Chapitre 12
La voiture roulait à vive allure à travers la ville endormie, ses phares tranchant l’obscurité glaciale. Elsa tenait le carnet fermement contre elle, comme s’il pouvait disparaître à tout moment. Vincent, les mains serrées sur le volant, gardait les yeux rivés sur la route, les muscles tendus.
— On a réussi, dit-elle enfin, brisant le silence pesant.
Vincent hocha la tête, mais son expression restait sombre.
— Jano ne va pas en rester là. Il a vu nos visages. Il sait où chercher.
Elsa hésita, ses doigts tremblant légèrement alors qu’elle feuilletait le carnet. Les pages étaient pleines de noms, de chiffres, de transactions.
— Ces informations... Si on les rend publiques, ça pourrait le détruire, murmura-t-elle.
— Oui, répondit Vincent. Mais si on fait une erreur, ça pourrait nous coûter la vie.
Ils s’arrêtèrent enfin dans une rue déserte, à l’entrée d’un parking souterrain. Vincent coupa le moteur et tourna la tête vers Elsa.
— On doit s’assurer que ces preuves soient entre de bonnes mains, dit-il. Pas comme avec Julien.
Elsa serra les lèvres, mais avant qu’elle ne puisse répondre, son téléphone vibra. Elle le sortit de sa poche et fronça les sourcils en voyant un numéro inconnu.
— Ne décroche pas, dit Vincent immédiatement.
Mais quelque chose dans son regard la poussa à répondre.
— Allô ?
Une voix qu’elle connaissait bien résonna à l’autre bout.
— Elsa, c’est Julien.
Son sang se glaça.
— Julien ? Où es-tu ?
— Écoute-moi, je n’ai pas beaucoup de temps. Jano sait que vous avez pris les preuves. Il est fou de rage, et il ne va pas s’arrêter tant qu’il ne les aura pas récupérées.
— Pourquoi tu es encore en vie ? demanda Elsa, son ton se durcissant.
Un silence tendu suivit sa question.
— J’ai fait ce que j’ai pu pour vous protéger, finit-il par dire. Mais il y a quelque chose que vous devez savoir...
Avant qu’il ne puisse continuer, un bruit sourd retentit au téléphone, suivi d’un cri étouffé.
— Julien ! cria Elsa, mais la ligne coupa brusquement.
Vincent attrapa le téléphone et regarda l’écran vide.
— Il nous a vendus, dit-il froidement.
— Peut-être pas, murmura Elsa.
— Tu veux parier là-dessus ? Il était avec Jano. Il a forcément dit quelque chose qui les mène à nous.
Elsa sentit son cœur s’accélérer.
— Alors qu’est-ce qu’on fait ?
Vincent réfléchit un instant, puis sortit son arme de la boîte à gants.
— On termine ce qu’on a commencé. Si Julien est en danger ou s’il a quelque chose à nous dire, on doit le trouver avant que Jano ne le fasse.
Ils retournèrent dans la ville, leurs esprits en alerte. Julien avait mentionné un entrepôt avant de couper la communication. En croisant les indices qu’ils avaient, ils identifièrent un endroit probable : un ancien hangar près du port, un lieu que Jano utilisait souvent pour ses affaires.
Lorsqu’ils arrivèrent, le hangar était plongé dans l’obscurité. Mais en approchant, ils virent une lueur vacillante à travers une fenêtre cassée.
— On y va ensemble, chuchota Vincent. Si quelque chose semble louche, on sort immédiatement.
Elsa hocha la tête, bien que sa peur lui noue l’estomac.
Ils entrèrent par une porte latérale, le bruit de leurs pas résonnant sur le béton. À l’intérieur, l’espace était rempli de caisses empilées et d’outils abandonnés. Ils avancèrent lentement, suivant la lumière.
Au centre du hangar, Julien était attaché à une chaise, son visage tuméfié.
— Julien ! s’exclama Elsa, mais Vincent la retint par le bras.
— Attends.
Ils restèrent immobiles, écoutant attentivement. Un silence oppressant régnait, mais quelque chose semblait anormal.
— C’est un piège, murmura Vincent.
À cet instant, des lumières puissantes s’allumèrent, les aveuglant temporairement. Une voix rauque et familière résonna :
— Vous avez vraiment cru que vous pouviez me doubler ?
Jano apparut, entouré de ses hommes armés.
— Vous êtes courageux, je vous le concède, dit-il en avançant vers eux. Mais vous êtes aussi stupides.
Vincent pointa son arme, mais Jano éclata de rire.
— Tu penses vraiment pouvoir abattre tous mes hommes avant qu’ils ne te descendent ?
Elsa, tremblante, observa Julien. Il semblait murmurer quelque chose, ses lèvres à peine mobiles.
— Il... a... menti...
Elsa plissa les yeux, cherchant à comprendre. Mais avant qu’elle ne puisse réagir, un des hommes de main de Jano fit un pas en avant, et tout bascula dans le chaos.
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