) dans une autre pièce. Apparemment, c’était privé. Il faisait beaucoup ça, quand il s’agissait d’un appel professionnel. Pendant un temps, je pensais qu’il voyait quelqu’un dans le dos de Yuna… Surtout depuis que je l’avais surpris, par mégarde, en train d’embrasser Saya quand ils pensaient être seuls. Mais de ce que j’ai pu voir dans cette maison, Yuna était au courant et ne disait rien. Pire, elle semblait approuver. D’ailleurs, il m’avait semblait l’avoir surpris faire de même avec Saya… Qu’est-ce qui se passait vraiment entre eux ? Pourquoi Saya tournait autour de deux personnes en passe de se marier ? Pourquoi Yuna laissait faire !? Je savais que ce n’était pas mes affaires mais c’était troublant de savoir ça !
-Je suis rentrée…
(Quand on parle du loup…)
C’était la voix de Yuna. Elle débarqua dans la cuisine en tenue décontractée avec son sac de sport.
-Bonsoir, lui ai-je dit. On vient de finir de manger mais je peux te réchauffer un truc, si tu veux…
-Oh, je ne dis pas non… Ma journée a été éreintante. En plus de l’entraînement, j’ai dû faire une interview pour donner mes impressions sur mes débuts dans le circuit professionnel japonais.
-Et tu leur as dit quoi ?
-Ce qu’ils voulaient entendre…
Visiblement, elle ne voulait pas en parler plus que ça et je n’ai pas insisté. Alors qu’elle faisait des papouilles à Miku et que je lui servais de quoi manger, nous avons entendu des cris. C’était la voix de Shûhei et il était vraiment en colère.
-NE VOUS FOUTEZ PAS DE MOI !! Vous n’avez absolument rien fait pour elles et maintenant, vous avez le culot de me demander ça !
C’était la première fois que Miku et moi entendions Shûhei hausser le ton comme ça. Lui qui nous apparaissait toujours si calme, ça nous a fait un choc.
Yuna m’a confié Miku et est parti voir de quoi il en retournait, alors que la voix forte et colérique de Shûhei résonnait dans toute la maison. Au point d’effrayer Miku, qui se blottit contre moi. Je pouvais le comprendre : ces cris étaient très proches de ceux de mon beau-père, quand il s’énervait…
Après quelques minutes, les cris ont cessé puis Yuna est revenue nous voir, en nous assurant que c’était terminé. Toutefois, elle n’a pas voulu nous dire les raisons de la colère de Shûhei. Nous avons juste eu le droit à un « C’est une affaire compliquée » et après nous avoir remercié pour lui avoir réchauffé son repas, elle nous a renvoyé dans nos chambres.
Avant que je ne m’endorme, je les ai entendu parler brièvement dans le couloir de l’étage. Des bribes de conversations plutôt. Rien d’intéressant, puisque Shûhei a voulu qu’ils poursuivent cette discussion dans leur chambre. Là, je n’ai plus rien entendu.
Après cela, difficile de s’endormir sereinement et de penser à demain.
Le lendemain matin.
Yuna était déjà partie et Shûhei n’a pas traîné après le petit-déjeuner. Il m’a désigné responsable de la maison jusqu’à son retour et celui de Yuna. Ce qui voulait dire que s’il se passait quoi que ce soit, je serais tenue pour responsable. M’a-t-il expliqué en plaisantant à moitié.
Les amis de Miku arrivaient à dix heures et il était tout juste neuf heures. Les membre de mon club ne seraient là qu’après treize heures. Moi et Miku sommes donc allé faire quelques courses pour avoir de quoi grignoter pour nos invités et de quoi avoir à déjeuner pour les plus jeunes. Miku était très contente de cette sortie. Elle disait qu’elle avait l’impression d’être responsable, comme moi. Si elle savait que Maman n’a pas voulu m’envoyer faire des courses toute seule avant mes huit ans, de peur que je me perde… J’avais un sens de l’orientation déplorable, à l’époque, mais quand même ! On était au Japon, l’un des pays les plus sûr qui existait. Son inquiétude était un peu excessive, non ?
Dix heures tapantes, on sonna à la porte. Miku alla ouvrir pour accueillir ses amis : deux filles toutes mignonnes… et un garçon !? Miku avait toujours eu du mal à s’entendre avec les garçons depuis la maternelle, donc ma surprise était justifiée.
