Chapitre 14

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Le silence dans la camionnette était oppressant. Elsa, recroquevillée sur le siège passager, observait les rues qui défilaient à travers la vitre givrée. Ses mains tremblaient encore, non pas à cause du froid, mais du poids des événements.

— On a déclenché quelque chose, murmura-t-elle finalement, brisant le silence.

Vincent, concentré sur la route, serra le volant.

— Oui. Mais on est en vie. C’est tout ce qui compte pour l’instant.

Elsa se tourna vers lui, ses yeux remplis de colère.

— Julien est peut-être mort. Et Jano ne va pas abandonner. On aurait dû le finir.

Vincent soupira, la fatigue marquant son visage.

— Ce n’était pas le moment. Tu sais bien qu’il a des hommes partout. On aurait été pris avant même de sortir.

Elsa secoua la tête, les larmes montant à ses yeux.

— Alors quoi ? On court encore ? On se cache jusqu’à ce qu’il nous trouve ?

Vincent ne répondit pas. Il savait qu’elle avait raison, mais il n’avait pas encore de plan.

Ils s’arrêtèrent dans un motel isolé, à la périphérie de la ville. L’endroit était délabré, le genre de lieu où personne ne poserait de questions. Vincent paya en liquide, et ils s’installèrent dans une chambre minuscule avec un lit défoncé et des rideaux qui ne fermaient pas complètement.

— On ne reste pas plus d’une nuit, dit-il en verrouillant la porte.

Elsa s’assit sur le lit, fixant le mur d’un air absent.

— On a le carnet et la clé USB. Pourquoi on ne les donne pas directement à la presse ?

Vincent s’appuya contre le mur, réfléchissant.

— Parce que la presse peut être achetée. Et si Jano a déjà infiltré les médias, ce sera fini pour nous.

Elsa croisa les bras, frustrée.

— Alors qu’est-ce qu’on fait ?

— On trouve quelqu’un de confiance. Un juge, un enquêteur indépendant, ou quelqu’un qui ne peut pas être corrompu.

Elsa éclata de rire, un rire amer.

— Et tu penses qu’il y a encore des gens comme ça ?

Vincent ne répondit pas. Il s’assit sur la chaise près de la fenêtre et ouvrit le carnet, feuilletant les pages.

— Ces noms... murmura-t-il. Des politiciens, des chefs d’entreprise. Même des policiers.

Elsa s’approcha, regardant par-dessus son épaule.

— Tout ce réseau… Si on arrive à le démanteler, Jano tombera avec eux.

— Oui, mais il faudra frapper vite et fort, répondit Vincent. Avant qu’ils ne puissent réagir.

Au même moment, dans une pièce sombre quelque part en ville, Jano était assis à une table, ses doigts tambourinant nerveusement sur le métal. Son visage était marqué par des cernes, mais ses yeux brillaient de colère.

— Ils ne peuvent pas être loin, grogna-t-il.

Un de ses hommes, blessé à l’épaule, se tenait debout près de la porte.

— On les trouvera, boss. Mais… le carnet. Ils l’ont.

Jano se leva brusquement, renversant sa chaise.

— Bien sûr qu’ils l’ont ! Et si ce carnet tombe entre de mauvaises mains, c’est fini pour moi.

Il attrapa son téléphone et composa un numéro.

— Active tous nos contacts. Je veux une chasse à l’homme. Ils ne doivent pas sortir vivants de cette ville.

Dans leur chambre de motel, Vincent et Elsa s’étaient endormis, l’épuisement ayant finalement pris le dessus. Mais dans l’obscurité, une voiture aux vitres teintées s’arrêta devant le bâtiment. Deux hommes en descendirent, leurs silhouettes se découpant dans la lumière du lampadaire.

À l’intérieur, Elsa ouvrit les yeux, une étrange sensation de danger la réveillant. Elle se leva doucement, s’approchant de la fenêtre.

— Vincent, chuchota-t-elle, en secouant son épaule. Réveille-toi.

Il grogna, encore à moitié endormi.

— Quoi ?

— Il y a quelqu’un dehors.

Vincent se redressa immédiatement, attrapant son sac.

— On doit partir. Maintenant.

Ils rassemblèrent leurs affaires en quelques secondes, mais avant qu’ils ne puissent ouvrir la porte, un coup sec résonna.

— Elsa, recule, murmura Vincent, son arme à la main.

La poignée tourna lentement.

— Vincent, dit une voix familière. C’est moi, Julien.

Ils échangèrent un regard, hésitants.

— Ouvre, murmura Elsa.

— Et si c’est un piège ? rétorqua Vincent.

Mais avant qu’il ne puisse répondre, la porte fut forcée, et Julien entra, couvert de sang et titubant.

— Ils sont là, dit-il faiblement avant de s’effondrer sur le sol.

Une seconde plus tard, des pas lourds résonnèrent dans le couloir.

— Vincent, ils arrivent ! cria Elsa.

Vincent pointa son arme vers la porte, prêt à tout.

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