Chapitre 11 : Les femmes de ma vie
Juin débutait.
Les températures commençaient à monter, pour mon plus grand malheur. Contrairement aux autres, je haïssais l’été. Depuis toujours.
À la saison estivale, j’avais toujours l’impression que je vivais mes derniers instants ; que je devenais un plat qu’on avait foutu dans un micro-onde à température maximale. Je songeais à acheter rapidement un climatiseur pour notre chambre, à Yuna et moi. Bon, elle, elle supportait mieux la chaleur que moi et vu qu’elle s’habillait légèrement pour dormir…
Ce matin-là, encore, elle se leva tôt. Elle se levait toujours tôt et moi, j’essayais de caler mon rythme avec le sien. De toute façon, par cette chaleur, même dormir me paraissait insupportable ou insurmontable…
-Bonjour, Shûhei…
Comme tous les matins, Yuna me disait bonjour avec un sourire radieux, comme lorsqu’elle venait me chercher chez moi lorsque nous étions en première année de lycée.
-Bonjour…
-T’es pas bien réveillé, toi… Shûhei, tu manques d’heures de sommeil. Je commence à m’inquiéter.
-J’ai pas le choix, avec l’histoire courte de mon auteure qu’on travail avant le rendu… Ah, je lui avais dit que c’était trop juste…
-C’est comment ?
-L’histoire est bonne mais le dessinateur qui accepté le travail bâcle pour travailler sur ses propres planches…
-Mais pourquoi ?
-Pour la raison stupide que l’histoire est écrite par une femme… Les planches ne sont pas finies mais je sens déjà arriver la catastrophe…
-Pauvre Shûhei… Viens que je te fasse un bisou pour te remonter le moral.
-Je suis pas un enfant !
Elle ne se priva pourtant pas de venir m’embrasser et de se lover contre moi comme un chat. Moi, faible que je suis face à elle, je l’ai laisser faire et l’ai câliné un peu.
-Shûhei, ça manque d’un chat, ici.
-Encore cette histoire ?
-Maaais heu ! Kurô me manque…
-Je sais, moi aussi… Mais il est vieux et il se sent mieux chez ma mère.
-Au fait, comment elle a pris ton annonce de te marier ?
-… Elle était en colère.
-Hein ?!
-J’avais oublié de lui dire. Elle a fait le lien avec ton interview et elle m’a appelé plus tard pour m’engueuler…
-J’aurais fait pareil ! Idiot de Shûhei !
-T’es bien la dernière personne qui peut se permettre de me traiter d’idiot !
Elle s’est mise à rire et à me chatouiller avec des baisers dans le cou.
-Tu as entraînement, aujourd’hui ? ai-je demandé.
-Non. Jour de repos. Que je voudrais passer avec toi !
-Yuna…
-Je sais, je sais. Tu travailles, aujourd’hui. Mais ce serait bien pour les filles si tu pouvais te libérer un peu, cet été.
-Tu sais que c’est difficile et…
-Je sais. Juste… Essaye. D’accord ?
J’ai soupiré.
-Je ne te promets rien…
Elle m’a souri et embrassé. Nous sommes restés encore un moment au lit à nous bécoter comme des adolescents, avant qu’on ne se lève pour prendre le petit-déjeuner.
En me voyant, comme toujours, Miku est venue me faire un « Bonjour, Grand frère ! » avant de me sauter dessus. Au moins, elle avait de l’énergie à revendre, cette gamine. Elle a fait la même avec Yuna et quand Yuko est descendue, pareil.
Depuis quelques temps, je remarquais que cette dernière se comportait bizarrement. Quand elle s’adressait à moi, elle avait souvent le regard fuyant ou elle rougissait sans raison. J’ai bien pensé à une explication mais elle me semblait si farfelue que je l’ai balayé rapidement. Mais dans l’infime possibilité où je touchais juste… J’étais dans une belle merde.
