#Mademoiselle sourire.

8 minutes de lecture

La porte s'ouvrit doucement, comme si cette dernière hésitait. Une jeune femme fit face à Zak et, avant même que celui-ci n'ait le temps de se présenter, elle se jeta sur lui, l'enlaçant fermement.

 — Zak, je n'y crois pas, dit-elle, la voix empreinte d'une émotion palpable.

Celui-ci ne cacha pas sa surprise, ce qu'elle remarqua immédiatement.

 — C'est moi, mademoiselle sourire ! annonça-t-elle, un sourire radieux illuminant son visage.

Ce nom replongea le jeune homme quinze ans en arrière. Il se revit sur ce banc, attendant ce qu'allait être une lente descente en enfer.

 — Je me souviens de toi. Nous étions enfants, dit-il, ses yeux se remplissant de nostalgie à l'évocation de ce passé révolu.

Elle l'invita à entrer dans son modeste appartement, où l'odeur apaisante du café fraîchement préparé flottait dans l'air. S'excusant pour cet excès de chaleur à son égard, elle expliqua que si lui n'avait plus entendu parler d'elle après leur rencontre, pour elle, ce fut bien différent. La jeune femme avait grandi avec un père obsédé par cette mystérieuse histoire de l'enfance de Zak. Petit à petit, elle avait fini par le rejoindre dans sa quête de vérité, cherchant à comprendre ce qui était arrivé à Zak après cette période sombre de sa vie.

Tandis qu'ils sirotaient leur café, elle lui raconta comment elle avait retracé ses pas, découvrant des fragments de son passé parsemés à travers les années. Les deux âmes tourmentées se retrouvaient ainsi liées par un passé commun, chacune cherchant des réponses à ses propres questions, mais aussi à celles de l'autre. Dans cet échange de souvenirs et d'espoirs, un lien spécial se créa entre eux, forgé par le désir de comprendre le passé et d'apaiser les tourments qui les avaient hantés si longtemps.

Bien qu'il sentît qu'il valait mieux éviter la question, celle-ci lui brûla les lèvres.

 — Où est ton père? finit-il par oser.

Après un long silence, Zoé lui annonça la mort de Franck. Les mots résonnèrent dans l'air comme un écho lointain du passé, et Zak sentit un mélange de tristesse et de culpabilité l'envahir. Il se souvint des dernières paroles échangées avec Franck, de la dispute et des mots durs qu'ils avaient eus ce jour-là.

 — Si ça peut te soulager, mon père ne t'en a pas voulu. Et il n'a sûrement pas arrêté de traquer les coupables après ça, révéla Zoé d'une voix douce, cherchant à apaiser le fardeau de Zak.

Zak, submergé par le poids de ses regrets, lui fit part de ses terribles remords concernant cette dernière visite. Il aurait tellement aimé pouvoir revenir en arrière, réparer les erreurs du passé.

Zoé, compatissante, lui révéla alors que pour son père également, cette affaire avait tout changé. Franck avait sacrifié sa carrière pour continuer son enquête, cherchant à rendre justice à Zak et à d'autres victimes innocentes. Et après sa mort, Zoé avait pris le relais, poursuivant la quête de vérité que son père avait commencée, honorant ainsi sa mémoire et luttant pour un avenir plus juste.

Ils discutèrent longuement, partageant leurs souvenirs et leurs espoirs pour l'avenir. Zak lui fit part de la lettre qu'il avait reçue en prison, signée de la main de Marc. Voyant qu'il en savait plus que ce qu'elle imaginait, elle l'invita à la suivre à l'étage. Ensemble, ils s'arrêtèrent devant une porte close. Un silence s'installa, pesant d'émotion. Zoé préféra prévenir Zak avant d'ouvrir.

 — Ce que tu vas voir dans cette pièce, c'est tout le travail effectué par mon père et moi afin de te rendre justice, expliqua-t-elle d'une voix douce, cherchant à le préparer mentalement.

Zoé était un petit génie de l'informatique. Si une information dont elle avait besoin existait quelque part sur internet, elle était capable de la trouver. Ses compétences lui avaient alors permisent de continuer l'enquête malgré le handicap dont elle souffrait. La jeune femme ne quittait jamais son domicile, l'agoraphobie l'en empechait.

À son premier pas dans cette petite pièce, Zak fut abasourdi. Les murs étaient couverts de photos, de notes, de cartes et de documents, formant un collage complexe et détaillé. Chaque élément était lié à son histoire, à son passé, à cette sombre période de sa vie. Il découvrit des détails qu'il ignorait, des pistes qu'il n'avait jamais envisagées. C'était comme si son passé était exposé devant lui, brut et sans fard.

Le cœur serré d'émotion, Zak réalisa l'ampleur du travail investi par le père et la fille pour élucider le mystère qui l'entourait. Il se sentit à la fois reconnaissant et bouleversé par tant de dévouement envers sa cause. C'était un moment douloureusement beau, où la vérité se dévoilait dans toute sa complexité, offrant à Zak un aperçu cru de son passé et de l'amour inconditionnel que deux inconnus lui avait porté.

 — Je n'y crois pas, dit Zak, faisant le tour des murs du regard. Je ne pensais pas que vous aviez dédié vos vies à la mienne. Je m'en veux tellement, ajouta-t-il, lourd de culpabilité.

 — Il ne faut pas ! lui répondit Zoé, pleine d'impatience, cherchant à apaiser les tourments de Zak.

