Chapitre 6

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La voiture filait à travers la ville enneigée, les phares éclairant des rues désertes. Elsa regardait le carnet noir posé sur ses genoux, ses doigts parcourant nerveusement les pages remplies de codes incompréhensibles.

— Si ce carnet est ce que je pense, murmura-t-elle, ça pourrait être un véritable coup de massue contre Jano.

Vincent serra les mains sur le volant, les yeux fixés sur la route.

— La question, c’est à qui le donner ? La police ? Pas sûr qu’ils se mouillent face à un gars comme lui.

— Et si Jano a déjà des flics dans sa poche ? rétorqua Elsa.

Un silence tendu s’installa. Vincent savait qu’elle avait raison. Jano n’était pas qu’un petit criminel. Son réseau s’étendait loin, et s’il contrôlait déjà des institutions, leur plan pourrait se retourner contre eux.

— Il y a peut-être une autre solution, dit-elle enfin.

— Laquelle ?

— Un journaliste. Quelqu’un qui pourrait publier tout ça. Le genre de personne qu’on ne peut pas acheter.

Vincent haussa un sourcil.

— T’en connais ?

Elle secoua la tête.

— Non. Mais je sais où en trouver.

Ils arrivèrent dans un petit café à la périphérie de la ville, près d’une gare. À l’intérieur, un homme dans la quarantaine était assis à une table, un ordinateur portable ouvert devant lui. Elsa lui fit signe et s’avança.

— Salut, Julien.

L’homme releva la tête, l’air surpris.

— Elsa ? Ça fait un bail.

Elle hocha la tête, s’asseyant en face de lui. Vincent resta debout, légèrement en retrait.

— J’ai besoin de ton aide, Julien.

— Si c’est encore une histoire de dettes ou de problèmes avec des mecs louches, je...

Elle le coupa, sortant le carnet et la clé USB de sa poche.

— C’est plus sérieux que ça.

Julien observa les objets, intrigué, puis leva les yeux vers elle.

— Tu te rends compte de ce que tu fais là ?

— Oui, répondit-elle d’un ton ferme.

L’homme poussa un soupir et ferma son ordinateur.

— Dis-moi tout.

Pendant qu’Elsa expliquait la situation, Vincent surveillait la rue depuis la vitrine du café. Il ne pouvait s’empêcher de jeter des regards nerveux derrière lui.

— Alors tu veux que je prenne ça et que je fasse éclater l’histoire ? demanda Julien.

— Exactement, répondit Elsa. Si tu publies ça, ça leur fera peur.

Julien plissa les yeux, feuilletant le carnet.

— Ces codes... Ça ressemble à des numéros de comptes offshore. Si c’est ce que je pense, ça pourrait ruiner Jano et ses associés. Mais...

— Mais quoi ?

— Ça va m’attirer des ennuis. De gros ennuis.

Elsa posa une main sur la table, la voix tremblante.

— S’il te plaît, Julien. Ils veulent s’en prendre à mon fils.

Julien hésita un moment, puis hocha la tête.

— D’accord. Je vais m’en occuper. Mais ça va prendre du temps. Et toi, t’as intérêt à disparaître.

De retour dans la voiture, Vincent regarda Elsa, l’air pensif.

— T’as l’air de lui faire confiance.

— Julien est... compliqué. Mais il fera ce qu’il dit.

Vincent hocha la tête, mais il n’était pas rassuré.

— Et maintenant ? On attend ?

— Non, répondit-elle. On doit se cacher.

Elle ne s’attendait pas à ce que les choses dégénèrent aussi vite. À peine avaient-ils quitté le café qu’un SUV noir surgit derrière eux, roulant dangereusement près.

— Merde, murmura Vincent en vérifiant le rétroviseur.

Elsa se retourna, le cœur battant à tout rompre.

— C’est eux.

Vincent accéléra, mais le SUV les talonnait.

— Tiens-toi bien, dit-il en prenant un virage serré.

La voiture dérapa sur la neige, manquant de peu de heurter un poteau. Le SUV les suivit sans ralentir.

— Ils veulent nous forcer à nous arrêter, cria Elsa.

Vincent serra les dents, cherchant une issue. Les rues étroites de la ville ne leur laissaient que peu de choix.

— On ne peut pas continuer comme ça, dit-elle.

— Alors qu’est-ce que tu veux que je fasse ?

Un choc brutal secoua leur voiture alors que le SUV les heurtait par l’arrière.

— Accroche-toi ! hurla Vincent.

Il tourna brusquement dans une ruelle, espérant semer leurs poursuivants. Mais la ruelle était un cul-de-sac.

— Putain, non...

Ils s’arrêtèrent net, pris au piège.

Le SUV s’immobilisa derrière eux, et deux hommes en descendirent, armés.

— Ils sont là, entendit Elsa d’une voix rauque.

Vincent regarda Elsa, le souffle court.

— On fait quoi maintenant ?

Elle ouvrit la boîte à gants et en sortit l’arme qu’elle avait récupérée dans l’entrepôt.

— On ne se laisse pas faire.

Les pas des hommes approchaient. Vincent serra les poings. Il n’avait jamais voulu être un héros, mais à cet instant, il n’avait pas le choix.

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