Quand les filles sont parties pour l’école, j’en ai profité pour faire un peu de rangement dans mon bureau avant de me préparer à partir à mon tour. Enfin, c’était mon but, jusqu’à ce que Yuna vienne, avec un sourire espiègle, en disant qu’on n’avait pas essayé dans mon bureau…
(Même quand on était ado, elle n’était pas aussi active…)
À la rédaction, Karin était fâchée. Aujourd’hui, elle recevait un jeune qui venait présenter ses planches et visiblement, cela ne s’est pas bien passé.
-Franchement ! Certains méritent des baffes !!
-Un souci, Karin ?
-Le type qui est venu, c’était le pire ! Pendant tout l’entretien, il n’a pas arrêté de me fixer et n’écoutait même pas la moitié de ce que je disais.
-Bah, il devait te trouver à son goût, non ?
-Ça aurait été flatteur, si ce n’était pas mes seins qu’il fixait sans arrêt…
-Ah, effectivement… Et ses planches ?
-J’ai… j’ai pas les mots, Senpaï ! Regarde !
Elle m’a passé les planches en question. C’était bien dessiné, oui, mais… le contenu n’était pas du tout adapté pour le magazine ! Trop… de filles dénudées, dans des positions suggestives et d’autres choses qui passeraient mieux avec des jeunes adultes et limite, des ados, mais on avait aussi des enfants qui lisait le Jump. De mémoire, je crois que même To Love-ru n’avait pas poussé l’aspect érotique à ce point.
-Rassure-moi, tu lui as dit que c’était pas possible ? ai-je demandé à Karin, inquiet.
-Oh que oui… Mais il n’en démordait pas et pour le faire partir, j’ai dû accepter de prendre ses planches.
-Mauvaise idée, Karin. Si tu as vu que ce n’était pas bon, tu aurais dû lui dire de repartir avec de manière ferme.
-Ah… Désolée.
-Bien. Maintenant, faudra le contacter pour lui dire que c’est un « non ». Fais ça dans la journée.
-D’accord… Brrr. Je me sens sale qu’un type comme lui m’ait reluqué. Si au moins, il avait été beau ou au minimum, mignon… Ah, mais toi, senpaï, tu peux…
-Finis cette phrase et je te fais faire des heures supp’ non rémunérés.
-Tu n’en as pas le pouvoir !
-Tu veux parier ?
À la vue de sa tête, j’en déduisait qu’elle ne voulait pas tenter le diable…
L’après-midi même, je retrouvais Kamado dans un café près de son université pour une réunion. Nous regardions les planches que le dessinateur avait terminé. Enfin, certaines étaient vraiment terminées. D’autres, on avait l’impression qu’il avait dessiné ça vite fait en se disant « J’ai mieux à faire que de dessiner ça ». Ce n’était pas la première fois et personnellement, j’en avais marre de lui.
(Lui, il peut faire une croix pour ses prochaines publications !)
J’ai soupiré et me suis incliné devant mon auteure :
-Mes sincères excuses. C’était le seul dessinateur qui a accepté ce travail et je constate qu’il ne rend pas honneur à l’histoire que vous aviez écrite…
-Non, Senseï ! Ne vous excusez pas ! C’est ma faute ! Vous m’aviez prévenu que publier pour cet été était trop juste et que si nous le faisions, nous ne pourrions plus faire de modifications…
-Je m’excuse quand même. J’ai failli en tant qu’éditeur…
-Non, c’est faux ! C’est moi qui n’en ai fait qu’à ma tête ! Mais cela m’a servi de leçon ! Ma prochaine histoire sera mieux et vous aurez plus de temps pour trouver le dessinateur qui convient !
Ses paroles étaient un peu réconfortantes mais c’était un fait : j’avais failli en tant qu’éditeur… Mais rester sur mon échec ne l’aiderait pas. Nous avons commencé discuter sur sa prochaine histoire, en laissant tomber l’idée de rattraper le coup avec les planches présentes. Enfin, je devais quand même faire en sorte, de mon côté, de sauver un peu les meubles. Mais pour l’instant, Kamado et moi travaillions sur l’après.
En travaillant ensemble, j’ai perdu la notion du temps et je voyais qu’elle fatiguait un peu. Je n’avais pas d’autres réunions aujourd’hui et je pouvais le consacrer plus de temps qu’à l’habitude. Mais je voyais aussi qu’elle fatiguait un peu. On a donc décidé de faire une pause et de recommander de quoi grignoter et boire, pour nous donner des forces.
