#Un allié inattendu.
Au volant de la voiture confiée par Zoé, Zak fendait l'obscurité nocturne. Les bips de sa montre sonnaient le glas de minuit, alors que la soirée passée avec les quatre chasseurs de fantômes venait de s'achever. Un voile de perplexité obscurcissait son esprit quant aux répercussions de leur conversation. Avait-il fait le bon choix ? Cette question tourmentait son esprit, un écho sans réponse. Il l'avait méditée à maintes reprises, cherchant en vain une solution alternative. Cependant, au fil de ses réflexions, il n'avait pas trouvé de chemin différent, pas d'alternative à l'action qu'il avait entreprise.
Bloqué dans ses pensées, Zak ne se rendit pas compte du temps qui s'écoulait pendant le trajet. Ce n'est qu'au moment de se garer près de la maison de Zoé qu'un détail frappa son attention, le ramenant brutalement à la réalité. Juste devant la clôture, fixant intensément la fenêtre d'où émanait une lueur, un homme se tenait là, parfaitement immobile. Un frisson d'appréhension parcourut l'échine de Zak, un sentiment de danger immédiat éveillé dans son esprit. Les poils se dressèrent le long de ses bras, son instinct lui soufflant que quelque chose n'allait pas. Avaient-ils été repérés ? Une incertitude pesante plana dans l'air, immobilisant Zak dans le véhicule, laissant l'indécision suspendue dans la nuit. Il resta là un long moment, en proie à l'incertitude, cherchant désespérément la meilleure façon d'agir.
Le plus crucial à cet instant précis était indubitablement la sécurité de Zoé. Zak se demanda s'il y avait d'autres hommes déjà à l'intérieur de la maison. L'homme immobile devant la clôture pouvait-il être simplement un guetteur, pendant que d'autres œuvraient à l'intérieur ? La panique le submergea. Ses doigts tremblants saisirent son téléphone portable, composant nerveusement le numéro de Zoé. Répondeur. L'inquiétude s'amplifia. Il passa au deuxième numéro, celui d'urgence, qu'il n'avait pas encore eu besoin d'utiliser. Parcourant frénétiquement son répertoire, il appuya finalement sur la touche "appeler".
- Zak ! Que se passe-t-il ? s'écria Zoé, l'inquiétude transparaissant dans sa voix.
- Dieu merci, tu vas bien, souffla Zak, un soupir de soulagement mêlé d'anxiété. Je n'arrive pas à te joindre sur l'autre numéro, et un homme est là dehors, il regarde la maison sans bouger.
Il l'entendit hésiter de l'autre côté de la ligne, ne sachant que faire, que dire.
- Écoute, ne fais rien de stupide et cache-toi. Ajouta Zak.
Zoé acquiesça sans poser de question. Pendant ce temps, l'homme sur le trottoir semblait pris d'hésitation. Il avançait vers la maison, puis reculait, jetant des regards furtifs à gauche et à droite. C'est lors d'un de ses mouvements, trahissant le conflit intérieur qui le tourmentait, que Zak reconnut l'homme. C'était Marc, là, à quelques mètres de lui.
- Alors, on fait quoi ? demanda Zoé pour la troisième fois consécutive, l'anxiété perçant dans sa voix.
- Rien, je le reconnais. Ne bouge pas, je te rappelle, murmura Zak d'une voix basse, avant de raccrocher.
La tension dans l'air était palpable, mais Zak savait qu'il devait rester calme et réfléchir à la meilleure stratégie pour protéger Zoé. La confrontation avec Marc s'annonçait inévitable. Depuis bien longtemps , Zak attendait ce moment. Depuis cette lettre, reçu en prison.
Que faisait le deuxième homme le plus influent chez les rangs du mal devant chez Zoé ? Était-ce un piège, une machination diabolique en cours d'élaboration ? Bien qu'il soit assailli par ces questions, Zak savait qu'il ne pouvait pas rester là, caché dans l'obscurité. Il avait trop de questions à poser à Marc. Avec une détermination résolue, Zak descendit de la voiture et s'approcha silencieusement de l'homme. Marc, alerté par des bruits de pas se dirigeant vers lui, se tourna brusquement. Un long duel de regards s'engagea alors, empreint d'intensité, chacun cherchant à percer les secrets de l'autre dans ce face-à-face tendu.
- Zak, sais-tu qui je suis ? demanda Marc d'un ton sérieux.
- Je le sais. Que faites-vous ici ? répliqua Zak, intrigué par la présence de Marc.
Marc éclata de rire nerveusement.
- Tu fais donc équipe avec la fille Harris. Celle-là, je ne l'ai pas vu venir, commença-t-il. Je suis ici pour plusieurs raisons, ajouta-t-il, laissant un moment de silence peser dans l'air.
Il commença par s'excuser sincèrement du drame subi par la famille du jeune homme. Puis, il tenait visiblement à les avertir que leur position était connue de Carl.
- Vous êtes en danger, assura-t-il d'un ton grave, soulignant l'urgence de la situation.
Après avoir partagé ses préoccupations avec Zak, Marc lui tendit le grimoire d'Eloïne.
- Tenez, Carl ne doit jamais remettre la main dessus. Cachez-le, détruisez-le. Faites-en ce que bon vous semble, tant qu'il reste loin de mon frère.
- Pourquoi nous aidez-vous ? demanda Zak, perplexe face à cette soudaine assistance.
Mais Marc ne répondit pas. Il paraissait simplement épuisé, désirant ardemment que tout s'achève. Il savait que jamais Carl ne le laisserait tranquille. Jamais, il n'accepterait sa démission. Alors son choix était fait, et il n'avait aucune intention de laisser qui que ce soit tenter de le faire changer d'avis.
- Dernière chose, dit-il d'une voix basse avant de tendre un morceau de papier à Zak.
Sur le papier, Zak vit une adresse, sans aucune autre indication. Marc, lui, commença à s'éloigner. Zak le suivit, répétant plusieurs fois sa question, cherchant désespérément des réponses. Cependant, Marc continuait d'avancer en silence. Arrivé à sa voiture, il se tourna vers Zak.
- C'est l'endroit où j'ai caché ta sœur, annonça-t-il d'une voix lourde avant de monter dans son véhicule.
La révélation frappa Zak de plein fouet. Une multitude d'émotions s'entremêlèrent en lui. L'inquiétude pour sa sœur se mêlait à la confusion quant aux actions de Marc. Avant qu'il ne puisse poser une autre question, Marc monta dans sa voiture et fermait la portière, restant là , immobile, les mains sur le volant. Zak seul, tenant le morceau de papier, l'esprit bourdonnant d'interrogations et de préoccupations.
Zak était sous le choc, Marie était donc toujours en vie. Alors qu'il demeurait coincé dans ses pensées, envahis de milliers de questions, une détonation violente résonna dans les rues désertes de Libremont. Marc venait tout juste de se tirer une balle en pleine tête. Le sang maculait la vitre conducteur, créant une scène macabre dans l'obscurité de la petite rue. Ce sang le plongeait alors dans ses souvenirs, les images gravées en lui de ce qu'il avait vu et vécu par le passé refirent surface, créant un tourbillon d'émotions contradictoires. En état de choc, Zak reprit le chemin de la maison de Zoé, laissant celui qui venait de se sacrifier pour l'aider à faire justice. Marc savait que ce qu'il avait fait ce soir était une irréversible et impardonnable trahison pour son frère. Le poids de ses remords venait de disparaître dans un fracas assourdissant.
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