Chapitre 9
Le vent glacial balayait la rue alors qu’Elsa courait, son souffle visible dans l’air. Ses jambes fatiguées luttaient pour la porter plus loin. Chaque ruelle qu’elle traversait semblait un piège, chaque recoin une embuscade potentielle.
Elle jeta un coup d’œil par-dessus son épaule, espérant que Vincent avait réussi à semer leurs poursuivants. Mais la peur que Jano ait anticipé leur mouvement la rongeait.
Enfin, elle trouva refuge dans une petite laverie, ses lumières blafardes illuminant des machines vides. Elle s’effondra sur un banc métallique, tenant son sac contre elle.
La clé USB et le carnet étaient avec Vincent. Cela la rassurait et l’angoissait à la fois. S’il était pris, tout serait perdu.
Elle regarda autour d’elle. Deux autres clients étaient présents, une femme âgée pliait son linge avec des gestes lents, et un jeune homme écoutait de la musique sur son téléphone. Personne ne semblait la remarquer, mais elle savait qu’elle ne pouvait pas rester ici longtemps.
De son côté, Vincent avançait dans une zone industrielle abandonnée. Les grands entrepôts vides projetaient des ombres inquiétantes sous la lumière de la lune.
Il avait trouvé une issue, mais son instinct lui disait qu’il n’était pas seul. Les bruits de pas étouffés derrière lui se faisaient de plus en plus clairs.
Vincent s’arrêta, reprenant son souffle, et saisit un morceau de métal rouillé qu’il trouva au sol. S’il devait se battre, il le ferait.
— Vincent...
La voix résonna dans l’obscurité. Ce n’était pas un cri, mais un murmure, presque moqueur.
— Je sais que tu es là, reprit la voix. Rends-moi ce que tu as, et peut-être que je te laisserai partir en un seul morceau.
Il recula lentement, son regard fouillant les ombres.
— Tu crois que Jano va te pardonner ? répondit Vincent d’un ton dur. Tu bosses pour lui, mais t’es qu’un pion.
Un rire rauque retentit.
— Peut-être. Mais toi, t’es déjà mort.
Soudain, une silhouette bondit des ténèbres. Vincent esquiva de justesse, son arme improvisée rencontrant un bras musclé. La lutte fut brève mais brutale. Dans un ultime effort, Vincent frappa fort à la tempe de son adversaire, qui s’effondra, inconscient.
Le souffle court, il savait qu’il devait partir.
Elsa avait quitté la laverie et se dirigeait vers le lieu de rendez-vous qu’ils avaient convenu. Un vieil immeuble abandonné, à la périphérie de la ville.
Quand elle arriva, elle trouva Vincent, blessé mais vivant.
— Qu’est-ce qui s’est passé ? demanda-t-elle, ses yeux s’agrandissant d’inquiétude en voyant du sang sur son front.
— Rien que je ne pouvais gérer, répondit-il, un sourire forcé aux lèvres.
Ils entrèrent dans l’immeuble, montant les escaliers jusqu’à un petit appartement vide. La lune éclairait faiblement la pièce par une fenêtre cassée.
— On doit réfléchir à la suite, dit Vincent en sortant la clé USB et le carnet de son sac. Julien est notre meilleur atout, mais on doit s’assurer qu’il puisse publier ces preuves sans que Jano ne l’écrase.
Elsa hocha la tête, mais son visage restait marqué par l’angoisse.
— Et si Julien nous trahissait ?
— On n’a pas vraiment le choix, répondit Vincent. Mais si on se cache assez longtemps, cette histoire pourrait finir par exploser.
Un bruit sourd retentit en bas. Ils échangèrent un regard, leurs cœurs battant à tout rompre.
— Ils nous ont trouvés, murmura Elsa.
Vincent attrapa une chaise et la plaça devant la porte.
— Prépare-toi.
Leurs chances semblaient minces, mais ils n’étaient pas prêts à abandonner.
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