Le black out

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Deux très jeunes femmes viennent en pouffant de rire.

"Bonjour, je voudrais une pillule du lendemain s'il vous plait"

"D'accord, pour choisir la bonne pillule j'ai besoin de savoir à combien de temps remonte le rapport à peu près?"

"Eh bien... Il n'y en a pas eu, enfin... C'est au cas où" *rires*

"Comment ça?"

"Heu, je suis sortie avec un mec hier soir, j'ai dormi chez lui et je me souviens de rien, mais je sens qu'il s'est passé quelque chose... ahah"

"Et vous êtes sûre que tout va bien? Ca n'est pas anodin de ne pas se souvenir d'un rapport, il y a un peut-être un soucis de consentement... Il vous a fait boire?"

Il n'y a plus eu de rires à partir de maintenant, à ces mots, j'ai vu une sorte de réalisation passer derrière ses yeux l'espace d'un instant, les rendants humides, débordants.

"... Oui j'ai bu mais pas tant que ça, d'habitude je bois plus et j'ai pas de black out... Là je me rappelle de rien"

"C'est quelqu'un que vous connaissez?"

"Oui c'est un ami, enfin vite fait..."

"Et vous lui avez posé la question à propos d'hier soir pour savoir ce qui s'est passé?"

"Oui il m'a dit qu'il n'y a rien eu, donc je sais pas, je crois qu'il y a eu un truc"

"Comment vous savez qu'il s'est passé quelque chose?"

"Bah j'ai mal en bas..." *Pointe du doigt vers le bas*

"Je vous délivre la pilule que vous prendrez le plus vite possible, mais je pense que vous devriez consulter un médecin aujourd'hui pour s'assurer que tout va bien. Une gynéco ça serait bien car elle pourra vous dire s'il y a eu un rapport traumatique et constater les lésions, une prise de sang permettra de savoir s'il y a eu plus que de l'alcool ce soir là. Je vais vous donner les contacts de quelques gynécos, je peux même les appeler pour leur expliquer la situation afin que vous ayez un rendez-vous tout de suite. Sinon, vous pouvez vous rendre à l'hopital civil aux urgences gynéco, ils ont l'habitude.

"... Merci, je vais peut-être y aller oui."

Dans une majorité de cas de soumission chimique, on retrouve l'alcool, souvent seul car il suffit à altérer le jugement, desinhiber et provoquer une amnésie des évenements. A cette époque, un solvant nommé GBL était encore facilement achetable sans rescrition sur internet, c'est un très proche cousin du GHB, ses effets sont identiques. Il était très souvent utilisé pour le chemsex par les communautés gay mais a très vite trouvé une toute autre clientèle. Ces substances disparaissent très vite de la circulation sanguine, cela en fait des drogues du violeur idéales.

Les benzodiazépines sont aussi très prisées car elles provoquent une myorelaxation, une deshinbition et des amnésies à fortes doses, leur co-administration avec de l'alcool potentialise les effets. Le Rivotril sous sa forme en goutte a pendant longtemps été détourné de son effet à cet usage, si bien que les laboratoires ont dû colorer les gouttes en bleu pour les rendres détectables dans les boissons. Lorsque je vois une fausse ordonnance de rivotril (et j'en vois encore souvent) je suis très en colère.

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