#Marie

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Comme à son habitude, Zoé se leva aux aurores. Sa routine matinale débutait chaque jour dans la cuisine. Elle entamait sa journée en préparant du café, son allié indispensable dans son enquête. Mais ce matin-là, elle fut surprise de trouver Zak déjà attablé, une tasse fumante à la main. Il était évident qu'il n'avait pas dormi de la nuit. Son regard était empreint de fatigue et de préoccupation, trahissant les tourments qui l'avaient assailli tout au long de la nuit. Dès qu'il essayait de fermer les yeux, il voyait l'arrière du crâne de Marc, s'ouvrant sous le poids du projectile de son arme.

Zoé se servit une tasse de café, puis avant de s'asseoir, elle aussi, elle posa sa main sur l'épaule de Zak, en guise de soutien. Les relations humaines n'étaient pas son point fort, elle ne savait que dire dans ce genre de situation. Elle était là, l'oreille attentive, mais les mots lui manquaient. Le silence entre eux était empli de compréhension mutuelle, un lien silencieux forgé par les épreuves qu'ils traversaient ensemble.

Elle se positionna en face de Zak. Au centre de la table, le petit papier sur lequel Marc avait griffonné une adresse était posé.

 — Tu comptes y aller aujourd'hui ? demanda Zoé.

 — Oui, si ma sœur est là-bas, je dois m'y rendre. Et je ne pense pas qu'il s'agisse d'un piège, répondit-il.

Zoé s'excusa alors. Elle aurait aimé l'accompagner, être là pour lui dans ce moment difficile. Cependant, les années passées à se cacher, à rester confinée dans une pièce sombre face à un écran, l'avaient rendue agoraphobe. L'idée de sortir et de se balader en plein jour la terrifiait au plus profond de son être.

 — Pas besoin de t'excuser. Tu es mon soldat de l'ombre, et je ne te demanderai jamais de te mettre davantage en danger, dit-il avant de poursuivre. En plus, il faut que tu fasses des recherches sur ce livre.

 — J'ai commencé ! répondit Zoé.

Elle expliqua alors qu'au cours de ses premières heures de recherche, elle avait découvert qu'une certaine Eloïne avait vécu à Libremont. Cependant, cela remontait à bien des années, voire des siècles. À l'époque du gouverneur Sorel premier, le fondateur de la ville, une petite fille portant ce nom avait disparu de manière tragique. Une plaque commémorative en son honneur avait même été posée au lieu du drame, à l'entrée d'une grotte en périphérie de la ville. Cette grotte aurait été condamnée pour que plus personne n'y pénètre.

 — Je vais chercher plus d'informations. Il ne peut pas s'agir de la même Eloïne, cela serait arrivé quand elle avait dix ans. Et ce que j'ai vu dans ce livre n'est pas l'œuvre d'une enfant.

Le briefing de la journée étant fait, tous deux se préparèrent mentalement à la journée qui les attendait, silencieusement, savourant leur breuvage matinal. Une tension palpable flottait dans l'air, mêlée à la détermination. Ils savaient que chaque instant comptait, chaque indice pouvait les rapprocher de la vérité. Dans ce moment de calme relatif, ils se sont préparés à affronter l'inconnu, conscient que leur quête risquait de les mener vers des territoires encore plus sombres.

Zak se leva, prêt à se rendre à la probable rencontre avec sa sœur. Même s'il gardait ses espoirs pour lui, afin d'éviter la déception, il ne pouvait s'empêcher d'y croire. Avant de quitter la pièce, Zoé l'interpella doucement.

 — Zak, attends !

Il s'arrêta et se tourna vers elle. Le respect et l'affection entre eux étaient palpables. Sa gratitude envers elle brillait dans ses yeux, mais il était incapable de l'exprimer en mots. Zoé, ressentant la profondeur de leur lien, remplaça une fois de plus les paroles par un geste. Elle l'enlaça tendrement, lui offrant un réconfort silencieux et chaleureux.

 — Fais attention, s'il te plaît, demanda Zoé, la voix empreinte de préoccupation. J'ai été trop seule et…

Un silence enveloppant s'installa, mais Zak comprit le message non dit. Il vint à son secours, la regardant dans les yeux.

 — Moi aussi, Zoé, je tiens énormément à toi, dit-il d'une voix sincère, avant de sortir.

Ravie, elle le regarda partir, un sourire teinté d'une tendre affection illuminant son visage. Les mots étaient peut-être superflus entre eux, mais leur connexion était profonde et inébranlable, ancrée dans un respect mutuel et un soutien indéfectible.

Les indications de Marc avaient guidé Zak vers les hauteurs des collines qui entouraient Libremont. C'était un endroit isolé où le seul bâtiment se démarquait de son environnement : une luxueuse maison probablement vieille de cinq ans tout au plus. À des kilomètres à la ronde, il n'y avait rien d'autre à voir, et à moins d'être à quelques mètres de distance, le bâtiment était invisible, dissimulé derrière les grands pins anciens, caractéristiques de la région.

Le jeune homme avait arrêté son véhicule devant la grille, ignorant la prudence. Il observa un moment, mais refusa de perdre la moindre seconde ; il sortit de la voiture et appuya sur la sonnette.

Quelques secondes plus tard, une femme en tenue d'infirmière apparut, l'air étonné.

 — Bonjour, vous êtes perdu ? demanda-t-elle.

Zak se présenta et expliqua que Marc lui avait indiqué cet endroit.

 — Marc m'a prévenu ce matin, entrez, dit-elle en ouvrant la grille.

Zak s'avança, conscient que toute cette histoire semblait vraie. Il allait revoir sa sœur, mais dans quel état ? Certaines questions disparurent tandis que d'autres s'imposaient, ajoutant à son inquiétude grandissante.

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