Elle rêvait secrètement de ce moment, de sa révélation, fière du travail accompli et des vérités mises au jour. Elle s'apprêta à partager avec Zak les innombrables découvertes qu'ils avaient faites. Elle pointa d'abord du doigt les photos de trois hommes accrochées au mur.

 — Ton père, Carl, notre bon maire, et lui, c'est son frère, Marc. Celui qui t'a écrit en prison. Tout est parti d'eux. Tu connais le début de leur histoire. Et tout n'a fait qu'empirer, expliqua-t-elle, les yeux brillants d'une détermination sans faille.

Les révélations allaient continuer, dévoilant un réseau complexe de secrets et de mensonges qui avaient marqué la vie de Zak d'une empreinte indélébile.

Elle lui montra ensuite un article de journal. Une jeune femme avait disparu depuis quelques mois quand son corps fut retrouvé en pleine forêt. Elle avait été torturée avant de mourir d'un coup de poignard en plein cœur. Zoé expliqua à Zak que cet événement était sans doute celui qui avait déclenché le retrait de son père, puis son meurtre treize ans plus tard.

 — C'est cette tragédie qui a marqué un tournant dans l'enquête de mon père. Il était convaincu que cette jeune femme avait été victime du même groupe de criminels qui t'avaient ciblé toi et d'autres. Son obsession pour la justice l'a conduit sur le chemin dangereux des secrets que Libremont cachait. Il a continué à creuser, à découvrir les sombres vérités que d'autres voulaient garder enfouies.

Zak observa l'article, son cœur lourd de chagrin pour cette victime innocente et pour le père dévoué qui avait payé le prix de son obsession pour la vérité. C'était une douloureuse confirmation de l'étendue des actes cruels commis par ce groupe de criminels et de la nécessité de les arrêter une fois pour toutes. La vengeance et la justice se mêlaient dans ses pensées, alimentant sa détermination à mettre fin à ce cauchemar qui avait hanté sa vie pendant si longtemps.

Elle fit le tour de ces preuves, mais Zak n'écoutait plus. Son regard ainsi que toute son attention étaient portés à une seule photo. Il s'en approcha lentement, son cœur battant la chamade, de peur d'y voir ce qu'il pensait.

Zoé appréhendait d'aborder ce sujet, mais à la réaction de Zak, il n'y avait plus moyen d'y échapper.

 — Mon père pensait que c'était Marie, et à ta réaction, je devine qu'il avait raison, confessa-t-elle, sa voix tremblant légèrement sous le poids de la révélation.

Zak était alors tant perdu que perplexe. Il ne savait pas par laquelle de ses mille questions commencer.

 — Comment est-ce possible ? balbutia-t-il. Sur cette photo, elle doit avoir seize ans. De ce que j'en sais, elle a disparu à onze ans, le soir du meurtre.

La jeune femme, consciente de l'ampleur du choc qu'elle venait de lui infliger, commença alors le récit de l'histoire de Marie, dévoilant les sombres détails de ce qui était arrivé à la jeune fille après sa disparition. Les révélations s'abattirent sur Zak comme une pluie glaciale, faisant naître en lui un mélange de rage et de désespoir. Il était confronté à l'horreur inimaginable de ce qui était arrivé à Marie, la douleur de la perte mêlée à l'indignation face à l'inhumanité des coupables.

 — Ta sœur a été déposée devant chez un homme un soir, alors qu'elle était presque morte. Au vu des blessures que portait son corps, mon père pensait que cet homme avait été choisi pour une très bonne raison. Il pratiquait le métier de démonologue et était autorisé à accomplir des exorcismes, raconta Zoé d'une voix serrée, révélant l'horreur de ce que Marie avait enduré.

Zoé présenta une photo à Zak, celle de l'homme en question, le professeur Mc Mullen.

Celui-ci l'avait aussitôt amenée à l'hôpital où elle avait reçu les premiers soins. Mais pas plus, car dès le lendemain, elle s'était volatilisée de sa chambre. Et son état ne lui permettait en aucun cas d'être sortie d'elle-même sans être vue. Que quelqu'un l'ait sortie pour la protéger ou était venu terminer le travail, ça, personne ne le savait.

Zak était glacé d'horreur devant le récit des souffrances de sa sœur, de l'injustice de ce qu'elle avait subi. L'idée qu'elle puisse avoir été victime d'une conspiration encore plus sombre le hantait.

 — Quoi qu'il en soit, on ne l'a jamais revue, conclut Zoé d'une voix basse, lourde de chagrin et d'impuissance devant cette terrible disparition.

Zak était sous le choc. Sa sœur lui apportait une raison de plus de désirer la vengeance à tout prix.

 — L'enquête que vous avez menée est folle, dit-il, sa voix chargée d'une détermination féroce. À présent, j'entre dans la danse.

 — On aurait très bien pu ne jamais rien savoir. Tout est parti d'une erreur de l'un des tueurs le soir où tu as tout perdu. L'un d'entre eux a prononcé le nom de Carl dans la vidéo qu'ils ont laissée, précisa Zoé, loin de savoir qu'elle venait, elle aussi, d'en commettre une.

 — Quelle vidéo ? demanda Zak, d'un ton surpris, ignorant encore les détails qui pourraient éclairer son chemin.

Zoé, réalisant qu'aucun retour en arrière n'était plus possible, prit une profonde inspiration avant de révéler les sombres vérités cachées derrière ce mystérieux enregistrement. C'était le début d'une nouvelle étape dans leur quête de justice, où chaque révélation les rapprochait un peu plus de la confrontation inévitable avec les forces obscures qui avaient détruit leur vie.

Annotations

Vous aimez lire Matthew Ashborn ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0