#Trahison
Dans la salle informatique des rangs du mal, l'attente était électrique, le leurre soigneusement placé et la surveillance minutieuse. Il suffisait désormais de patienter pour le technicien ; à la prochaine visite de l'intrus, son identité serait enfin révélée. Pour éveiller la curiosité de cet invité indésirable, un fichier avait été habilement baptisé "Liste des membres".
L'attente, tendue comme un fil de rasoir, fut de courte durée. Une alarme retentit soudainement sur l'ordinateur du jeune technicien. Il se précipita sur son téléphone, l'excitation illuminant son regard.
— C'est parti ! s'exclama-t-il.
Trois minutes à peine plus tard, la porte s'ouvrit brusquement, laissant entrer Marc, essoufflé et impatient.
— Où en es-tu ? interrogea-t-il avec urgence.
Le technicien annonça à son supérieur que l'identification était imminente, tapotant frénétiquement sur son clavier. Sa vie dépendait de ces résultats, cela, il l’avait vu de ses propres yeux. Marc, anxieux, tambourina du bout des doigts sur la table, en phase avec les frappes rapides du technicien. Puis, après un combat bref, mais intense, le silence retomba.
D'un geste assuré, l'homme entra les coordonnées obtenues sur une page Internet. Une vue satellite d'une rue apparut alors à l'écran.
— Les attaques proviennent de cette maison, assura-t-il.
Marc se pencha par-dessus son épaule pour vérifier les informations. Il reconnut immédiatement l’adresse. C'était celle du plus fidèle ennemi des rangs du mal.
— La fille Harris, ce n'est pas possible...
Un silence pesant s'installa, lourd de révélations inattendues. Marc semblait déconcerté par cette découverte. Dans quelques minutes, Carl en saurait autant et pourrait enfin résoudre ce problème. Mais Marc n’était pas sûr de le vouloir réellement. Un terrible dilemme se jouait en son for intérieur. En quelques secondes, il prit sa décision, sachant que celle-ci serait forcément définitive.
— Beau travail, murmura Marc, avant de tirer sur le technicien avec son arme équipée d'un silencieux.
Désormais, il était trop tard pour reculer, le point de non-retour était franchi. Il détruisit l'ordinateur avant d’envoyer un message d'urgence à Carl. Lorsque ce dernier fit irruption, il ne trouva que le cadavre du technicien et un ordinateur fumant.
Pendant ce temps, Marc quittait le manoir à bord de sa voiture. Sur le siège passager, reposait le grimoire d'Eloïne, l'ami précieux de son frère. Marc observa la lueur des rubis s'affaiblir, jusqu'à disparaître, tout comme le manoir dans ses rétroviseurs, laissant derrière lui un sentiment d'irréversibilité glaciale.
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