Chapitre 13 : Le début des vacances

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Le début de nos vacances, moi et Miku l’avons passé à nous débarrasser de nos devoirs. Pour pouvoir profiter à fond. Elle avait de la chance. En trois jours, elle avait tout fini. Avec un peu de mon aide, celle de Yuna et de Shûhei, quand il avait le temps.

Même pour les devoirs de vacances, mes profs étaient sans pitié… J’exagérais à peine en disant qu’ils nous avaient donnés une montagne de choses à faire pour l’été, sans parler de la difficulté des exercices dans certaines matières. Ça me rappelait avec douleur mes séances de révisions pour l’examen d’entrée…

Pour l’Anglais, j’ai dû demander de l’aide à Yuna (qui manquait un peu de pédagogie) puis quand il avait du temps, à Shûhei (que je trouvais presque aussi sévère qu’un prof). Honnêtement, j’étais mal à l’aise quand lui et moi étions seuls pendant il m’expliquait ce que je ne comprenais pas. Je ne me voyais pas mais j’étais pratiquement sûr que lorsque nous étions côte-à-côte, je rougissais et que mon cœur battait la chamade.

(Il a l’air très fatigué, ces derniers temps…)

Mais mes devoirs me ramenèrent très vite sur le droit chemin et bien décidé à m’en débarrasser, je m’y suis plongé corps et âme.

Finalement, j’ai eu besoin d’une semaine entière pour tout boucler, en faisant deux nuits blanches d’affilé. Ça m’avait presque tué mais je l’avais fait ! Par contre, Yuna m’a un peu disputé en me disant que ce n’était pas bon pour ma santé de faire ce genre chose. Elle espérait que Shûhei me dise la même chose mais il a déclaré qu’avec ses antécédents et son travail actuel, il n’était pas le mieux placer pour critiquer. Même s’il était du côté de Yuna.

Maintenant, je pouvais profiter de mes vacances, l’esprit léger…

On entamait sagement la deuxième semaine des vacances d’été.

Il faisait une chaleur infernale, avec un taux d’humidité élevé selon la météo. Toute la journée, je me baladais à la maison en débardeur et short. Heureusement, on ne ruisselait pas de sueur à l’intérieur. Je remerciais de tout cœur notre cher tuteur d’avoir investi dans une climatisation pour la maison…

Miku sortait beaucoup passer du temps avec ses amis. De mon côté, les filles du club de musique voulaient qu’on se fasse des sorties ou même, une virée de quelques jours au bord de la mer. Mais il fallait accorder nos agendas dans un premier temps et Enoshima et la Présidente étaient un peu occupées en ce début de vacances. Donc, nos sorties toutes ensemble, ce n’était pas pour tout de suite.

Il y avait aussi Kamiya qui voulait savoir si je voulais traîner avec lui et ses amis mais franchement, ça ne me disait rien du tout. Encore moins quand il essaya de me convaincre de lui accorder un rendez-vous. Mais en milieu de semaine, à force de toujours traîner à la maison, je commençais à m’ennuyer sévèrement et, par faiblesse je dirais, j’ai cédé et lui ai accordé une sortie à deux. Juste une sortie entre « amis ». Il a été un peu déçu au début mais il a fini par accepter en disant que ce serait une façon de me remercier de l’avoir aidé à réviser. Traduction : il allait assurer la plupart des dépenses. La plupart. Je n’étais pas non plus une complète profiteuse, non mais…

On avait convenu de se voir le vendredi, un peu avant midi.

Le jour J, quand je l’ai vu arriver, j’ai essayé de toutes mes forces de ne pas rire. Son style vestimentaire… Disons qu’il semblait aimer les vêtements larges et flotter dedans. En vrai, ça lui allait bien mais je n’avais pas l’habitude de le voir comme ça !

-Tu te retiens de rire, là, non ? me demanda-t-il avant même de dire « Bonjour ».

-Non…

-Menteuse ! Je le vois à ta tronche !

(Merde ! J’en peux plus !)

J’ai fini par éclater d’un fou rire franc et lui dire ce que je pensais de sa tenue. Il ne l’a pas trop mal pris et a déclaré qu’il était fier de son style hip hop qu’il avait ramené d’Amérique. Lui, par contre, semblait déçu de ma tenue. Il a avoué qu’il imaginait que je viendrais en robe ou en jupe.

