#Un pied dans l'horreur
Ce soir-là, le six juin deux mille huit, Franck Harris, un flic intègre et consciencieux, arpenta les rues en solitaires bien après l'heure fixée pour la fin de son service. L'agression de son coéquipier la veille avait ravivé en lui une flamme ardente, une détermination inébranlable à traquer les coupables, quel qu'en soit le coût. Il errait dans les rues obscures de Libremont à bord de son véhicule de patrouille, le sentiment d'urgence exacerbé par les ombres de la nuit. L'horloge approchait de minuit et Harris envisageait de retourner au poste, résigné à reprendre sa quête le lendemain. Cependant, le destin semblait avoir d'autres desseins pour lui.
Un appel déchira le silence de la nuit, s'échappant de sa radio. Le central venait de signaler une intervention urgente.
— Unité 7, répondez. Nous avons une possible situation urgente à l'adresse 46, rue du Val. Des bruits étranges signalés par un voisin. Rendez-vous sur les lieux, je vous prie.
L'adresse correspondait à un quartier habituellement paisible, ce qui rendait d'autant plus étrange l'appel signalant des bruits inhabituels. Harris serra les dents et se mit en route. Il traversa les rues de la ville à toute allure, mettant de côté, l'espace d’un instant, sa quête de vengeance. À son arrivée, un homme anxieux se tenait devant la maison, l'air préoccupé.
— Agent, c'est chez les Vallente. Il se passe quelque chose d'anormal là-dedans, dit le voisin d'une voix empreinte d'inquiétude. J'ai entendu des bruits bizarres venant de leur maison. Croyez-moi, ce n'est pas normal, il y a des enfants qui vivent là, ajouta-t-il, soulignant la gravité de la situation.
Harris hocha la tête, reconnaissant pour l'information précieuse.
— Restez chez vous et ne sortez pas, peu importe ce qui se passe. Je vais jeter un coup d'œil.
Se dirigeant vers la maison, Harris se sentait intrigué et préoccupé. Tout semblait calme de l'extérieur, aucune lumière ne filtrait à travers les volets fermés. Le froid de la nuit paraissait s'être infiltré dans les murs de la demeure. Il gravit les marches jusqu'à la porte d'entrée et frappa à plusieurs reprises. Aucune réponse. Le silence était presque suffocant.
Finalement, il hésita un instant, conscient qu'il n'avait aucun droit d'entrer sans mandat. Cependant, l'inquiétude grandissante l'emporta sur la prudence. Il franchit la porte, une décision motivée par la préoccupation croissante pour la sécurité des occupants. Un frisson d'appréhension lui parcourut l'échine. Quelque chose n'allait pas. Il n'y avait aucun signe de vie, mais il y avait autre chose, un sentiment étrange qui imprégnait l'air.
Lorsqu'il se dirigea vers le salon, une scène macabre se dévoila sous ses yeux. La télévision, allumée, diffusait une image figée. À côté d'elle, une caméra reposait sur un trépied, capturant la pièce. Un post-it était collé sur l'objectif avec un simple mot écrit dessus : "Lisez-moi." Le cœur de Harris se serra d'anxiété à la perspective de ce qu’il risquait de découvrir.
Il progressait péniblement à travers l'obscurité, contournant précautionneusement des objets désordonnés et des meubles renversés, créant une atmosphère oppressante. L'odeur ferreuse présente dans l'air, accentuait son inquiétude grandissante. Des ombres se dessinaient de manière menaçante, ajoutant à l'atmosphère sinistre qui régnait dans la maison silencieuse.
Soudain, une sensation différente s’imposa à lui au moment de poser son pied sur le sol. Celui-ci était souillé par une flaque de sang. Le regard de Harris se posa alors sur le corps inerte de Madame Vallente, ses yeux restés ouverts, figés dans une expression de pure terreur. Le choc et la tristesse s'emparèrent de lui, sa gorge se nouant à la vue de l'horreur qui s'étalait devant lui. Il continua sa progression dans la maison, une tension grandissante le tenant en éveil. L’agent trouva ensuite le corps de Monsieur Vallente, assis sur le canapé, le cou tranché. Une onde de choc le traversa, son esprit refusant d'accepter la cruauté de ce qu'il voyait. Qui pouvait commettre de tels actes de barbarie ? La situation était bien au-delà de ses pires craintes. Un mélange de colère et de désespoir envahit son cœur, alors qu'il cherchait des réponses dans l'obscurité oppressante de la maison.
Un frisson glacial remonta le long de sa colonne vertébrale alors que les paroles inquiétantes du voisin résonnaient dans son esprit, évoquant la possible présence d'enfants. Dans un état de tension extrême, il se lança dans une quête désespérée à travers les pièces obscures de la maison, une lampe torche serrée dans sa main crispée.
Chaque pièce qu'il explorait était plongée dans une obscurité épaisse et palpable qui semblait vivante, éveillée d'une manière inquiétante. Le faisceau de lumière de sa lampe révéla des détails fantomatiques, des meubles renversés, des ombres mouvantes, créant une atmosphère d'appréhension.
Dans la chambre des enfants, des jouets éparpillés témoignaient de leur présence habituelle, mais l'absence de vie rendait l'atmosphère encore plus sinistre. Chaque coin obscur de la maison devenait une énigme à résoudre.
Son espoir s'amenuisait à mesure qu'il progressait, et la peur, combinée à l'urgence palpitante, transformait chaque battement de son cœur en un écho lugubre. Chaque pas résonnait dans le silence de la demeure, soulignant la gravité de l'horreur qui se déroulait dans cette pénombre de plus en plus menaçante.
Finalement, dans une petite alcôve sous l'escalier de l'étage, Harris découvrit Zak. Le petit garçon s'était endormi, recroquevillé sur lui-même. L'agent se précipita vers lui, l'attrapant doucement par le bras.
— Tout va bien maintenant. Tu es en sécurité, murmura-t-il, sa voix tremblante d'émotion.
Un mélange de soulagement et de tendresse illuminait son regard, tandis qu'il tentait de rassurer l'enfant, pris dans l’étau de l’angoisse de cette nuit cauchemardesque.
Le jeune garçon s'éveilla lentement, le visage pâle et les yeux emplis de frayeur. Il leva son regard vers Harris. La peur était toujours présente, mais la présence rassurante de l'agent commençait à l'apaiser. Alors que Harris enveloppait Zak de ses bras, il ne pouvait s'empêcher de se demander ce qui avait pu causer un tel cauchemar dans cette paisible maison de famille. Qu'allait-il advenir de lui sans ses parents ? Un sentiment d'empathie profonde étreignit le cœur de l'agent, faisant écho à ses propres inquiétudes pour sa fille, sensiblement du même âge que Zak. L'incertitude de l'avenir planait, mêlée à l'horreur du présent, dans ce moment de réconfort fragile.
À présent, il devait le faire sortir de là, et vite. Harris fit tout ce qu'il put afin d'épargner à Zak la vision de ce sinistre tableau dans le but de lui éviter des années de cauchemars récurrents. Lui cachant les yeux avec précaution, il le conduisit à sa voiture, éclairés par un ciel lunaire réconfortant. Enfin, il le déposa avec délicatesse sur la banquette arrière avant d'appeler ses collègues en renfort. Assis aux côtés de l'enfant, ils attendirent dans un silence respectueux, partageant un sentiment commun de compassion et de désir de protéger Zak du malheur qui venait de s'abattre sur sa vie.
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