Chapitre 5
Vincent sentit une sueur glacée couler dans son dos, malgré l'air glacial de l'entrepôt. L'homme devant eux pointait une arme, son sourire s’élargissant à mesure qu’il évaluait leur situation.
— Alors comme ça, on fouille chez Jano, hein ? demanda-t-il avec un accent rauque. Vous savez au moins ce que ça coûte ?
Elsa, terrifiée mais toujours alerte, posa lentement une main sur le bord d'une caisse.
— On ne voulait rien, murmura-t-elle. Juste... reprendre ce qui nous appartient.
L'homme plissa les yeux, son arme légèrement abaissée.
— Ce qui t’appartient ?
— Oui. L’argent qu’il m’a volé. Il... il m’a utilisée, et maintenant je suis censée payer pour lui.
Il éclata d’un rire grave et rauque.
— Elsa, Elsa... Tu crois qu’il va gober ça ? Et toi, ajouta-t-il en pointant son arme vers Vincent, t’es qui dans cette histoire ?
Vincent tenta un sourire calme, bien qu’il sente ses jambes prêtes à céder sous la tension.
— Juste un ami. Qui passait par là.
L’homme grimaça, visiblement peu convaincu, mais Elsa en profita pour détourner l'attention.
— Écoute, Fabrice, on n’a rien pris. Laisse-nous juste partir.
Fabrice fronça les sourcils, comme pris au dépourvu par le fait qu'elle connaissait son nom.
— Tu te fous de moi, là ? T’es encore plus conne que je pensais. Maintenant bougez pas, vous deux.
Il porta une main à sa poche, probablement pour appeler des renforts.
C’est à cet instant qu’Elsa saisit une barre métallique appuyée contre la caisse et la balança de toutes ses forces sur l’arme. Un bruit sourd résonna lorsque l’arme heurta le sol.
— Cours ! cria-t-elle à Vincent.
Mais Vincent, plutôt que de fuir, plongea sur Fabrice, le déséquilibrant avec un coup à l’épaule. Les deux hommes tombèrent au sol dans une mêlée chaotique, les poings et les jurons volant dans tous les sens.
— L’arme ! cria Elsa.
Elle se précipita pour récupérer l’arme tombée, mais Fabrice, malgré sa carrure, repoussa violemment Vincent et se releva d’un bond.
— Toi, t’es mort ! rugit-il en attrapant une barre à sa portée.
Elsa, tremblante, pointa l’arme sur lui.
— Stop ! hurla-t-elle. Bouge pas !
Fabrice éclata de rire, avançant lentement vers elle, son expression pleine de mépris.
— T’as jamais tiré de ta vie, princesse. Tu sais même pas comment ça marche.
Vincent, le souffle coupé, ramassa un outil à sa portée et le lança avec toute sa force sur Fabrice. Le choc, bien qu’imprécis, le fit tituber juste assez pour qu’Elsa récupère ses esprits.
— Stop ! répéta-t-elle, plus fort cette fois.
Cette fois, sa voix n’était pas tremblante. Elle recula légèrement, gardant Fabrice à distance, son doigt sur la gâchette.
— Dégage, Fabrice. Maintenant.
Le regard de Fabrice hésita entre rage et prudence. Finalement, il recula lentement, levant les mains.
— Vous venez de signer vos arrêts de mort, lâcha-t-il en reculant vers la porte.
Il disparut dans l'ombre, ses pas résonnant dans l’entrepôt.
— On doit partir, souffla Elsa, reposant l’arme sur une caisse, les mains tremblantes.
Vincent, encore à terre, peina à se relever.
— Et ensuite ? Tu crois qu’il va juste oublier ça ?
Elle secoua la tête, le regard fixe.
— Non. Il va prévenir Jano. On est foutus.
Il la fixa un instant, puis posa une main sur son épaule.
— Alors on finit ce qu’on a commencé.
Elle releva les yeux, surprise.
— Tu veux retourner dans la gueule du loup ?
— Pas tout de suite, répondit-il en désignant la mallette. Mais si on veut lui échapper, il nous faut un levier. Et ce qu’il y a là-dedans pourrait être exactement ça.
Ils se remirent à fouiller frénétiquement. Elsa trouva un carnet noir, couvert de griffonnages et de codes. Vincent, lui, tomba sur une clé USB dans une enveloppe annotée.
— Je parie que ça, c’est important, dit-il en brandissant l’objet.
Elsa hocha la tête, mais son expression restait sombre.
— Même avec ça, on est en danger.
— Pas si on sait à qui les donner, répondit Vincent.
Ils s’enfuirent par une porte de secours, se glissant dans les ruelles sombres jusqu’à atteindre la voiture. Vincent démarra en trombe, la clé USB dans sa poche.
— On fait quoi maintenant ? demanda Elsa, le regard fixé sur la route.
— On trouve quelqu’un qui veut bien voir tomber Jano. Et on prie pour que ce soit suffisant.
Elle soupira, épuisée.
— Ça n’arrêtera jamais, murmura-t-elle.
Vincent lui lança un regard déterminé.
— Si on reste ensemble, on a une chance.
Elsa ne répondit rien, mais pour la première fois depuis longtemps, un mince espoir semblait poindre dans ses yeux.
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