Chapitre 10 : Ma famille…

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Mai semblait s’écouler lentement…

Depuis que j’avais surpris cette conversation entre Shûhei et Yuna, j’essayais de me tenir informé de l’avancée de cette affaire avec ma tante. Ce n’était pas évident, vu qu’ils faisaient toujours en sorte de parler de ça à l’écart ou quand ils pensaient que moi et Miku étions couchées. Du peu que j’ai pu apprendre, ma tante ne cessait de les appeler pour obtenir quelque chose en rapport avec nous et qu’elle, Shûhei et Yuna avaient convenu d’une rencontre dans quelques jours. Bien entendu, ils ne nous ont rien dit. Pour Miku, à la limite, je pouvais le comprendre mais moi… Je n’étais plus une enfant, tout de même ! Et surtout, j’étais concernée ! J’aurais voulu le leur hurler mais ça aurait été admettre que je les avais espionnés. Et j’avais beau jouer la fille dure, Shûhei énervé me faisait peur…

(C’est bien la seule personne que je connaisse à avoir réussi cette exploit…)

Cette histoire occupait tellement mon esprit qu’il m’arrivait de m’y perdre. Surtout en cours. Une fois ou deux, les professeurs me ramenaient sur Terre en haussant le ton. Même Saya a dû me rappeler à l’ordre lors d’un de ses cours et m’a même convoqué en salle des professeurs. Elle n’était pas fâchée mais inquiète et m’a demandé si tout se passait bien à la maison, depuis son départ. Je lui assurai que oui. Ce n’était pas un mensonge. Pas vraiment. Globalement, tout se passait bien. Shûhei et Yuna faisaient tout pour. Mais cette histoire avec ma tante commençait à parasiter ma pensée…

Cette après-midi, avant que je ne rejoigne le club, ma guitare dans son étui sur mon dos, Kamiya m’a abordé :

-Hé, Nishiyama.

-Qu’est-ce que tu me veux ?

-Qu’est-ce qui ne va pas ?

-Rien. Tout va bien…

-Je vois bien que non. Il y a truc qui te tracasse, on dirait.

(Il a remarqué ça ?)

-Même si c’était le cas, ça ne te regarde pas.

-Je m’inquiète, c’est tout.

(Il m’énerve !)

-Pourquoi ? On est pas amis, toi et moi !

J’avais haussé le ton, au point où ma voix a résonné dans le couloir, et je suis parti en le plantant là. Je savais que ce que je venais de lui dire était rude mais ça restait la vérité. Lui et moi n’étions pas amis et il n’avait pas à se mêler de mes affaires !

(Merde !)

En approchant de la salle du club, j’ai entendu de la musique provenant de l’intérieur. Quelqu’un jouait sur le piano. De la musique classique. Et très bien, en plus. Discrètement, j’ai ouvert la porte et j’ai aperçu Igawa faire danser ses doigts sur les touches du piano, les yeux fermés pour se concentrer sur les notes qu’elle jouait. Elle donnait l’impression de veiller à ce que chaque note soit à sa place comme la partition l’indiquait. Mais je ne savais pas… C’était bien joué mais j’avais l’impression qu’il manquait quelque chose au tout.

Quand elle eut fini, il souffla aussi légèrement qu’un papillon.

-Tu espionnes souvent les gens comme ça ? demanda-t-elle subitement en ouvrant les yeux.

-Ah, désolée… Je ne voulais pas te déranger.

Elle se tourna sur son siège et me fit face.

-Tu es en avances, non ? ai-je fait remarquer.

-Je ne fais que prendre ce qu’on m’a promis, dit-elle.

-C’est-à-dire ?

-La Présidente m’a dit que si je rejoignais le club de musique, je pourrais disposer de la salle pour pratiquer.

-Tu joues du piano en-dehors du lycée ?

-Oui.

-Mais tu ne suis pas de cours particulier ? Ou un piano chez toi ?

