S20

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— Je suis désolé de vous avoir rendu responsable en partie de ce fiasco en m’écoutant. C’est encore plus compliqué !

— J’avais décidé de tout arrêter, de ne plus revoir Antoine et Samuel. D’autant que j’avais été un peu odieux en les questionnant.

— Tout est reparti.

— C’est Étienne qui m’a appelé. Il s’est d’abord excusé. Lors de notre déjeuner, il avait eu l’impression de nous avoir rejetés brutalement en disant que ce n’était plus notre affaire. Il m’avoua qu’il était alors en colère contre nous. On lui avait apporté une bombe qui allait détruire sa vie et l’entreprise familiale. D’un autre côté, on lui avait donné une clé pour se libérer d’un truc qui le rongeait.

— C’est assez incroyable, car nous ne nous connaissions pas. Juste ce déjeuner. Il avait besoin de parler, et il avait pensé à moi. Il entrecoupait ses paroles d’excuses, voulant s’assurer qu’il ne me dérangeait pas. Ça a duré des heures et Marion m’interrogeait sans cesse du regard.

— Il s’était beaucoup interrogé sur cette histoire. Ce qu’il percevait de Paul-Henri ne collait pas. Son cousin avait joué le rôle de grand frère avec lui, montrant beaucoup d’affection. Il était un homme heureux, épanoui. Étienne le sentait incapable de la moindre agressivité, surtout sexuelle. Il était dur en affaires, mais toujours prévenant, sans brutalités ou vexations.

— Étienne avait profité d’un voyage à deux pour évoquer cette période. Ils n’en avaient jamais parlé. Il fut surpris par les propos de Paul-Henri. Ce dernier avait été amoureux d’Aurélie, malgré leur différence d’âge, plus de six ans. Il ne s’était jamais déclaré, car elle était « bizarre ». Elle avait été une petite fille radieuse, toujours très belle et très attirante par sa joie et ses démonstrations d’affection. Elle avait brusquement changé vers ses onze, douze ans, devenant instable, irascible ou charmante, tout en épanouissant sa jeunesse. Étienne rapportait les mots de Paul-Henri et, franchement, on ne pouvait qu’être d’accord avec lui : Aurélie le fascinait, l’envoutait, mais il lui avait porté une dévotion infiniment respectueuse, ne voulant pas toucher cette beauté et étant refréné par ce caractère incompréhensible.

— Bref, pour Étienne, Paul-Henri ne pouvait en aucun cas avoir agressé sa sœur. De plus, il avait proposé à Étienne de l’aider à retrouver des souvenirs d’Aurélie, pour la faire revivre. Il en est toujours un peu amoureux. Pour lui, Aurélie a souffert de troubles psychologiques ou psychiatriques, apparus avec la puberté. Le secret absolu sur sa fin, il n’a jamais compris, sauf la honte d’un suicide, ou de la folie dans la famille.

— Le plus dur fut la suite. Il nous avait reproché d’être venus détruire l’image d’Aurélie et d’avoir tenté de détruire sa famille, avec des ragots, sans aucune preuve. Pourtant, il avait cru en notre sincérité. Et puis, objectivement, faire des centaines de kilomètres pour aller raconter n’importe quoi à un inconnu, c’était incohérent. Surtout, au fond de lui, stagnait la perception d’un mystère, d’un secret. Il était mitigé. Il avait besoin de savoir. Nous détenions une partie de l’histoire, la plus tragique. Il me propose de les aider, lui et Paul-Henri, à trouver la vérité.

— Je ne sais pas quoi faire. Je n’ai confiance ni en Antoine, ni en Samuel, ni… en moi !

— C’est leur affaire ! Une affaire de famille. Je ne suis pas concerné.

— Ce n’est pas vrai. Je le dois à Aurélie.

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