-Pas question. Tu aurais essayé de regarder en-dessous à la moindre occasion…

-Où est le mal ?

Sa franchise lui a valu un bon coup de pied dans le tibia !

(Qu’il s’estime heureux que j’ai mis un short parce qu’il fait trop chaud pour porter un truc long !)

Le rire et la punition passés, on s’est mis d’accord pour manger quelque chose avant de faire quoi que ce soit. De préférence, de la nourriture pas trop chaude. Avec cette chaleur, je risquais de mourir, moi. Il m’a alors proposé de manger simplement dans un fast food. Je n’étais pas difficile et de toute façon, j’avais faim. Et en « bon prince », il a tout payé.

-Alors, qu’est-ce que tu as prévu de nous faire faire ? ai-je demandé en mangeant mes frites.

-Je pensais aller à ces fameux love hotel. J’y suis jamais allé et je pensais que… Aïe !!! Mais je blaguais !

-C’était pas drôle…

Au moins, mon nouveau coup de pied dans le tibia l’avait un peu calmé.

-Sinon, je pensais t’emmener à la salle d’arcade. Ça se fait, entre amis, non ?

La proposition m’a demandé une réflexion. De cinq secondes.

-Bah, pourquoi pas. En plus, j’ai pas eu l’occasion d’essayer celles de Tokyo.

-Moi non plus. L’occasion rêvée alors !

Il souriait comme un enfant de six ans. Ou comme un abruti. Au choix. Mais je savais pas pourquoi, ça me faisait un peu sourire aussi. Sans doute le côté un peu innocent. Ou stupide.

Par contre, sa façon de manger un burger… J’ai eu l’impression qu’il avait englouti le sien en trois bouchées. Enfin, je parlais de son burger mais concrètement, en plus de celui de son menu, il en avait commandé quatre supplémentaires ! Qu’il a englouti en deux temps, trois mouvements ! L’habitude américaine, je me suis dit…

-Non. C’est juste qu’au Japon, j’ai l’impression que les portions sont trop petites, m’avoua-t-il.
J’aurais aimé dire qu’il exagère mais, souvent, Yuna disait la même chose en ce qui concernait la nourriture : « Les portions sont trop petites ! Je suis trop habituée au fait que les américains aiment tout voir en grand ! ».

Après déjeuner, nous nous sommes doucement décalés à une salle d’arcade non loin d’ici. Quand on a posé le pied dedans, j’ai eu l’impression que les yeux de Kamiya s’illuminèrent avant qu’il ne commence à s’agiter comme un petit garçon de six ans. Il m’a dit que « les bornes avaient l’air trop cools ! » et que les salles d’arcade où il allait n’étaient pas aussi coloré qu’ici.

(Un enfant…)

Pour commencer, il m’a proposé une partie de Dance Dance Revolution et j’ai été étonné de voir à quel point il avait le sens du rythme. Pour ma part, la danse n’a jamais été mon point fort mais ça ne m’a pas empêché de m’amuser. On a vite enchaîné sur un jeu de course où je l’ai humilié avec ma maîtrise du volant.

Puis, c’est arrivé.

Il a voulu me défier à un jeu de combat, l’air confiant. Ce qu’il ne savait pas, c’était que pour ce genre de jeu, j’avais un bon niveau… Mais comparé à lui, ce n’était rien ! La première manche, j’ai à peine réussi à lui retirer la moitié de sa barre de vie avec mon personnage et le sien enchaînait les combos tout en me bloquant dans un coin de l’écran ! La seconde manche, ce fut l’ultime humiliation ! Il m’a mis un Perfect ! Il m’avait battu sans se faire toucher !

À ce moment-là, quelque chose en moi se brisa…

-Désolé. J’y suis peut-être allé un peu fort…

Il disait ça à moitié désolé, à moitié fier. Ça a suffi pour allumer le feu de la rage en moi ! J’ai exigé une revanche immédiate ! Ce qu’il a accepté.

Je ne sais pas combien de temps on a passé à engloutir nos économies dans ces bornes. Je m’en fichais, en fait ! Je voulais gagner ! Au moins une fois ! Ma tactique : l’épuiser mentalement pour pouvoir le battre ! Sur le critère des compétences pures, je n’avais clairement pas le niveau mais si je pouvais l’avoir à l’usure…

Au bout d’un moment, lui et moi avons convenus d’une dernière partie car il commençait à se lasser. J’étais frustrée mais j’ai accepté.