Elle m’a de suite présentée à sa petite bande et ils se sont présentés à moi : Momoko, Aï et Kentarô. Après cela, Miku m’a demandé s’ils pouvaient utiliser le salon. J’ai donné mon accord, à condition qu’ils rangent s’ils dérangent. Ce qu’ils ont acceptés.
Alors que j’étais à la cuisine pour leur préparer un petit truc à grignoter, j’ai vite compris pourquoi ils voulaient investir le salon : faire une petite partie de Super Smash Bros. Ultimate avec la grande télé du salon. Les petits invités avaient même apporté leurs propres manettes pour jouer. J’ai leur ai déposé de quoi grignoter et boire sur la table basse du salon, avant de les laisser s’amuser. En quittant le salon, j’ai entendu Momoko et Aï dire que j’étais jolie. Kentarô, lui, a dit que j’étais cool avec mes piercings.
Je n’ai pas pu m’empêcher de rire un peu.
(Ah, les enfants…)
Après un déjeuner simple et avoir tout nettoyé, treize heures est vite arrivé. Et mes propres invitées aussi, lorsque la sonnette retentit. En allant ouvrir la porte, cela m’a fait quelque chose de voir Junko et Enoshima en tenue décontractée, moi que je m’habituai à ne les voir qu’en uniforme. Celle de la Présidente… montrait un poil trop de peau, selon moi. Rien de vulgaire ou d’indécent mais sa tenue se résumait à un short-jean assez court et un débardeur qu’elle avait noué à l’avant, laissant à découvert son ventre. Et je constatais qu’elle aimait beaucoup les bracelets, vu le nombre qu’elle portait à son poignet gauche.
-Salut, salut ! me fit une Junko enjouée. Dis donc, en voilà une grande maison. Enfin, moins grande comparée à celle de la Présidente, mais quand même ! Tes parents gagnent bien leur vie !
-Hé ! Junko ! fit la Présidente en lui tapant la tête.
-AÏE ! Quoi ? Qu’est-ce que… ? Ah !
Junko venait de se rendre compte de sa gaffe. Quand je les ai invités, je leur avais expliqué pourquoi je vivais chez le demi-frère aîné de ma sœur. Elles savaient donc pour ma mère…
-Pardon ! s’empressa de dire Junko. Je ne voulais…
-C’est pas grave, lui ai-je dit. Entrez. On devrait parler de ce qu’on devrait faire pour recruter de nouveaux…
-Je t’ai dit que je m’en chargerai, m’assura la Présidente. T’inquiète pas de ça et amusons-nous un peu.
Elle l’avait bien dit mais je n’étais pas sereine pour autant. Ça aurait été dommage que le club ferme alors que je venais de le rejoindre…
Une fois au salon, les filles ont fait la connaissance de ma sœur et de ses amis. Et de ce que je voyais, le look de la Présidente les avait surpris. Et pas seulement à cause de ses mèches blondes, je pense…
Pendant que je préparer à boire et de quoi grignoter (encore) pour tout le monde, Junko a très vite sympathisé avec les petits et bien vite, ils ont relancé ensemble la Switch pour une partie de Smash Ultimate.
Peu après, moi, Enoshima et la Présidente sommes montées dans ma chambre discuter musique, quels morceaux ont aimerait travailler, ce genre de choses… On a même pensé à travailler des chansons originales. Et on allait devoir confier la tâche d’écrire les paroles à la Présidente car c’était la seule, actuellement, à faire des textes potables. Pour ma part, je m’y étais essayé à plusieurs reprises mais sans grand succès et Enoshima assurait que ses textes étaient plus plats qu’autre chose.
Après cela, nous sommes redescendues pour nous assurer que les autres allaient bien. La Présidente m’a demandé de lui indiquer les toilettes et nous a dit qu’elle nous rejoindrait. Après les lui avoir montrés, j’ai rejoint le salon et Junko… se montrait sans pitié avec les enfants ! Elle éclatait leurs personnages avec une telle facilité que j’avais de la peine pour eux…
-Grande sœur ! À l’aide ! me fit Miku avec des yeux suppliants.
Personne ne malmenait ma sœur impunément ! J’ai accouru à sa rescousse, pris la manette et ma Lucina avec pour objectif d’éclater le Cloud de Junko. Je n’étais pas une experte en jeu vidéo mais sur Smash, je me défendais ! Au début, j’ai eu du mal parce que Junko avait un bon niveau de maîtrise de son personnage, mais avec l’aide des objets, j’ai pu la corriger deux ou trois fois. Mais Junko avait sa fierté et à exiger qu’on règle ça en vrai combat, sans objets. Et j’ai fait l’erreur d’accepter… Face à son Captain Falcon, ma Lucina n’a pas fait long feu. Cinq défaites. Cinq défaites consécutives pour moi. J’ai été humilié devant ma petite sœur et ça me déprimait…
-C’est pas grave, Grande sœur ! Tu as bien combattu, au moins !
