Chapitre 17
Le chalet, plongé dans une lumière tamisée, était désormais un théâtre de tensions palpables. Julien, affalé sur une chaise bancale près de la cheminée, respirait difficilement. Son visage tuméfié et ses vêtements déchirés racontaient une histoire de violence récente. Mais pour Vincent et Elsa, cela n’expliquait rien.
Vincent pointait toujours son arme sur lui, ses yeux étroits, méfiants.
— Pourquoi tu es en vie, Julien ? Jano ne laisse jamais personne partir, encore moins ceux qui l’ont trahi.
Julien esquissa un sourire amer, puis grimaça de douleur.
— Parce que je lui suis encore utile, répondit-il. Jano... Il a besoin de moi pour garder ses affaires en ordre. Je suis son comptable, son homme de chiffres. Je connais ses réseaux, ses alliés, ses comptes offshore. Sans moi, tout s’écroule.
— Et tu t’attends à ce qu’on te croit ? rétorqua Vincent, son ton tranchant.
Julien leva lentement les mains.
— Je sais que j’ai merdé, d’accord ? J’ai vendu votre position. Mais je pensais que ça me sauverait. Quand Jano m’a retrouvé, il m’a promis qu’il me laisserait en vie si je vous livrais. Mais... il ment toujours.
Il baissa les yeux, honteux.
— Alors j’ai fui. J’ai compris qu’il ne voulait pas seulement vous tuer. Il voulait aussi s’assurer que je ne puisse jamais parler.
Elsa, jusque-là silencieuse, s’avança, ses bras croisés.
— Comment tu nous as retrouvés, Julien ? Ce village est au milieu de nulle part.
Julien la regarda, hésitant.
— J’ai encore accès à certains de ses réseaux. Jano a des hommes qui vous traquent partout, mais ils ne sont pas aussi malins qu’ils le pensent. J’ai intercepté une de leurs communications. Ils savaient que vous étiez dans cette région, alors je suis venu.
— Et maintenant, tu veux qu’on te fasse confiance ? gronda Vincent.
Julien releva la tête, défiant.
— Vous avez une meilleure option ? Parce que moi, je sais où se cache Jano. Et je sais comment le faire tomber.
Un silence lourd s’installa. Elsa échangea un regard avec Vincent, mais son esprit était en ébullition. Julien avait déjà prouvé qu’il était prêt à les trahir, mais ses informations étaient peut-être leur seule chance de survie.
— Pourquoi tu fais ça maintenant ? demanda Elsa doucement. Pourquoi nous aider ?
Julien sembla hésiter, puis il répondit d’une voix rauque.
— Parce que je n’ai plus rien à perdre. Jano m’a pris tout ce que j’avais : ma famille, ma vie. Et parce que...
Il s’arrêta, cherchant ses mots.
— Parce que si quelqu’un peut arrêter Jano, c’est vous. Vous avez les preuves, et moi j’ai les moyens.
Vincent éclata de rire, amer.
— Arrêter Jano ? Tu te rends compte à quel point c’est impossible ? Ce type a des politiciens, des juges, et des flics dans sa poche. Même si on le tue, quelqu’un d’autre prendra sa place.
Julien hocha la tête.
— C’est vrai. Mais Jano a un point faible. Une seule chose qu’il protège plus que tout : son pouvoir. Si vous le forcez à sortir de l’ombre, à exposer ses alliés, il s’effondrera.
Elsa fronça les sourcils.
— Comment ?
Julien sourit faiblement.
— Il y a un coffre-fort, dans sa maison principale. C’est là qu’il garde tout ce qu’il ne peut pas se permettre de perdre : des documents, des enregistrements... même des preuves contre ses propres alliés.
Vincent haussa un sourcil.
— Pourquoi il garderait des preuves contre ses alliés ?
— Parce que c’est comme ça qu’il les contrôle, répondit Julien. Des politiciens, des banquiers... Il a des dossiers sur chacun d’eux. Si ces informations sortent, Jano tombe, et tous ses soutiens avec lui.
— Et tu sais où est ce coffre-fort ? demanda Elsa.
Julien hocha la tête.
— Oui. Mais ça ne sera pas facile. Sa maison est un bunker, entourée de gardes. Il faudra être rapide et précis.
Elsa sentit un frisson la parcourir. Le plan était suicidaire, mais c’était peut-être leur seule chance.
— Comment on fait pour s’approcher ? demanda-t-elle.
Julien sembla réfléchir un instant.
— Il y a une fête demain soir. Jano organise un grand dîner avec ses alliés pour montrer qu’il est toujours intouchable. C’est notre meilleure opportunité.
Vincent se redressa, son expression dure.
— Et si tu nous trahis encore ?
Julien le regarda droit dans les yeux.
— Alors vous me tuez.
Le silence retomba, cette fois encore plus lourd. Elsa fixa Julien, cherchant la vérité dans ses paroles. Pouvait-il être digne de confiance ?
Vincent brisa finalement le silence.
— Très bien. Mais si tu nous trahis encore, je ne raterai pas cette fois.
Julien hocha la tête, un mélange de peur et de détermination dans ses yeux.
— Croyez-moi, je n’en ai pas l’intention.
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