Alors que la serveuse venait de prendre nos commandes, je vis une jeune fille accourir vers notre table, cheveux teints en blond.
-Mizu !? Qu’est-ce que tu fais là ?
Apparemment, elle et Kamado se connaissaient.
-Ah ! Maki ! Je…
-Tu m’avais dit que tu avais à faire cet après-midi ! Mais je pensais pas que tu avais un rendez-vous galant ! Pourquoi tu m’as rien dit ?! Je suis ta meilleure amie !
-Aaaah !! Non ! C’est pas…
Kamado, plus rouge qu’une belle tomate, venait de perdre tous ses moyens à la mention « rendez-vous galant » et n’a pas cessé de me jeter des regards gênés, ne savant plus où se mettre. À vrai dire, c’était aussi gênant pour moi et j’ai pensé qu’il serait plus judicieux de mettre les choses au clair :
-Bonjour. Je suis Nishiyama Shûhei, le responsable éditorial de Kamado Mizuhana.
-Oh, c’est vous, alors ! Mizu avait raison en disant que vous étiez bel homme…
-MAKI ! hurla la concernée.
-Mais quoi ? S’il te plaît vraiment, tu peux…
-TAIS-TOI !!
J’ai ainsi regardé Kamado tenter de faire taire son amie, qui en avait vraisemblablement trop dit. Il apparaissait clair que mon auteure vouait une certaine admiration pour moi, ancien écrivain, mais je devais bien admettre que je ne m’attendais pas à ça…
La sonnerie de mon téléphone m’a ramené sur Terre. Numéro inconnu.
J’ai quand même décroché.
-Allô ?
-M. Nishiyama ? Bonjour, ici le Professeur Mabuchi, de l’école élémentaire Kirara. Je suis le professeur de Miku.
-Il y a un problème ?
-Heu… Nous… Il y a eu un incident la concernant. Navré de vous déranger alors que vous travaillez, mais nous aurions besoin que vous veniez le plus vite possible.
(Un incident !? Avec Miku !?)
J’étais assez loin de l’école et avec les transports en communs…
-Je peux être là dans une vingtaine de minutes !
-Merci, M. Nishiyama. Et encore désolé du dérangement.
Je ne l’ai pas écouté jusqu’au bout et je me suis levé d’un bond.
-Navré, Kamado ! Une urgence familiale ! Je vous recontacte plus tard !
Sans m’expliquer davantage, je suis allé régler l’addition pour nos consommations et suis parti en trombe pour rejoindre l’école. Je remerciais les transports en commun japonais pour leur ponctualité et leur rapidité.
Vingt minutes plus tard, j’y étais. Le gardien m’a laissé entrer et m’a guidé jusqu’au bureau du directeur. En y pénétrant, j’ai vu Miku assise sur un canapé avec un pansement sur la joue, ainsi qu’une femme complètement hystérique qui lui criait dessus alors qu’un professeur s’interposait. Deux hommes plus âgés étaient plantés là, comme dépassés par ce qui se passait. Et enfin, un garçon de l’âge de Miku, le nez enrobé de pansements.
Je me suis précipité vers Miku, sans me soucier des autres.
-Miku ! Qu’est-ce qui t’es arrivé ?
-Grand frère…
Elle était au bord des larmes mais je voyais qu’elle faisait des efforts monstrueux pour ne pas en verser une seule. Elle m’a alors sauté dans les bras et m’a serré fort.
-C’est vous, le père de cette sale gosse ! Regardez ce qu’elle a fait à mon Hideo chérie !
-Calmez-vous, madame !
-Poussez-vous de là, espèce de professeur incompétent !
Qu’est-ce qui s’est passé, bon sang !? ai-je fini par crier.
Tout le monde s’est tu et m’a regardé. Pendant que la femme me dévisageait, le professeur s’est avancé vers moi et a pris la parole :
-Bonjour. Merci de vous être déplacé, M. Nishiyama. Je suis Mabuchi Gorô, le professeur de Miku. Il y a eu, comme je vous l’ai dit au téléphone, un incident et…
-Cette garce a frappé mon Hideo ! Elle lui a cassé le nez !