-J’avais un bon professeur avant mais il a déménagé à l’étranger. Et j’ai bien un piano chez moi mais pour des raisons personnelles, je ne peux pas l’utiliser.

-Hm, je comprends mieux.

Un silence s’installa. Gênant.

Heureusement, mon téléphone me sauva en m’indiquant que j’avais reçu un message de la part de Junko.

-Apparemment, Junko et Enoshima vont être un peu en retard. Elles sont responsables du ménage de leur classe, aujourd’hui.

TING !

Nouveau message.

-…et la Présidente dit qu’elle ne viendra pas aujourd’hui.

-Pourquoi ?

-Va savoir…

-À t’entendre, on dirait qu’elle fait ça souvent…

-Quelques fois, oui…

J’ai alors posé mon sac et ai commencé à sortir ma guitare de son étui.

-Ça ne te gêne pas ? ai-je demandé. Si tu n’as pas fini…

-Non, ça ira pour le moment. Et puis, je suis curieuse de voir ce que tu sais faire.

(Ouah, j’ai pas du tout la pression… Enfin, c’est pas comme si je n’avais jamais joué devant un public.)

J’ai d’abord joué quelques accords pour accorder ma guitare et pour m’échauffer un peu avec mon petit rituel. Ensuite, je me suis amusé à faire une petite reprise dont j’avais le secret :

« And you don’t seem to understand

A shame you seemed an honest man

And all the fears you hold so dear

Will turn to whisper in your ear… »

J’ai toujours aimé la version acoustique de cette chanson et je me souviens m’être entraîné des heures pour pouvoir la jouer correctement. Le plus dur, c’était les paroles. Autant, chanter en japonais ne posait pas de problèmes mais l’anglais, avant, n’était pas quelque chose que je maîtrisais bien. En classe, c’est à peine si j’avais la moyenne dans cette matière. Là aussi, j’ai dû travailler longtemps pour bien reprendre les paroles. Au début, je chantais en anglais avec un accent horrible mais petit à petit, à force de m’exercer et de pratiquer en-dehors des cours, je trouvais que c’était acceptable.

Igawa m’a écouté jouer et chanter sans rien dire. Elle ne montrait pas qu’elle aimait mais elle ne montrait pas non plus qu’elle détestait. Elle restait là, à me regarder avec intérêt, comme si elle tentait de comprendre une sorte phénomène qui la dépassait.

Ou alors, c’est moi qui surinterprétait et elle ne faisait qu’écouter avec attention.

Dans tous les cas, elle m’a écouté jusqu’au bout.

-Alors ? Verdict ?

Elle me fixa un moment, le visage impassible comme une statue. Puis lança un :

-Ce n’est pas mal…

Je savais pas si je devais bien le prendre ou pas. Est-ce qu’elle n’avait pas aimé plus que ça ou n’était-ce pas le style de musique qu’elle aimait ?

Je n’ai pas eu le temps de creuser plus : Junko et Enoshima sont arrivées juste à ce moment-là et nous avons commencé à travailler sur une ou deux chansons en groupe. Igawa fut mise devant le clavier mais ce n’était pas « exactement » comme jouer du piano et nous avons dû l’aider à faire ses premiers pas avec...

Ce soir-là, Shûhei rentrait tard. Ma montre affichait presque minuit quand j’ai entendu la porte d’entrée claquer. Yuna a voulu l’attendre, malgré sa journée éreintante, et je soupçonnais que c’était pour parler de cette rencontre avec ma tante.

Discrètement, je me suis faufilé hors de ma chambre pour rejoindre l’entrée du salon, tout en tâchant de ne pas me faire entendre.

-Elle t’a encore contacté ? demanda Yuna.

-Cette vieille commence à me gonfler…, maugréa Shûhei. Mais on s’est enfin mis d’accord pour une date.

-Elle est gonflée ! Elle nous exige des trucs et on devrait le faire selon son bon vouloir !? J’ai bien envie de lui donner une claque, comme la dernière fois !

-Moins fort ! Tu vas réveiller les filles !

-Pardon… On doit la voir quand, alors ?