Son réconfort me faisait encore plus mal…
Pendant que Junko affirmait avec fierté sa suprématie sur Smash et que Kentarô réclamait une revanche, je remarquai que la Présidente Majima n’était toujours pas revenue des toilettes. Je suis allé voir si tout allait bien mais les toilettes étaient vides. Inquiète qu’elle traîne librement dans la maison, j’ai commencé à la chercher en l’appelant.
Ce fût à ce moment que je vis que la porte du bureau de Shûhei était ouverte. Pourtant, il le fermait toujours quand il n’était pas à la maison. Inquiète, je suis allé voir.
Je me suis alors rendu compte que je n’y étais jamais entré. Je n’avais aucune raison de le faire, aussi. L’espace était plutôt grand, dont la plupart des étagères remplies de livres et de mangas, la plupart sans doute édités par le Jump. Les autres contenaient des classeurs, sans doute des papiers pour son travail et d’autres plus personnels. Sur son bureau bien rangé, il y avait un PC qui commençait à dater et un ordinateur portable plus récent, entre les pots de stylos et crayons. Au sol, par endroits, il y avait d’autres livres et mangas avec plusieurs marque-pages…
Et la Présidente était au beau milieu de la pièce, debout, en train de lire l’un des mangas remplis de marque-pages.
-Présidente ! Qu’est-ce que tu fais ici !?
-J’explorais et je suis tombé sur cette pièce…
Mais quelle sans gêne ! En plus, Shûhei n’aimait pas qu’on entre dans son espace de travail ! Je devais…
-OUAH !! Y a pleins de mangas !
J’ai été surprise de voir Kentarô se glisser dans la pièce et s’émerveiller de ce qu’il voyait. Bien vite, tout le monde est arrivé pour découvrir ce recoin de la maison.
-Ouah ! Y a beaucoup de livres ! s’écrièrent Momoko et Aï.
-C’est là que Grand frère Shûhei travaille, dit fièrement Miku.
Enoshima aussi semblait émerveiller de voir une bibliothèque si bien fournie. Junko, elle, avait une drôle de tête. Elle s’est tournée vers moi et m’a demandé :
-Heu… Yuko-chan ? Ton frère, ce serait pas une sorte d’otaku ou un truc comme ça ?
-Quoi ? Mais pas du tout ! Il est éditeur pour le Jump !
-Hein !? Sérieux !?
-C’est quoi, un étideur ? demanda Kentarô alors qu’il essayait de tirer un tome de Naruto de son étagère.
-Un éditeur ! ai-je corrigé. En gros, c’est celui qui aide le mangaka à faire en sorte que son manga soit dans le magazine Shûkan Shônen Jump. Kentarô ! Attention ! Tu vas tout faire tomber !
-Mais non, je… WAAAAH !!!
-Kentarô !!
Il a tiré trop fort sur le tome qu’il voulait, ce qui a entraîné la chute de ceux qui étaient à côté.
-Pardon ! dit-il en pensant qu’il allait se faire gronder.
-C’est pas grave… Allez, on range ça vite et on sort. Tout le monde !
Tout le monde semblait déçu et je pouvais les comprendre. Ils étaient curieux d’explorer cette espèce de caverne aux merveilles de culture mais cet espace, c’était celui de Shûhei et sans son accord, il était hors de question qu’on reste !
Après avoir rangé et être sortie, pour leur changer les idées, j’ai proposé qu’on regarde quelques séries sur Netflix. Ce qui a marché. Le temps de se mettre d’accord sur quoi regarder, ils avaient oublié le bureau de Shûhei.
Vers la fin de l’après-midi, juste avant que le soleil ne commence à se coucher, tout le monde a estimé qu’il était temps d’y aller. J’étais un peu inquiète de laisser les plus jeunes partir seuls mais ils m’ont assuré que ça irait car ils vivaient dans le quartier.
-La prochaine fois, on va chez la Présidente, déclara Junko avec enthousiasme, le poing levé.
-On verra si t’es sage…, lui dit la concernée.
-Allez, quoi !