J’étais hyper concentrée pour prendre le moins de dégâts possible tout en faisant le plus de combos. Kamiya, lui, jouait plus sur l’esquive et les contre-attaques avant d’enchaîner sur des combos divers. Nos combats avaient attiré un petit public intéressé par la façon de jouer de Kamiya et ma détermination à lui faire mordre la poussière. Dans le jeu, bien sûr… Au dernier round, j’avais une bonne avance. Il ne lui restait plus qu’un quart de sa barre de vie et j’étais sur le point de le bloquer dans un coin de l’écran. C’est alors qu’il fit une remontée fulgurante en me sortant un combo indécent que je n’ai pas réussi à parer et qui a fait fondre ma propre barre de vie comme neige au soleil ! J’en suis resté bouche bée, même après que sur son écran soit affiché « Victory ! » en gros. Nos spectateurs ont applaudi la performance de Kamiya, qui lui a exulté un petit instant avant de se sentir désolé de m’avoir éclaté devant témoins.

-Heu… Nishiyama ? Tout va bien ?

Non, ça n’allait pas. Ma fierté en avait pris un coup dur…

-La prochaine fois ! ai-je subitement hurlé.

-Hein ?

-La prochaine fois, je te battrai !

-Ah, parce qu’il y aura une prochaine fois ?

Je n’ai pas compris pourquoi il souriait si niaisement, au début. Puis, en repensant à mes paroles, je me suis rendu compte de la potentielle erreur que je venais de faire. J’avais laissé une porte grande ouverte pour que Kamiya et moi fassions une autre sortie ensemble, juste pour une revanche sur un jeu vidéo sur borne d’arcade.

(Et merde…)

Sans m’en rendre, je constatais avec étonnement, en regardant ma montre, que nous avions passé la majeure partie de l’après-midi à jouer à des jeux vidéo. Le soleil avait commencé sa descente pour se coucher mais Kamiya a tenu à m’inviter boire et manger un morceau avant qu’on se sépare. Et à dire vrai, j’avais bien envie de quelque chose de sucré pour reprendre des forces. Il m’a donc emmené dans un café « à l’ambiance française ». Autour de nos cafés, je lui ai demandé comment se faisait-il qu’il soit si doué sur une borne d’arcade et il m’a avoué qu’aux États-Unis, lui et ses amis, gamins, passaient leur temps dans les salles d’arcade à enchaîner les parties jusqu’à ce qu’ils soient à court de pièces. Et qu’il se faisait souvent disputer par sa mère parce que tout l’argent de poche qu’il avait partait là. Je n’ai pas pu m’empêcher de laisser échapper un petit rire en imaginant le petit Kamiya en short courir avec ses petits copains en direction de la salle d’arcade.

-Nishiyama… Tu sais que tu es super belle quand tu souris ?

Je me suis mis à roussir en entendant ça.

-La ferme !

Plus que gênée, j’aurai aimé me cacher à ce moment-là dans un trou de souris, le temps que ça passe. À la place, j’ai vidé ma tasse de café bien sucré d’une traite.

Le soleil avait presque fini de se coucher et moi, j’avais promis de rentrer avant la nuit. Kamiya s’est proposé de me raccompagner chez moi mais je n’avais pas encore suffisamment confiance en lui pour lui montrer où j’habitais. Je lui ai dit que jusqu’à la gare, ça irait. Bien sûr, il était déçu mais il n’a pas insisté.

Juste avant d’entrer en gare, nous avons vu en sortir quelques-uns de nos camarades de classe : les amis de Kamiya. Ils étaient très étonnés de le voir ici, encore plus en ma compagnie. Ce qui n’avait pas l’air de plaire aux filles, même si elles essayaient tant bien que mal de le cacher. L’interrogatoire de Kamiya a alors débuté et bien que ce dernier essayât de se défiler, il ne se montrait pas assez ferme pour les envoyer balader. Il était vraiment trop gentil… J’ai alors pris les devants, lui ai dit que je pourrais me débrouiller seule à partir de là et je l’ai laissé avec eux. Juste avant que je ne disparaisse dans la foule, je l’ai entendu me crier qu’il m’enverrait un message plus tard. Je ne sais pas si c’est par réflexe ou autre chose, mais je lui ai crié un fort « D’accord ! », au point que quelques têtes se sont retournées en m’entendant.