-Ce samedi, en début d’après-midi. Dans le restaurant familial où je rencontre souvent l’auteure dont je suis responsable. Dans un lieu public, elle n’osera pas faire de scandale quand on lui dira d’aller se faire voir.

-Bien. Mais ça veut aussi dire que je ne pourrais pas la taper, en public…

-Yuna, tu as le sang trop chaud, depuis ton retour d’Amérique…

-Tu ne te plains pas que je sois chaude, quand on est seul…

-… Pardon, c’était censé être une blague ?

-Maaaaais heu ! J’essaie de détendre mon fiancé qui doit être exténué par sa journée de travail…

-Essaie autre chose parce que tes blagues…

-Non mais dis donc ! Je ne te permets pas de juger mon humour comme ça ! Tu vas voir !

-Tu te rends compte de comment ça va se finir, si tu me sautes dessus ?

-Oh oui, mon Shûhei ! Montre-moi ce que tu sais faire en me prenant par…

La conversation prenait un tournant qui ne me regardait pas et je suis vite remonté dans ma chambre pour leur laisser un peu d’intimité.

(J’espère au moins qu’ils nettoieront après leur affaire…)

Mais au moins, je savais où ils comptaient rencontrer ma tante et je comptais bien y assister discrètement. J’estimais que c’était mon devoir de me tenir au courant de ça, pour notre bien, à Miku et moi…

Quand j’ai atteint ma chambre, j’entendis Yuna glousser et gémir légèrement. J’ai rougi de honte.

(Ils pourraient quand même faire ça dans leur chambre…)

L’espace d’un instant, je les ai imaginés le faire. Mon esprit s’attarda surtout sur Shûhei puis commença à dessiner sa…

(NON !!!)

J’ai fait en sorte de chasser cette pensée précise de ma tête, surtout avant d’aller me coucher ! Idiot de Shûhei ! Idiote de Yuna !

Cette nuit, j’ai fait des rêves bizarres de beaux garçons qui se transformaient en Shûhei. Et deux-trois en Kamiya.

Sigmund Freud serait en train de se foutre de moi, s’il savait. Et s’il était encore de ce monde…

Le lendemain, au petit-déjeuner, j’ai jugé le couple avec mon plus sévère regard et ils ont fait mine de ne pas avoir remarqué. Adultes dépravés, va…

Samedi est arrivé bien vite, à mon goût.

Je suis parti plus tôt en prétextant une sortie avec des amies et je me suis rendu devant le restaurant où ils devaient se rencontrer. Pour passer incognito, j’ai apporté une casquette, des lunettes de soleil et un masque, que j’ai enfilé quand j’ai vu Shûhei et Yuna, bien habillés, entrer. J’ai attendu quelques minutes puis suis entré à mon tour. Quand la serveuse m’a accueilli, non sans me regarder avec un air un peu surpris (Comment lui en vouloir ?), je lui ai demandé une table proche de celle que le couple avait prise, pour que j’ai une bonne vue sur eux. Ma tante n’était pas encore là et en attendant, ils avaient commandé de quoi boire et manger un peu.

(Autant faire de même…)

Quand mon soda et ma glace sont arrivés, ce fut ce moment que choisit ma tante pour enfin se montrer. Shûhei et Yuna la saluèrent poliment. Elle s’est contentée de hocher légèrement la tête et encore, je soupçonnais qu’elle le fasse à contre-cœur.

La garce ! Je ne l’ai jamais aimé ! Toujours à critiquer Maman sur sa vie quand elles se voyaient ! Les seules fois où je l’ai vu la complimenter, ce fut lorsqu’elle apprit que Maman allait se remarier avec un homme qui gagnait très bien sa vie et quand elle apprit qu’il lui avait fait un enfant, lui disant qu’eux d’eux formaient ainsi une vraie famille.