Elle a alors pointé son fils du doigt et j’aurais juré que ce petit con s’amusait de la situation.
-J’exige qu’on lui fasse la même chose et qu’on la renvoie !
Elle a alors tenté de se jeter sur elle. M. Mabuchi n’a pas réussi à l’arrêter, cette fois. Au moment où elle tendit le bras pour saisir Miku, j’ai repoussé sa main d’un coup de poing et je lui ai alors ressorti un visage que je ne sortais plus qu’en de rares occasions, avant de lui lancer :
-Si vous posez un doigt sur ma sœur, c’est le bras entier que je vous arrache !
-Quoi ?! Non mais pour qui vous prenez-vous, espèce de… !
-Mme Kojima, calmez-vous, je vous en prie !
M. Mabuchi faisait de son mieux pour la retenir mais je voyais aussi qu’il essayait de ne pas la blesser aussi en forçant trop. Quand aux deux autres, que je supposais être le directeur de l’école et du directeur-adjoint, ils regardaient la scène, la peur au ventre d’un scandale, j’imaginais.
Quand M. Mabuchi eut enfin éloigné Mme Kojima de Miku et moi, il m’a enfin expliqué ce qui s’était passé.
Pendant la récréation, selon plusieurs élèves, Miku et ses amies jouaient tranquillement lorsque Hideo et sa bande se sont approchés. Le garçon aurait commencé à se moquer d’eux mais Miku ne s’est pas laissé faire et aurait répliqué. Mais à un moment, Hideo aurait dit quelque chose qui a vraiment énervé Miku et cette dernière l’a poussé au sol avant de commencer à le taper et au passage, lui casser le nez.
-Cette fille est une sauvageonne ! Et vous permettez que « ça » s’inscrive dans votre école ?! Attendez que j’en parle à l’association des parents d’élèves !
Ignorant (pour l’instant…) Mme Kojima, j’ai regardé Miku, toujours dans mes bras au bord des larmes, et je lui ai demandé :
-Miku, pourquoi tu as fait ça ?
-Je… Je…
-Je ne suis pas fâché contre toi. Dis-moi juste pourquoi.
Elle a hésité, surtout en voyant Mme Kojima qui lui faisait peur. Elle a ensuite tourné la tête vers Hideo, qui continuait à sourire (ce petit con !), satisfait qu’elle ait des ennuis. Ce fut là que le visage de Miku s’est durci puis, elle me dit ceci :
-Il a dit… que j’étais une bonne à rien. Que c’était sa mère qui lui avait dit que les enfants qui n’ont pas de papa ou de maman ne feront jamais rien de bien dans la vie et qu’on ne devrait pas les laisser fréquenter les autres.
Là, le visage du garçon s’est décomposé et la mère faisait mine d’être choquée mais tout le monde voyait qu’elle tentait juste de cacher sa gêne. Mais Miku ne s’est pas arrêté là :
-Il a aussi dit que Maman et Papa sont morts parce qu’ils voulaient plus me voir…
En disant cela, elle n’a plus su retenir ses larmes et a éclaté en sanglot en cachant son visage dans mon épaule. J’étais fou de rage mais je ne pouvais pas le montrer devant elle.
-Hideo, c’est vrai ?! lui demanda M. Mabuchi en haussant un peu le ton.
-Enfin, c’est ridicule ! s’interposa sa mère. Cette petite ment comme elle respire ! Mon petit Hideo est un garçon bien éduqué qui…
-Mme Kojima ! s’énerva M. Mabuchi. Cessez immédiatement ! Nous vous avons déjà signalé plusieurs fois le comportement de votre fils et vous persistez à dire qu’il est l’innocence incarné !
-Taisez-vous ! Mon fils est honnête et la victime de cette histoire ! Pas cette menteuse sans parents ! J’exige que… !
Je ne pouvais plus tolérer ça. J’ai posé Miku au sol, me suis approché de cette femme et l’ai attrapé par le col.
-M. Nishiyama !!
M. Mabuchi, en panique, tenta de nous séparer en vain. Le directeur-adjoint avait fait un pas mais hésitait à se retrouver mêler à ça.