Honnêtement, je ne m’attendais pas à réagir de la sorte…

Je suis finalement rentré à la maison bien après le coucher du soleil. Heureusement pour moi, Yuna n’était pas encore rentré et j’ai reçu un peu plus tard un message de Shûhei qui nous disait de dîner sans lui car il rentrerait très tard, ce soir-là. Au final, il n’y avait que Miku et moi pour le dîner. Yuna avait déjà cuisiné pour ce midi et ce soir et nous n’avions qu’à réchauffer. Comment faisait-elle pour être à la fois si bonne en cuisine et avoir une carrière sportive professionnelle ?

Elle est finalement rentrée vers dix heures du soir, fourbue. Après l’entraînement, elle avait participé à une interview et le journaliste a voulu lui offrir un verre, ce qu’elle a refusé pour rentrer assez tôt faire des câlins à Miku avant qu’elle n’aille se coucher. Une fois la petite au lit, une bonne douche et une bière pour elle, nous avons regardé un film à la télé en attendant le retour de Shûhei. Ce dernier n’est rentré que vers une heure du matin. On venait de lui confier la suite de l’édition d’une série à succès publiée sur la plateforme Jump+ et comme il s’occupait en plus de la série Sennen Sensô et de son autrice qu’il formait, sa masse de travail avait bien augmentait. Si bien que, parfois, Yuna était inquiète pour son état de santé. Shûhei n’arrêtait pas de dire que ça allait mais à la maison, on voyait bien qu’il était exténué par moment.

De plus, il nous a informé que ça se présentait mal pour sa demande de congé et que nous devions envisager d’aller sans lui à la plage. Autant dire que Yuna était à la fois déçu et en colère, même si elle disait comprendre sa situation. Peu après, le couple a regagné leur chambre. J’avais peur qu’ils se disputent mais heureusement, il n’y a pas eu le moindre cri…

Ce n’est que vers deux heures du matin, quand je suis allé me coucher, que je les ai entendus. Et c’était pas le genre de cris qu’on entendait dans une dispute…

J’imaginais que se réconcilier dans un lit, c’était une méthode comme une autre…

Mais du coup, je n’ai pas réussi à m’endormir. Entendre Yuna crier et gémir… C’était si embarrassant ! Mais le pire fut lorsque que j’ai imaginé Shûhei et ce qu’il était en train de lui faire pour qu’elle fasse des bruits pareils. Jamais je ne me suis sentie aussi honteuse… et excité à imaginer ce genre de scène. Pendant un court instant… j’ai… même… imaginé que… c’était moi… qu’il…

(NOOOOOOOOOOOOOOOOON !!!)

J’ai enterré ma tête sous coussin pour étouffer le cri de… de… Je ne savais pas quoi comme cri mais c’était un beau !

Je me dégoûtai d’avoir ce genre de pensées pour mon tuteur, qui était en plus fiancé. Je me serai bien frappé pour ça…

En fin de semaine, pendant le jour de repos de Yuna, cette dernière a déclaré que nous allions faire les courses. En effet, on manquait de beaucoup de choses à la maison et il était tant de se ravitailler. Mais Yuna nous a informé que nous n’irions pas faire les courses dans un supermarché ordinaire. Elle voulait nous emmener dans un Costco. Je ne voyais pas pour ce supermarché plutôt qu’un autre mais soit…

Shûhei travaillant ce jour-là, ce fut une sortie familiale entre filles. On a utilisé la voiture pour l’occasion, notre destination étant quand même à un peu plus d’une demi-heure de là où nous vivions. Miku était toute excitée. Nous n’avions jamais fait de sortie en voiture depuis notre arrivée à Tokyo.

Quand nous sommes arrivés à destination, elle comme moi n’en croyons pas nos yeux. L’endroit était immense, pour les standards du Japon. Yuna, en se dirigeant vers le parking, a déclaré que ça lui rappelait les centres commerciaux qu’il y avait au États-Unis. Même les chariots étaient immenses. Miku aurait pu s’allonger facilement dedans et il y aurait encore de la place pour y mettre plusieurs produits.