Cette connasse ! Quand Papa était encore en vie, elle n’avait que du mépris pour lui. « Quitte-le et trouve-toi un mari avec un vrai métier », qu’elle disait à ma mère. « Musicien, ça n’a rien de sérieux » ; « Si tu as des enfants avec ce bon-à-rien, ils ne seront pas mieux » et d’autres joyeusetés. C’était pour ça qu’elle se comportait si mal avec moi. Et Maman ne disait rien…

Elle ne disait rien parce qu’elle se fichait de son avis. Elle avait toujours fait ce qui lui plaisait, au grand dam de sa famille. Cette dernière, depuis toujours, lui avait dicté sa façon de vivre : les écoles qu’elle fréquentait, ses amis, ses hobbies, sa façon de s’habiller, de se comporter… Elle a docilement obéi jusqu’à son entrée à l’université, où elle s’est libérée de l’emprise toxique des siens. La même époque où elle a rencontré Papa. Ma tante, paraissait-il, aimait critiquer sur tout et rien et mes grands-parents maternels le méprisait pour être né et avoir grandi dans un foyer modeste, sans parler de son parcours scolaire plutôt ordinaire. Bref, à leurs yeux, il n’était pas assez bien pour leur fille mais surtout, en tant personne, il ne valait rien.

Ma mère et ses parents sont restés ainsi en froid jusqu’à leur mort. Je ne pouvais pas dire que je les avais aimés ou pas. Ils n’ont jamais voulu me rencontrer de leur vivant et de ce que j’ai appris plus tard, pour eux, je n’étais personne. Et ma tante, elle n’avait jamais complètement rompu le contact avec sa sœur… Peut-être espérait-elle la faire revenir sur le « droit chemin ».

-Alors, M. Nishiyama. J’espère que vous êtes venu me dire que vous acceptez ma proposition…, lui lança-t-elle avec un mépris indéfinissable.

-Une proposition ridicule, dit sèchement Shûhei. Vous pensiez réellement que j’allais accepter de vous donner la garde des filles comme ça ?

J’étais si choqué en entendant ça que j’ai faillit recracher mon soda. Ma tante voulait notre garde, à Miku et moi ? Mais pourquoi ?

-Pourquoi ? demanda Yuna. Et surtout, pourquoi maintenant ?

-Cela ne vous regarde pas. C’est une situation qui ne concerne que notre famille.

-Adressez-vous correctement à ma fiancée ou ça va mal se finir, lui dit Shûhei.

La tension autour de cette table était palpable et oppressante… J’avais l’impression que ça pouvait exploser à tout moment. Et Shûhei était encore plus flippant que les autres fois où je l’ai vu énervé…

-J’estime ce qui est de mieux pour mes nièces. Et vivre avec vous, franchement, c’était une erreur de ma part… Elles seront bien mieux, avec moi.

-Vraiment ? Et je suppose que ça n’a rien à voir avec cette affaire de succession…

-Miku va hériter de ses parents, certes, mais l’argent n’a rien à voir avec ma décision.

-Je ne parlais pas forcément d’argent. Et je vous signale que Yuko aussi hérite de par sa mère.

Ma tante a claqué sa langue à la mention de mon nom. Typique.

-Vous vous fichez bien des filles, continua Shûhei. Tout ce qui vous intéresse, ce sont les sommes sur les comptes bloqués qu’à ouvert leur mère à leur naissance.

-C’est ridicule… Ce sont les filles de ma chère petite sœur décédée. Je ne souhaite que leur bonheur.

-Ce n’est pas l’impression que vous donniez à son enterrement, lui fit remarquer Yuna.

-J’enterrais ma sœur et cette idiote de Yuko faisait son impertinente alors que ce n’était vraiment pas le moment ! Il fallait bien lui mettre un peu de plomb dans sa tête ! Quand on sait qui était son bon-à-rien de père…

Je me retenais de me lever et de lui foutre une !

-Avec moi, elle a encore une chance de devenir quelqu’un de respectable, poursuivit-elle.

-Et pour vous, qu’est-ce qu’une personne respectable ? demanda Shûhei en fronçant les sourcils.