J’ai fixé cette femme avec colère et l’idée de la cogner me démangeait… Mais je savais aussi que ça ne ferait qu’aggraver la situation. Je l’ai donc lâché et j’ai repris ma sœur dans mes bras.
-Je paierais pour les soins de votre fils, Mme Kojima. Je n’exigerais pas d’excuses de sa part. Vu comment il souriait pendant que ma sœur se faisait intimider par vous, je n’y croirais pas une seconde…
-Je vais vous faire un procès, espèce de malade ! Et j’exige des excuses de cette peste qui…
-Miku ne vous fera pas d’excuses ! Compte tenu de ce lui a dit votre sans-cœur de fils, j’estime qu’il s’en tire plutôt bien, avec seulement le nez cassé !
-Vous ne vous tirerez pas comme ça ! Mon mari est un homme important et je jure qu’il vous fera regretter de…
-Mme Kojima ! M. Nishiyama !
Le directeur se leva enfin de derrière son bureau puis s’avança vers nous. Son air effrayé semblait s’être envolé. Ou alors, il le cachait en affichant un air plus digne.
-Je comprends que, dans cette situation, les deux partis sont en tort…
-Quoi ?! Mon petit Hideo… !
-Mais je reconnais aussi que l’un est plus en tort que l’autre. Et en tant que directeur de cette école, je ne peux fermer les yeux sur ce qui s’est passé.
-Enfin, une personne sensée ! fit Mme Kojima avec un sourire qui n’avait pour but que de me narguer. Directeur, vous prenez la bonne décision en sanctionnant cette enfant à problème…
-Mme Kojima, vous ne semblez pas comprendre… Je compte sanctionner la petite Miku et votre fils.
-Pardon !?
-Si j’ai bien compris ce que m’a dit M. Mabuchi, Hideo a fait preuve, à plusieurs reprises, d’un comportement inadéquat à l’encontre de ses camarades. Il n’a jamais été sanctionné. Et je constate, avec peine, que nous avons contribué, indirectement, à ce qui s’est passé aujourd’hui…
Le directeur-adjoint voulut intervenir pour sauver la face mais le directeur le fit taire et poursuivit :
-Nous avons failli en tant qu’éducateur. Nous ne devons pas seulement récompenser mais aussi punir quand cela et nécessaire. Et il est temps que nous tous nous en souvenions…
Il m’a alors regardé ainsi que ma sœur et a déclaré :
-M. Nishiyama, votre petite sœur a blessé un élève. C’est un fait. Toutefois, compte tenu des circonstances, je vais me montrer conciliant et ne la renvoyer que pour trois jours, à effet immédiat et avec obligation pour elle d’écrire une lettre d’excuse pour son camarade.
Ça ne me plaisait pas mais je me mettais à sa place et comprenait qu’il ne pouvait pas fermer les yeux comme ça…
-Entendu, ai-je dit.
-Trois jours !? C’est une plaisanterie ! s’écria Mme Kojima, folle de rage. Je…
-Quant à votre fils, Mme Kojima, étant donné ses antécédents et les propos qu’il a tenu envers sa camarade, qui sont, de mon avis personnel, abjects, surtout s’ils proviennent à la base d’un de ses parents, il sera renvoyé une semaine. Avec effet immédiat. Et il a pour obligation d’écrire aussi une lettre d’excuse !
-Pas question ! s’indigna Mme Kojima. Mon fils n’a rien fait de mal !
-S’il refuse de la rédiger, alors il ne pourra pas revenir à l’école. Idem pour la petite Miku.
Mais Mme Kojima ne voulut rien entendre et après avoir insulté tout le monde ici présent, elle embarqua son fils de force et partie sans demander son reste.
Le directeur a alors voulu me parler en privé cinq minutes, quand son adjoint et le professeur ont quitté la pièce. J’ai alors demandé à Miku de m’attendre dehors un instant.
-Vous vouliez me dire autre chose, Monsieur le directeur ? ai-je demandé.
-Oui… Quelque chose que je ne pouvais pas dire devant les autres.
-Quoi donc ?
