Chapitre 10
Le bruit sourd se répéta, suivi de plusieurs voix graves. Elsa se précipita vers la fenêtre pour jeter un coup d’œil. Elle aperçut deux silhouettes qui s’approchaient prudemment de l’immeuble.
— Ils sont deux, chuchota-t-elle à Vincent.
Vincent, accroupi près de la porte, se tendit. Il serra les poings, cherchant une issue. Puis, un son qu’ils ne s’attendaient pas à entendre résonna :
— Elsa ! Vincent ! C’est Julien !
Elsa et Vincent échangèrent un regard de surprise.
— Pourquoi il est ici ? murmura Vincent, méfiant.
— Je ne sais pas, mais il faut vérifier, répondit Elsa.
Ils restèrent silencieux un moment, écoutant les pas dans l’escalier. La voix de Julien se fit de nouveau entendre.
— Laissez-moi entrer. Je suis seul.
Vincent fit signe à Elsa de rester derrière lui et ouvrit la porte lentement, juste assez pour voir Julien. Il était seul, comme il l’avait dit, mais son visage était tendu.
— Qu’est-ce que tu fais ici ? demanda Vincent.
— Je vous ai retrouvés grâce à un contact. Écoutez, vous êtes en danger. Jano sait où vous êtes, et ses hommes arrivent.
Vincent fronça les sourcils.
— Comment tu sais ça ?
— J’ai mes sources, répondit Julien rapidement. Mais vous n’avez pas le temps de poser des questions. Donnez-moi le carnet et la clé USB, je vais les publier immédiatement.
Elsa, debout derrière Vincent, sentit un frisson de doute l’envahir.
— Pourquoi tu ne les as pas publiés avant ? demanda-t-elle.
Julien se passa une main nerveuse dans les cheveux.
— Il y a eu des complications. Des pressions. Mais maintenant, c’est notre seule chance. Faites-moi confiance.
Vincent hésita. Il n’avait jamais été du genre à se fier aveuglément aux autres, mais Julien semblait sincère. Il sortit la clé USB de sa poche et la tendit à Julien, son regard planté dans le sien.
— Fais ce que tu dois faire.
Julien hocha la tête, son visage grave.
— Vous avez fait le bon choix. Maintenant, partez d’ici et trouvez un endroit sûr.
Il tourna les talons et disparut dans l’obscurité de l’escalier. Elsa et Vincent restèrent immobiles, écoutant ses pas s’éloigner.
— On peut vraiment lui faire confiance ? demanda Elsa, sa voix tremblante.
Vincent croisa les bras, pensif.
— Je ne sais pas. Mais s’il nous trahit, il n’aura pas d’endroit où se cacher.
Une heure plus tard, dans un entrepôt à l’abandon, Julien se tenait devant Jano. Le carnet noir et la clé USB reposaient sur une table métallique entre eux.
— Voilà ce que vous vouliez, dit Julien, son ton neutre.
Jano esquissa un sourire satisfait en ouvrant le carnet.
— Bien joué, Julien. Je savais que tu ferais le bon choix.
Julien se retint de frissonner sous le regard de l’homme.
— Et maintenant ? demanda-t-il.
Jano referma le carnet et posa une main sur son épaule.
— Maintenant, on va s’occuper d’Elsa et de Vincent. Et toi, tu vas m’aider à les trouver.
Julien baissa la tête, incapable de répondre.
Dans un autre quartier de la ville, Elsa et Vincent étaient réfugiés dans une vieille église désaffectée. L’air était humide et glacé, mais ils avaient trouvé un coin sûr pour reprendre leur souffle.
— Il y a quelque chose qui ne va pas, dit Elsa soudainement.
Vincent la regarda, intrigué.
— Julien... Je ne lui fais pas confiance. Pourquoi aurait-il risqué sa vie pour venir ici alors qu’il aurait pu publier les preuves ?
Vincent réfléchit un instant, son expression s’assombrissant.
— Peut-être qu’il ne joue pas pour notre camp, murmura-t-il.
Elsa sentit son cœur se serrer.
— Si c’est vrai... alors il vient de livrer tout ce qu’on avait à Jano.
Un silence glaçant s’abattit entre eux.
— On doit agir, dit Vincent finalement. On ne peut pas rester là à attendre que tout s’effondre.
Elsa hocha la tête, déterminée malgré la peur.
— Alors allons récupérer ce qui nous appartient.
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