Que dire de l’intérieur ? Nous n’avions pas fait une dizaine de mètres que nous nous étions arrêtés trois ou quatre fois pour regarder les articles qu’ils vendaient. Télévisions et électroménager en tout genre, matériel de camping, de sport, nourriture… J’étais vraiment tenté de dire que nous trouvions de tout ! Je n’avais pas l’impression d’être dans un magasin mais dans un entrepôt. Un entrepôt où tes choix d’achats semblaient… illimités.

J’étais redevenue une enfant comme ma sœur, pendant un instant.

La priorité pour Yuna fut les provisions. Pour une fois qu’elle pouvait acheter de la nourriture en gros, elle ne se priva pas. Mais par moment, je trouvais que certaines choses étaient trop grosses pour qu’on ne finisse pas par gâcher, à un moment. Pourtant, cela ne semblait pas lui poser de problèmes. Elle en profita pour acheter des barquettes de fruits, choses qui lui avaient beaucoup manqué en rentrant au Japon. N’étant jamais parti à l’étranger, le prix élevé des fruits ici ne m’impressionnait plus vraiment mais en trouver à un prix plus abordable, c’était incroyable ! Miku sautilla en poussant de petits cris quand nous sommes passés devant les rayons de poissons en barquette. Rien que la taille était hors norme comparé au standard local !

Yuna a essayé de prendre un maximum de choses que nous aimions.

Lorsqu’elle a aperçu une énorme boîte de donuts, elle s’est littéralement jetée dessus pour le mettre dans notre chariot. Miku en a rigolé et moi, je constatais avec amusement son amour pour cette pâtisserie.

Parfois, elle prenait un peu plus de temps pour choisir un produit. « Pour Shûhei » me soufflait-elle à l’occasion.

-Grande sœur Yuna ! Qu’est-ce que c’est ?

-Hm ? Ah, c’est du fromage, lui répondit-elle. Un camembert, je crois. Oh ! Je reconnais la marque ! Shûhei l’adore !

-Le… Rus…rus…, essaya de lire Miku.

-Le Rustique, ma chérie. Ça vient de France. Shûhei et Saya adorent ce fromage.

-Et toi ? lui demandais-je avec curiosité alors qu’elle en prit deux.

-Oh, non ! Surtout pas moi ! Le goût est trop fort pour moi. Mais si tu veux, tu pourras en goûter à la maison. C’est très bon, avec du pain. Surtout en baguette. Ah, mais est-ce qu’ils en vendent, au moins ? Ah oui ! Il faudrait que j’achète de la charcuterie pour accompagner le fromage, si Shûhei en mange.

C’était peut-être bête de ma part mais je trouvais vraiment qu’elle tenait à lui, à la façon dont elle prenait le temps de chercher ce qu’il aimerait manger. Et ça me permettait d’en savoir plus sur ses goûts à lui… Ce qui me faisait plaisir.

Notre chariot débordait presque et il y avait essentiellement de la nourriture dedans. On ne se demandait pas si ça allait rentrer dans le coffre mais carrément si tout rentrait dans la voiture !

Avant de rentrer, nous avons déjeuner sur place. Enfin, sur un muret à l’extérieur, juste avant le parking. Yuna a utilisé sa carte de membre Costco, valable dans le monde entier, pour nous permettre d’acheter à manger dans le fast-food et nous avons toutes prises de la pizza et des boissons. La part de pizza était énorme ! La taille d’une pizza qu’on servirait dans un restaurant ici. Miku n’a été capable de manger que la moitié de sa part. Moi, j’ai réussi à tout manger mais je me sentais énorme après ça. Yuna n’avait pas semblé avoir eu du mal à tout manger et boire sa boisson d’une traite.

-Question d’habitude, nous a-t-elle dit comme si c’était normale.

Déclaration qui mit quelques étoiles dans les yeux de Miku. Ce que je pouvais comprendre.

Quelques clients nous regardaient étrangement. Ou plutôt, ils regardaient Yuna. Certains l’ont même reconnu et lui ont demandé un autographe ou un selfie avec elle. Elle a tenté de donner satisfaction au plus grand nombre, avant de déclarer qu’elle devait maintenant rentrer avec nous. Même pour faire des courses, sa popularité la rattrapait. Je n’osais pas imaginer ce que cela aurait été si elle avait fait une carrière d’idol.