-Concernant le dossier de votre sœur…
Évidemment, un tel évènement allait faire tache sur le dossier de Miku. J’en ai soupiré, rien qu’à y penser…
-Même si je ne devrais pas, continua-t-il, je vais faire en sorte pour que cela paraisse minime. Après tout, elle était la victime.
J’étais… un peu surpris mais si cela aidait Miku…
-Merci, Monsieur le directeur.
-Je vous en prie. Je ne vous retiens pas plus longtemps. Votre sœur a besoin de vous, non ?
J’ai alors pris congé, pris Miku dans mes bras et l’ai emmené loin de l’école. Elle avait encore les yeux bouffis après avoir pleuré, mais sur le chemin du retour à la maison, je l’ai rassuré en lui disant que ce n’était pas sa faute.
Yuna a été surprise de nous voir débarquer si tôt à la maison et s’affola en voyant le pansement sur la joue de Miku. Je lui ai dit que je lui expliquerai mais que je devais faire quelque chose avant.
J’ai d’abord installé Miku dans la salle à manger et j’ai sorti de la glace pour la lui donner à manger. D’habitude, j’exigeais qu’elle en mange dans un bol mais exceptionnellement, je l’ai juste laissé avec le pot et une cuillère.
J’ai ensuite raconté à Yuna ce qui s’était passé. Elle était furieuse. Contre Mme Kojima. Puis, elle était un peu triste car elle se sentait coupable de ne pas avoir pu venir. En même temps, lors de l’inscription, c’était mon numéro que j’avais donné comme personne à contacter en premier en cas de problème…
-Dis, Shûhei, tu crois que je ferais une bonne maman ?
…
(C’est quoi, cette question ?)
-Bien sûr que oui. La preuve, tu t’en sors avec Miku.
-Oui mais quand ce sera notre enfant à nous… (elle a rougi en disant ça) Est-ce que je serais autant à la hauteur que toi ?
J’ai soupiré et l’ai prise dans mes bras.
-Tu seras une super maman. Un peu fofolle sur les bords, mais une super maman quand même.
Elle a rigolé tout en me câlinant un peu, puis elle s’est décollée de moi et m’a fait comprendre que « ma petite sœur adorée » avait besoin de « son grand frère chéri ».
-Une preuve de plus que tu seras une super maman, lui ai-je dit en l’embrassant.
Après ça, j’ai passé le reste de la journée avec Miku. Des trucs simples. On a regardé des films en mangeant des cochonneries pas forcément bonnes pour la santé.
Je me doutais bien que sa mère lui manquait mais la voir pleurer devant moi aujourd’hui m’a ouvert les yeux et m’a fait comprendre que je me devais d’être plus attentif envers elle. Que je devais prendre plus soin d’elle.
Dire que cela ne m’aurait même pas effleuré l’esprit, quand on s’est rencontré la première fois…
Au dîner, Yuna a annoncé qu’elle suspendait son entraînement le temps du renvoi de Miku. Même si j’avais honte de l’admettre, cela m’arrangeait qu’il y ait quelqu’un avec la petite alors que j’allais travailler.
Après manger, pendant que Yuko s’occupait de sa sœur, Yuna m’a dit que son coach n’était pas ravi mais qu’elle s’en fichait et que pour l’heure, l’important, c’était Miku. Tout ce que je pouvais faire pour ma fiancée, c’était lui apporter mon soutien moral et affectif. D’ailleurs, elle aimait beaucoup mon soutien affectif…
Après la fin du renvoi de Miku, les rumeurs sur Yuna ont proliféré sur le net. Elles étaient déjà nombreuses depuis l’annonce de ses fiançailles mais alors que le début des vacances d’été pointait à l’horizon, elles se sont multipliés comme des lapins, alimentaient par des journalistes qui faisaient leur beurre sur les célébrités en vogue, les fans qui voulaient tout savoir de leur idole ou des internautes trop curieux.
Tous voulaient la même chose : en savoir plus sur la vie personnelle de la star montante du basket féminin Nishiyama Yuna et plus particulièrement, découvrir et dévoiler l’identité du fiancé qu’elle prenait bien soin de ne pas exposer aux médias.
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