-Quelqu’un qui a un métier digne de ce nom avec le salaire adéquat. À l’inverse de vous deux…

Non mais elle était…

-Vous êtes sérieuse ? fit Yuna en haussant un peu le ton.

-Regardez-vous. Un petit éditeur de manga… Une femme qui joue avec un ballon… La pauvre Miku ne peut grandir et s’épanouir convenablement avec deux personnes aussi peu fiables. Moi, j’ai un emploi dont je peux être fière, l’argent nécessaire pour m’occuper de Miku et les relations nécessaires pour lui donner un bel avenir. Et vous ? Qu’est-ce que vous pouvez bien leur offrir ?

-Quelque chose que vous leur refusez : un endroit où Miku et Yuko peuvent être ensemble !

-Ridicule. Elle deviendra une bonne-à-rien, avec des gens comme vous…

-Mme Tachibana, vous dîtes que vous ne souhaitez que le bonheur des filles ? intervint Shûhei.

-En effet.

-Pourtant, depuis un moment, vous ne parlez de comment vous élèveriez Miku. Pas un instant vous avez mentionné Yuko.

Ma tante grimaça à la mention de mon nom puis détourna le regard :

-Je ferais de mon mieux avec elle. Mais elle a un caractère difficile. Vous devez bien l’avoir vu.

-Au contraire. Elle fait tout pour s’adapter à sa nouvelle vie, même si ce n’est pas toujours facile. Elle garde le sourire et aide autant que possible à la maison.

Ma tante eut un petit rire méprisant.

-Elle ne doit pas avoir le choix, alors…

Shûhei a alors soupiré.

-Ça ne sert à rien de discuter. Vous nous faîtes perdre notre temps…

-Pardon ?! Je suis une personne occupée et c’est vous qui perdez votre… !

-Yuna, on s’en va. Et Mme Tachibana… Hors de question de vous confier les filles. Si vous voulez traîner ça en justice, faîtes donc. Mais sachez que nous ne nous laisserons pas faire…

Sur ces mots, lui et Yuna se sont levés et se sont dirigés vers la caisse pour payer leurs consommations.

-Pauvres imbéciles !

Ma tante a tapé des poings sur la table et s’est levé d’un bond.

-Élever une enfant n’est pas un jeu ! Pour qu’ils deviennent des personnes respectables, ils doivent être élevés par des gens respectable ! Je suis respectable ! J’ai réussi ma vie, à l’inverse de ma crétine de sœur qui a dû attendre d’épouser quelqu’un qui vit aisément et d’avoir une enfant avec lui !

Plus elle continuait et plus son ton devenait agressif. Les employés du restaurant sont venus la voir pour lui demander de se calmer mais elle ne les regardait même pas, comme s’ils étaient insignifiants.

-Si vous vous souciez de ce qui est bon pour Miku, vous la laisseriez venir avec moi ! Un enfant avec vous ne peut que mal finir ! Et pour le bien de notre société, j’espère que vous n’en aurez jamais de vous-mêmes !

À ce moment-là, c’était les paroles de trop. Je l’ai bien vu sur le visage de Yuna quand elle s’est arrêtée et s’est tournée vers ma tante. Elle a alors commencé à avancer rapidement dans sa direction, enragé, alors que Shûhei commençait à la rattraper. Je pouvais comprendre sa colère. Et je la partageais même…

Je me suis levé de ma table, ai enlevé mes lunettes de soleil et mon masque, puis…

-Ma tante !

-Quoi !?

En se tournant pour voir qui osait lui adresser la parole pendant qu’elle vomissait ses horreurs, elle n’a pas vu le mouvement que j’avais initié et la gifle que je lui donnai n’en fut que plus surprenante et choquante pour elle. L’une des serveuses cria de surprise et la plupart des clients ont regardé ce qui causait autant d’agitation. Quand elle rassembla ses esprits, ma tante me dévisagea en grinçant des dents.

-Toi ! Espèce de petite pétasse !

-Je vous interdis d’insulter Yuna et Shûhei ! Si on parle de gens respectables, ils le sont bien plus vous !

