Un plagiat malencontreux
Lorsque l’affaire éclata, les médias s’en emparèrent avec gourmandise. L’enjeu était d’actualité : une jeune demoiselle, autrice modeste, avait déposé plainte pour plagiat contre un célèbre producteur suite à la sortie de son film le plus récent, devenu en quelques semaines un succès mondial.
Il faut dire que les similitudes étaient frappantes.
Deux jours à peine après les premiers articles parus dans la presse, le producteur se défendit, dans un communiqué, prétendant que la jeune fille avait écrit son histoire après la sortie du film, sous-entendant qu’elle avait plagié le film pour tenter de l’arnaquer.
Le jour suivant, nouveau rebondissement : une deuxième autrice déposa plainte à son tour pour plagiat contre le producteur… et contre la première autrice ! Là encore, les ressemblances étaient évidentes.
L’enquête débuta.
Plaignantes et accusés furent entendus et interrogés… Chacun resta ferme sur ses positions. L’on vérifia les dates auxquelles avaient été publiées les histoires des autrices : elles étaient toutes deux antérieures au film.
Le producteur commença à trembler intérieurement et accusa publiquement son scénariste de lui avoir fourni une histoire volée.
Lorsque ledit scénariste fut entendu par les enquêteurs, il expliqua, preuves à l’appui, que c’était le producteur qui lui avait fourni le scénario : il avait juste eu à le retravailler pour les besoins du film.
La deuxième autrice racontait à qui voulait l’entendre que la première l’avait probablement copiée pour vendre l’histoire contre une forte somme au producteur, avant de l’accuser de plagiat pour récolter plus d’argent.
La première autrice se défendit : son histoire était originale, c’était une coïncidence si elle l’avait publiée après celle de la deuxième autrice et que les deux œuvres se ressemblaient tant.
Les enquêteurs contactèrent les F.A.I., les fournisseurs d’accès à l’internet, afin d’obtenir les historiques de navigation des autrices et du producteur. Cela prit du temps.
Chacune avait publié son œuvre sur une plateforme différente. Il s’avéra qu’aucune des deux ne s’était rendue sur l’autre plateforme, et il en fut de même pour le producteur. L’enquête s’étendit à la famille, aux amis, aux collègues… Si nécessaire, l’on irait même jusqu’à identifier les lecteurs des deux œuvres pour les interroger !
Il fut prouvé que les histoires avaient été publiées à une heure à peine d’intervalle : leur richesse, leur complexité, les nombreux détails qui différaient entre les deux histoires rendaient impossible une copie en si peu de temps, les historiques prouvaient que la première autrice n’avait pas utilisé d’intelligence artificielle pour effectuer ce travail à sa place.
La deuxième autrice se rendit à l’évidence : la coïncidence était incroyable, cependant le fait était que les deux demoiselles avaient eu la même idée dans le même laps de temps !
Il ne restait plus que le producteur. La coïncidence s’était-elle étendue à lui ? Ou avait-il plagié ? Le mystère planait : les médias échafaudaient leurs hypothèses, les gens prenaient partie et les esprits s'échauffaient, et il fallut mettre sous protection les trois concernés lorsque des menaces d’agression physique, voir de meurtre, leur parvinrent.
Finalement, le point de fuite se trouva être le neveu du producteur.
Le jeune homme était un lecteur avide et passionné, qui fréquentait les deux plateformes sur lesquelles publiaient les autrices, et suivait d’ailleurs leurs histoires avec plaisir.
Un jour, il s’était étonné de voir que chacune avait publié une histoire semblable à l’autre, en même temps. Il s’en était innocemment ouvert à son oncle, comme souvent, sans penser à mal. Il adorait lui partager ses trouvailles. Et lorsque le film était sorti, le jeune homme avait naturellement pensé que son oncle avait contacté les autrices pour une adaptation cinématographique, et que les demoiselles avaient choisi de ne pas en parler sur leurs réseaux à cause d’une quelconque clause de confidentialité.
Le producteur craqua et se mit à table.
Il manquait cruellement d’inspiration ces dernières années. Les conversations avec son neveu étaient toujours stimulantes, et l’homme retenait certaines idées, en faisait part à son scénariste, et c’était un nouveau film à succès qui sortait. Ce soir-là, le producteur avait longuement réfléchi. La coïncidence en elle-même était incroyable, mais qui plus est les histoires étaient de grande qualité.
Il travailla rapidement sur un résumé et le transmit à son scénariste…
Il fut bien évidemment condamné à une lourde amende, et les autrices furent dédommagées d’une forte somme en plus d’acquérir des droits sur les bénéfices passés et futurs du film. L’affaire ayant mis en évidence le travail des demoiselles, elles furent contactées par des maisons d’édition et devinrent par la suite des autrices à succès, leur talent et leur travail le méritait bien.
Il ne restait plus qu’une seule question : pourquoi le producteur n’avait-il pas contacté les autrices ?
Le neveu posa la question à une intelligence artificielle, et publia la réponse :
Manque d'inspiration et opportunisme : Le producteur admet qu'il manque d'inspiration et qu'il utilise les idées transmises par son neveu. Il a vu une opportunité de succès facile en s'appropriant les histoires des autrices.
Rapidité et secret : Il a agi rapidement, travaillant sur un résumé et le transmettant à son scénariste sans perdre de temps. Contacter les autrices aurait ralenti le processus et risqué de révéler ses intentions.
Crainte du refus ou de négociations difficiles : Il a peut-être craint que les autrices refusent de céder leurs droits ou qu'elles demandent une part trop importante des bénéfices. Il a préféré prendre le risque du plagiat plutôt que de négocier.
Confiance en son impunité : Il a peut-être pensé qu'il ne serait pas découvert, surtout avec la coïncidence de la publication simultanée des histoires. Il a sous-estimé la perspicacité des enquêteurs et la puissance des preuves numériques.
Mentalité de producteur dominant : Il a peut-être considéré que son statut lui donnait le droit de s'approprier les idées des autres, en particulier celles d'auteurs moins connus. Il a peut-être sous-estimé la valeur du travail des autrices.
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