-On verra ! Bien, il est temps pour nous d’y aller. Salut, Yu…
Alors qu’ils enfilaient leur chaussure, la porte s’est ouverte et la voix de Yuna s’est fait entendre :
-Je suis rentrée !
-Grande sœur Yuna !
Dès qu’elle franchit la porte en survêtement de sport, Miku lui a sauté dans les bras pour lui faire un gros câlin.
-Ouh ! Ma petite Miku adorée qui m’accueille après une dure journée ! Quel régal !
-Hihihi !
Pendant que Yuna couvrait ma petite sœur de bisous, les autres étaient plantés là, estomaqués. Je devinais sans peine qu’ils avaient reconnus Yuna.
Peu après, Momoko et Aï ont voulu savoir de la part de Miku comment se faisait-il que Yuna soit ici. Chose que les membres de mon club ont aussi voulu savoir de ma part. Voyant la situation, Yuna a ri et s’est présentée :
-Ravie de vous rencontrer. Je suis Nishiyama Yuna, la fiancée du grand frère de Miku. Merci de prendre autant soin des filles.
L’étonnement fut à son paroxysme. Plus chez les membres de mon club. Yuna ne cachait pas vraiment qui était son fiancé mais elle évitait quand même de trop s’étendre dessus, pour préserver son bien-être. Et là, elle leur apprenait que son fiancé, c’était mon tuteur.
-Yuko-chan ! s’écria Junko. Pourquoi tu nous a pas dit que ton tuteur, c’était le fiancé de la célèbre Nishiyama Yuna ! Attends… Pourquoi j’ai pas fait le lien entre vos noms ! Quoique Nishiyama, c’est un nom courant, aussi… AAAAH !!!
-Junko, arrête de réfléchir, lui dit la Présidente. Tu te fais du mal…
-Mais Présidente ! Tu n’es pas surprise !?
-Si, mais moi, je ne cris pas au point de…
-C’est quoi, ces cris ? Vous dérangez les voisins.
C’était Shûhei, qui rentrait étonnamment tôt.
-Grand frère !
Miku lui sauta dessus pour lui faire un câlin.
-Hé, salut, toi ! lui dit-il en caressant sa tête. Tu t’es bien amusé ?
-Oui !
Elle a ensuite présenté ses amis et j’ai présenté rapidement les membres de mon club. Tous l’ont regardé avec une lueur de curiosité dans les yeux, mais ils ne purent rester plus longtemps. Les amis de Miku nous saluèrent et partirent en premier, suivis bien vite de Junko et Enoshima, qui me dirent qu’elles me contacteraient plus tard sur LINE. La Présidente fut la dernière à partir, non sans passer ses doigts dans ses cheveux et de sourire à Shûhei avant. Je ne savais pas pourquoi, mais je n’ai pas aimé qu’elle fasse ça...
-Oooh, fit Yuna. Shûhei, tu as une fan…
-C’est qu’une gamine, dit ce dernier en rentrant et en fermant la porte.
-Hihi.
Visiblement, ces deux-là étaient bien conscients de leur environnement.
(L’âge ou l’expérience, j’imagine.)
Mais je m’étonnais que Yuna reste calme. Moi, si une fille jouait les séductrices avec mon mec, je…
Et l’image de moi dans les bras de Shûhei se dessina subitement dans mon esprit.
(… MAIS À QUOI JE PENSE !!!)
-Au fait, Shûhei, tu rentres bien tôt, dis-moi.
-Je ne fais que passer. Je suis revenu récupérer un papier et je file à une réunion, tout de suite après. Et toi, donc ?
-Moi ? J’ai juste fini plutôt pour passer du temps avec ma famille. Et mon fiancé, si possible.
-Je serais de retour pour le dîner, si c’est que tu demandes, Maman…
-Hihihi ! Allez ! Je vais me changer et voir ce que je peux faire pour le dîner. Vous m’aiderez, les filles ?
-Oui ! s’écria Miku, toute contente.
Shûhei s’en alla vers son bureau tandis que moi, je chassais l’image de tout à l’heure de mon esprit. La journée a été longue mais amusante. Miku s’était bien amusé et c’était le plus important, selon moi. Et moi aussi, je me suis bien amusé.
-QUI EST ENTRÉ DANS MON BUREAU !!
La voix forte d’un Shûhei énervé faisait peur et pour une fois, je me suis planqué derrière Yuna avec Miku. Mais à la tête de Yuna, je comprenais que le sermon était inévitable.
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