-Je vais t’apprendre à lever la main sur moi, petite t…

Elle était sur le point de me frapper et j’étais prête à encaisser voire à riposter.

Au lieu de ça… Yuna s’est jeté sur moi pour me protéger et Shûhei a accourut pour l’arrêter.

-Lâche-moi, bon-à-rien !

Dans sa rage, ma tante s’attaqua à Shûhei et lui griffa le visage, en plus de lui donner des coups. Finalement, les employés sont venus à sa rescousse, avec l’aide de deux autres clients, pour la maîtriser et l’emmener à l’écart. La police a été contacté par la suite et elle fut emmenée. La joue de Shûhei fut bien coupée mais pas profondément, mais on l’emmena quand même à l’hôpital pour se faire soigner. Un policier est venu avec nous pour prendre nos dépositions et obtenir les coordonnées de Shûhei pour le suivi de l’affaire.

En ressortant, j’ai quand même dû leur expliquer à tous les deux ma présence sur les lieux. J’ai eu droit à un sermon de leur part. Et des remerciements de la part de Yuna, qui m’a fait un câlin. C’était doux et chaud. Comme avec Maman… Yuna n’était pas elle et ne le serait jamais. Mais elle n’en avait pas besoin. Je l’adorais comme elle l’était.

Elle partit héler un taxi pour qu’il nous ramène à la maison. Shûhei avait appelé à son travail pour expliquer qu’il avait été agressé et que le médecin lui avait conseillé de prendre le reste de sa journée, juste au cas où.

Pendant ce temps, j’attendais avec Shûhei sur le parking de l’hôpital.

-Shûhei.

-Oui ?

-Merci… Pour tout.

Elle m’a regardé un instant puis a délicatement posé sa main sur ma tête et l’a caressé.

-C’est normal. On est une famille. On se serre les coudes.

(Faut pas dire des choses pareilles…)

Aussitôt, je l’ai pris dans mes bras et l’ai serré fort, tout en cachant mon visage contre son torse. Je crois qu’il a été un peu surpris mais il m’a laissé faire, en continuant de caressant ma tête. J’étais bien contre lui… Je me sentais un apaisé…

(Je crois que je commence à comprendre Yuna… Et Saya…)

-Hé ! Vous faîtes quoi ?

J’ai sursauté en entendant la voix de Yuna et me suis décalé en séchant mes larmes.

-Yuko ! Tu ne peux pas avoir Shûhei, enfin !

-DE QUOI ?! Mais n’importe quoi !

-Pourquoi tu étais dans ses bras alors ?

-Ce… c’est… voilà ! C’est que… Enfin…

-Oui, oui, oui, intervint Shûhei en me poussant vers le taxi qui attendait. On peut en parler à la maison ?

-Seulement si tu me promets des câlins une fois rentrée, déclara Yuna sans honte.

-Mais quelle gamine…

-Hihi !

Même le chauffeur semblait gêner d’entendre ça mais en bon professionnel, il n’a fait aucun commentaire…

À la maison, quand Miku a vu dans quel état était Shûhei, elle a insisté pour lui faire des câlins et des bisous pour l’aider à guérir. Au point de se battre (gentiment) avec Yuna pour avoir ce privilège. Ce qui était amusant.

-Grande sœur ! Toi aussi, viens faire un bisou à Grand frère pour le guérir ! me fit Miku.

Il y a encore peu, j’aurais hurlé un « Non ! » d’indignation. Mais là…

Sans trop hésiter, je suis venu lui embrasser la joue, avant de rapidement m’éclipser dans ma chambre, rouge comme une pivoine.

-Shûhei a une autre fan…, entendis-je Yuna lui dire avec un ton bizarre.

-Commence pas, toi, lui rétorqua son fiancé.

Il n’y avait pas à dire, la famille dans laquelle je vivais depuis quelques temps maintenant était bizarre. Mais c’était la mienne. Et je ne l’échangerais pour rien au monde.

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