À la maison, après un temps qui nous a paru une éternité pour ranger les courses, Yuna a décidé de faire un grand repas pour ce soir et a sollicité notre aide. Chose qui a bien emballé ma petite sœur, surtout si elle pouvait faire un plat pour son grand frère adoré. J’aurais dû être habitué depuis le temps mais c’était plus fort que moi. Je jalousais toujours un peu Shûhei d’avoir une si grande place dans le cœur de ma Miku adorée. Si bien que cette jalousie me faisait un peu gonfler les joues pendant quelques secondes.

Nous avons donc aidé Yuna à préparer son grand repas. Elle aida Miku à préparer un steak avec de la viandé haché et à le faire cuire. Les premiers pas de Miku en cuisine. Yuna me proposa de moi aussi faire un plat pour Shûhei mais je ne voyais pas trop quoi lui faire. Finalement, elle m’a aidé à faire un sauté de bœuf avec des légumes. Elle m’a même complimenté en me disant que je me débrouillai plutôt bien et que je ferais une bonne épouse plus tard, en rigolant. J’ai un peu ris en la remerciant, tout en me rappelant que Maman me disait la même chose quand je l’aidais parfois à faire la cuisine, quand j’étais petite.

Le soir, le dîner était prêt, mais Shûhei n’allait pas arriver tout de suite. En attendant son retour, Yuna nous a proposé de goûter ce fameux camembert qu’il aimait tant, avec du peu et un peu de saucisson en tranches qu’elle avait trouvé. L’odeur était assez forte et Miku et moi commencions à émettre des doutes sur la comestibilité de la chose. Mais elle fut la première à se lancer et en mangea un morceau avec du pain. Elle a vite tiré la langue avant de boire un grand verre d’eau. À ce moment-là, j’ai eu peur. Je me suis lancé à mon tour pour goûter et… ce n’était pas si mauvais. Ça fondait presque dans ma bouche et l’arrière-goût… Non, franchement, ce n’était pas si mauvais. Surtout avec un peu de saucisson. Miku m’a regardé comme si je n’étais pas normal et je lui ai fait payer par des chatouilles.

-Comment Shûhei a découvert ça ? ai-je demandé.

-Pendant un voyage en France, a répondu Yuna tout en mangeant.

-Il y est allé ? Souvent ?

-Oh, il y ait allé trois ou quatre fois. Je l’ai accompagné deux fois. En fait, c’est surtout Saya qui va régulièrement en France.

-Vous êtes déjà allé à Paris ?

-Oui, bien sûr. Bien qu’honnêtement, ce n’est pas ma ville préférée. J’ai un faible pour Reims, personnellement.

-Je savais pas… J’aimerais bien y aller, un jour.

-Qui sait. Peut-être avec ton futur petit-copain.

J’ai failli m’étouffer quand elle m’a dit ça.

Shûhei est rentré plus tard que prévu, si bien qu’il a fallu qu’on réchauffe la nourriture. Il s’est platement excusé pour ça et on avait du mal à lui en vouloir quand on voyait sa tête fatiguée. Miku lui a alors déclaré qu’avec ce que lui avait fait à manger, il allait pouvoir reprendre des forces et il lui a dit qu’il avait hâte de goûter à ça, en se forçant à sourire malgré la fatigue. Au moins, il a mangé avec appétit et l’entendre dire que ce que nous avions cuisiné pour lui était bon nous faisait plaisir.

Pendant que je faisais la vaisselle avec l’aide de Miku, Yuna et Shûhei était en mode love love dans le salon. Enfin, j’exagéré un peu. Yuna se contentait de lui faire des câlins pendant qu’il lui racontait sa journée. Sans doute leur façon à eux de recharger leur batterie. Miku voulait les rejoindre mais je l’ai convaincu d’attendre un peu parce qu’ils avaient besoin d’être un peu ensemble, en amoureux.

C’était drôle. Les voir ensemble me faisait sourire. Mais aussi… Je les enviais un peu d’être si proche. Surtout Yuna.

Non, en fait.

J’enviais Yuna d’être si proche de Shûhei.

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