S10
— Parler de moi et de mon histoire m’a fait du bien, mais ça n’a servi à rien. Tout ce que j’ai raconté, je le savais. Rien de nouveau n’est réapparu. C’est juste mieux rangé dans ma tête.
— C’est comme revoir Antoine. Émouvant, mais sans rien de nouveau. On s’est juré de maintenir le contact, de ne plus se perdre. C’était sincère, tout en sachant que nous n’allons pas le faire. Quand nous parlions, nous avions la même proximité de jadis, la même affection amicale. Mais le temps a passé, si on se revoit, ce sera pour partager la nostalgie, pas pour construire à nouveau. Et puis, entre nous, il y a ce drame qui ternit tout. L’amitié se renforce dans les épreuves surmontées ensemble, pas dans les tragédies qui vous replient. Nous nous reverrons, j’espère…
— J’en suis toujours au même point. Mon amour, mon premier amour, celui de la vie, est mort. Je m’en sens toujours responsable, coupable. Tout ça pour rien. Je vais reprendre ma vie, me battre pour que mes garçons ne sortent pas brisés à jamais de leur premier chagrin. Si je peux le faire, ils vivront heureux, j’aurais réussi ma vie. Tourner le dos au passé, c’est la meilleure solution.
— Je vais quand même essayer d’avoir des nouvelles de Samuel. Comme avec Antoine, il faut conclure. Je les ai quittés sans refermer la porte. Ça, je peux le faire. Et puis, basta ! Vogue la galère !
— …
— Non, ce n’est pas vrai. Je ne suis pas bien avec cette histoire. Elle me ronge depuis toujours. J’ai besoin de savoir. Je ne suis jamais allé sur sa tombe. Je ne sais même pas où elle est enterrée. Je veux savoir pourquoi elle est morte, si c’est de ma faute, ou de la faute à qui. Il faut que je la retrouve, que je fasse la paix avec elle.
— Finalement, c’est le destin qui a relancé les dés en mettant Antoine sur mon chemin. Lui aussi a aussi besoin de savoir.
— Je n’ai plus peur de la vérité.
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