Chapitre 1

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Les néons fatigués du centre commercial crépitaient au rythme des guirlandes bon marché qui pendaient dans les allées désertées. Il n’était que 18 heures, mais le ciel noir et l’atmosphère glaciale rendaient ce lieu encore plus morne. Vincent était appuyé contre une barrière métallique, une tasse de café tiède à la main, observant distraitement le faux Père Noël installer son trône au milieu d’un décor en carton-pâte.

— Hé, Vincent, t’as encore l’air de t’amuser, lança Éric, un autre agent de sécurité.

Vincent se contenta d’un grognement, les yeux toujours fixés sur le décor grotesque. Des familles fatiguées passaient devant, traînant des enfants excités ou indifférents, et les haut-parleurs diffusaient une version mollassonne de Jingle Bells.

Le monde semblait s’effondrer à petit feu, mais Noël, lui, continuait d’insister.

Quelques heures plus tard, alors que le centre vidait ses derniers clients, Vincent fit une ronde. Ses pas résonnaient sur le carrelage vide, interrompus par des bruits étranges venant d’une boutique abandonnée.

Il s’arrêta, plissant les yeux. À travers la vitrine, il aperçut une silhouette, une jeune femme aux vêtements usés, les cheveux ébouriffés. Elle fouillait nerveusement dans une caisse.

Vincent ouvrit la porte d’un geste ferme.

— Eh, stop ! cria-t-il.

La femme sursauta, le visage figé par la panique. Elle tenait une poupée emballée dans une boîte rose, son prix réduit collé en rouge vif.

— Je voulais juste... pour mon fils, balbutia-t-elle en reculant.

Vincent la fixa un instant, son cœur hésitant entre colère et pitié. Elle avait l'air épuisée, perdue. Il n'y avait personne d'autre.

— Pose ça, dit-il calmement.

Elle serra la poupée contre elle.

— S’il vous plaît... Je n’ai rien pour lui. C’est juste un jouet.

Vincent soupira. Ce n’était pas la première fois qu’il voyait ça. Il savait que les règles étaient claires : prévenir la direction ou appeler la police. Mais il avait aussi vu bien pire ici.

— Allez, dégage.

La femme écarquilla les yeux, hésitante.

— Sérieux ?

— Sérieux. Mais c’est la dernière fois, compris ?

Elle hocha rapidement la tête, les larmes aux yeux, et s’éclipsa dans l’obscurité des couloirs. Vincent resta immobile quelques instants, regardant la silhouette disparaître. Quelque chose en lui ne pouvait se détacher de cette scène.

Il ne savait pas encore que cette décision allait changer sa vie.

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