Le prix (1/5)

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Il était une fois, à l'orée d'une petite forêt, une fillette qui grandit en voulant faire de la magie. Elle s'appelait Gridule et grandit en passant ses journées à parcourir les bois et à collectionner chaque chose que l'on pouvait y trouver. Chaque espèce d'animal, chaque sorte de feuille, chaque type de racine, chaque famille de champignon, était soigneusement recueilli puis stocké sur ses étagères. Gridule testait des mélanges, espérant découvrir par hasard le secret d'une potion magique. Elle mixait, filtrait et inspectait les potions ainsi tentées ; en attendant de voir des étincelles, de soudains changements de couleurs, des bulles, ou quoi que ce soit qui serait signe que quelque chose d'extraordinaire se passait.

La petite Gridule devint grande. Sa collection s'était étoffée, mais les mélanges n'avaient jamais rien donné d'autre que de très bonnes soupes. Gridule n'avait jamais réussi à faire de la magie, mais elle avait au moins réussi à ce que tous pensent qu'elle en faisait. Les gens de village la fuyaient, l'appelant "sorcière" et se tenant soigneusement éloignés de la cabane où elle vivait et de la forêt où elle se promenait. En entendant les gens l'appeler "sorcière" en même temps qu'ils prenaient leurs distances, Gridule compris bien que ce n'était pas un compliment. Mais elle ne comprenait pas pourquoi. Elle ne comprenait pas pourquoi la magie que pourrait créer une une femme à l'orée d'un bois faisait peur : alors que la magie produite par un vieux barbu dans le sous-sol d'un palais imposait le respect.

Grildule avait grandit auprès de ses deux parents ; dans leur cabane près de la forêt. Son père et sa mère étaient trop vieux et fatigués pour sortir de leur cabane ou y inviter d'autres gens, mais qui avaient toujours aimée leur fille et l'avaient et nourrie d'histoires. C'était eux qui lui avaient donné envie de faire de la magie, racontant, des étoiles dans les yeux, des contes remplis de mages conseillant les rois et admirés par tous. Derrière leurs longues barbes blanches et leurs grimoires, les mages trouvaient des formules pour sortir les royaumes de la misère, réparer les erreurs des puissants et sauver les pauvres de la famine. Dans les contes, les gens faisaient la queue pour bénéficier des conseils ce ces mages et, même s'ils étaient de nature plutôt solitaire, c'était par choix personnel. Personne ne semblait fuir les mages. Personne n'utilisait le terme de "mage" en tant qu'insulte ; comme ils semblaient le faire de ce mot de "sorcière".

Si elle avait réussi à faire de la magie, Gridule aurait peut-être réussi à ignorer les moqueries et le rejet des gens de son village. Mais Gridule n'arrivait toujours pas à faire de la magie, et ses bonnes soupes ne semblaient pas pouvoir suffire à faire le bonheur de ses parents et restaurer leur vitalité. Chaque jour, ils étaient plus fatigués que la veille ; même ouvrir la bouche pour raconter des histoires semblait leur demander un effort insoutenable. Surtout, ils avaient l'air inquiets pour leur fille, lui répétant sans cesse qu'elle ne pouvait pas rester enfermée seule avec eux et avoir pour seule autre compagnie celle des animaux de la forêt. Les parents de Gridule voulaient qu'elle s'intègre dans la société et s'inquiétaient de ce qu'elle deviendrait, seule, quand ils ne seraient plus de ce monde.

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