Chapitre 8

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La nuit tombait lentement sur la ville, enveloppant les rues d'une atmosphère pesante. À l'intérieur de l'immeuble, l'air était froid et humide, une odeur de renfermé se mêlant à celle de la neige fondue qui s'infiltrait par les fenêtres mal fermées. Elsa et Vincent étaient désormais dans l'attente, surveillant chaque bruit, chaque mouvement, prêts à fuir à tout moment.

Elsa s'était installée près de la fenêtre, scrutant la rue à travers les rideaux usés. Les lumières vacillantes des réverbères semblaient danser dans le brouillard. Elle sentit une angoisse grandissante. La tension qu’elle avait ressentie toute la journée ne faisait que s'intensifier, comme si chaque minute les rapprochait un peu plus du dénouement inévitable.

— Tu crois vraiment qu'on a une chance ? demanda-t-elle, brisant le silence.

Vincent, qui était accroupi près d'un vieux radiateur, releva les yeux. Il avait l'air épuisé, les cernes marquées sur son visage, mais il n'avait jamais été aussi déterminé.

— On doit y croire, Elsa. Tant qu'on n'est pas sous terre, il y a toujours une chance.

Elsa soupira, frustrée.

— Mais Jano est partout, tu l'as vu. Il a ses hommes partout. Même si Julien publie, même si la vérité éclate, il trouvera un moyen de nous écraser.

Vincent s’approcha d’elle et posa une main sur son bras.

— Tu sais pourquoi il veut te détruire ?

Elle leva les yeux vers lui, les lèvres tremblantes.

— Parce qu’il a peur, Elsa. Il sait que s'il perd ce carnet, il perd tout.

Un frisson parcourut l’échine d'Elsa. Elle ne pouvait s’empêcher de penser que Jano n'était pas juste un homme d'affaires impitoyable, mais un homme prêt à tout pour garder son empire. Ils avaient volé bien plus qu’une simple information : ils avaient mis en danger un système entier.

— Mais et Julien ? murmura Elsa. On lui fait confiance ?

Vincent se leva et marcha vers la table. Il prit la clé USB, l'observa un instant.

— Si Jano met la main dessus, on est morts. Julien, lui, il a les bonnes connexions. Il a une chance de faire bouger les choses. Mais... il va falloir du temps. Et pendant ce temps, on devra garder la tête baissée.

Ils restèrent là, à regarder la clé USB posée sur la table, comme si elle détenait leur destin. Le silence était lourd, presque suffocant. Ils savaient que chaque minute qui passait était une minute de plus où Jano pouvait découvrir qu'ils étaient encore en vie.

Soudain, le bruit d'une porte qui grince résonna dans l'immeuble. Un bruit léger, mais suffisant pour faire grimper l'adrénaline de Vincent et Elsa. Ils échangèrent un regard, puis se précipitèrent en silence vers l’entrée de l’appartement. Vincent se faufila vers la porte, écoutant attentivement.

Un autre bruit se fit entendre. Cette fois, un pas lourd, comme celui d’une personne qui avançait sans se soucier du bruit. Un frisson de terreur parcourut Elsa. Elle s'approcha, le cœur battant, alors que Vincent faisait signe de se taire.

— Jano a envoyé ses hommes, souffla Vincent.

Elsa hocha la tête, la panique se lisant dans ses yeux. Elle s'empara de l’arme, mais son corps tremblait.

— Il faut s'en aller. Maintenant.

Vincent attrapa son sac, y glissant la clé USB et le carnet, puis se tourna vers Elsa.

— On sort par derrière. Mais il faut qu’on reste calmes. Peu importe ce qu’il se passe, on ne panique pas.

Ils se glissèrent hors de l’appartement et empruntèrent les escaliers. Le bruit des pas se rapprochait, mais rien ne pouvait les arrêter maintenant. Ils n’avaient plus le choix. Chaque mouvement comptait.

Dans la ruelle derrière l’immeuble, Vincent se figea en entendant un cri lointain. C’était faible, mais cela suffisait pour réveiller une terreur nouvelle. Les hommes de Jano étaient à la recherche de quelque chose. Ou de quelqu'un.

— Il faut se séparer, dit-il, les yeux fixés sur la rue au bout de la ruelle. On se retrouve à l’endroit que j’ai mentionné.

Elsa le regarda, hésitant.

— Non, je ne veux pas. C’est trop risqué. Et si...

— Si on reste ensemble, on est une cible plus grosse. Je sais ce que je fais. Fais-moi confiance.

Elle voulait protester, mais une sirène de voiture se fit entendre au loin. Elle savait qu’il n’y avait plus de temps. Elle acquiesça, et, dans un dernier regard désespéré, se précipita dans une autre rue. Vincent la suivit du regard un instant, puis disparut dans l’obscurité.

Elsa courait, ses pieds heurtant les pavés, son souffle court. La ville semblait plus vaste, plus menaçante dans la nuit. Le vent glacial lui fouettait le visage, mais elle n’avait ni le temps ni la force de s’arrêter. Les hommes de Jano étaient partout, et elle savait que sa chance de s’échapper était de plus en plus mince.

Elle tourna une nouvelle fois au coin d’une rue, espérant semer ses poursuivants, mais lorsqu’elle leva les yeux, une silhouette familière s’avança dans l’ombre. Un homme grand, une silhouette imposante, la suivant à une distance inquiétante.

— Vincent ? souffla-t-elle, les jambes presque incapables de la soutenir.

Il ne répondit pas, mais un éclat métallique dans sa main la fit se figer. L’arme.

Elsa s’arrêta net, le cœur battant. Ses pensées se brouillaient, et une douleur sourde se faisait sentir dans sa poitrine. Elle se rendait compte, trop tard, qu’elle avait été suivie, qu’elle était piégée. Le dernier piège se refermait sur elle.

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