Chapitre 18
Le chalet, plongé dans une lumière tamisée, était désormais un théâtre de tensions palpables. Julien, affalé sur une chaise bancale près de la cheminée, respirait difficilement. Son visage tuméfié et ses vêtements déchirés racontaient une histoire de violence récente. Mais pour Vincent et Elsa, cela n’expliquait rien.
Vincent pointait toujours son arme sur lui, ses yeux étroits, méfiants.
— Pourquoi tu es en vie, Julien ? Jano ne laisse jamais personne partir, encore moins ceux qui l’ont trahi.
Julien esquissa un sourire amer, puis grimaça de douleur.
— Parce que je lui suis encore utile, répondit-il. Jano... Il a besoin de moi pour garder ses affaires en ordre. Je suis son comptable, son homme de chiffres. Je connais ses réseaux, ses alliés, ses comptes offshore. Sans moi, tout s’écroule.
— Et tu t’attends à ce qu’on te croit ? rétorqua Vincent, son ton tranchant.
Julien leva lentement les mains.
— Je sais que j’ai merdé, d’accord ? J’ai vendu votre position. Mais je pensais que ça me sauverait. Quand Jano m’a retrouvé, il m’a promis qu’il me laisserait en vie si je vous livrais. Mais... il ment toujours.
Il baissa les yeux, honteux.
— Alors j’ai fui. J’ai compris qu’il ne voulait pas seulement vous tuer. Il voulait aussi s’assurer que je ne puisse jamais parler.
Elsa, jusque-là silencieuse, s’avança, ses bras croisés.
— Comment tu nous as retrouvés, Julien ? Ce village est au milieu de nulle part.
Julien la regarda, hésitant.
— J’ai encore accès à certains de ses réseaux. Jano a des hommes qui vous traquent partout, mais ils ne sont pas aussi malins qu’ils le pensent. J’ai intercepté une de leurs communications. Ils savaient que vous étiez dans cette région, alors je suis venu.
— Et maintenant, tu veux qu’on te fasse confiance ? gronda Vincent.
Julien releva la tête, défiant.
— Vous avez une meilleure option ? Parce que moi, je sais où se cache Jano. Et je sais comment le faire tomber.
Un silence lourd s’installa. Elsa échangea un regard avec Vincent, mais son esprit était en ébullition. Julien avait déjà prouvé qu’il était prêt à les trahir, mais ses informations étaient peut-être leur seule chance de survie.
— Pourquoi tu fais ça maintenant ? demanda Elsa doucement. Pourquoi nous aider ?
Julien sembla hésiter, puis il répondit d’une voix rauque.
— Parce que je n’ai plus rien à perdre. Jano m’a pris tout ce que j’avais : ma famille, ma vie. Et parce que...
Il s’arrêta, cherchant ses mots.
— Parce que si quelqu’un peut arrêter Jano, c’est vous. Vous avez les preuves, et moi j’ai les moyens.
Vincent éclata de rire, amer.
— Arrêter Jano ? Tu te rends compte à quel point c’est impossible ? Ce type a des politiciens, des juges, et des flics dans sa poche. Même si on le tue, quelqu’un d’autre prendra sa place.
Julien hocha la tête.
— C’est vrai. Mais Jano a un point faible. Une seule chose qu’il protège plus que tout : son pouvoir. Si vous le forcez à sortir de l’ombre, à exposer ses alliés, il s’effondrera.
Elsa fronça les sourcils.
— Comment ?
Julien sourit faiblement.
— Il y a un coffre-fort, dans sa maison principale. C’est là qu’il garde tout ce qu’il ne peut pas se permettre de perdre : des documents, des enregistrements... même des preuves contre ses propres alliés.
Vincent haussa un sourcil.
— Pourquoi il garderait des preuves contre ses alliés ?
— Parce que c’est comme ça qu’il les contrôle, répondit Julien. Des politiciens, des banquiers... Il a des dossiers sur chacun d’eux. Si ces informations sortent, Jano tombe, et tous ses soutiens avec lui.
— Et tu sais où est ce coffre-fort ? demanda Elsa.
Julien hocha la tête.
— Oui. Mais ça ne sera pas facile. Sa maison est un bunker, entourée de gardes. Il faudra être rapide et précis.
Elsa sentit un frisson la parcourir. Le plan était suicidaire, mais c’était peut-être leur seule chance.
— Comment on fait pour s’approcher ? demanda-t-elle.
Julien sembla réfléchir un instant.
— Il y a une fête demain soir. Jano organise un grand dîner avec ses alliés pour montrer qu’il est toujours intouchable. C’est notre meilleure opportunité.
Vincent se redressa, son expression dure.
— Et si tu nous trahis encore ?
Julien le regarda droit dans les yeux.
— Alors vous me tuez.
Le silence retomba, cette fois encore plus lourd. Elsa fixa Julien, cherchant la vérité dans ses paroles. Pouvait-il être digne de confiance ?
Vincent brisa finalement le silence.
— Très bien. Mais si tu nous trahis encore, je ne raterai pas cette fois.
Julien hocha la tête, un mélange de peur et de détermination dans ses yeux.
— Croyez-moi, je n’en ai pas l’intention.
Chapitre 18 : La préparation
Le petit chalet était devenu une base improvisée pour ce qui semblait être une mission suicidaire. La pluie s'était arrêtée, mais l'humidité ambiante rendait l'air lourd et oppressant. Elsa, Vincent et Julien s'étaient rassemblés autour de la table branlante, où un vieux carnet et quelques croquis approximatifs de la maison de Jano étaient éparpillés.
— C’est une forteresse, commença Julien, en pointant du doigt un croquis. Des murs hauts, des caméras partout, des gardes armés... et un système d’alarme qui se déclenche à la moindre anomalie.
Vincent plissa les yeux, observant les détails.
— Et tu penses qu’on peut s’infiltrer là-dedans sans se faire descendre ? demanda-t-il, sceptique.
Julien hocha la tête, mais son expression trahissait son inquiétude.
— La fête, c’est notre seule chance. Tout le monde sera distrait. Les gardes seront concentrés sur les invités, pas sur l’extérieur.
Elsa, penchée sur le croquis, remarqua un détail.
— Et ce tunnel ici ? demanda-t-elle, pointant une ligne discrète sur le dessin.
Julien acquiesça.
— Une ancienne sortie de secours. Jano ne l’utilise plus, mais elle est encore là. Elle mène directement à une cave sous la maison. Si on peut y accéder, on sera déjà à l’intérieur.
— Mais ? devina Vincent.
— Mais il est probable que l’entrée soit piégée ou surveillée, répondit Julien.
Vincent soupira, croisant les bras.
— Bien sûr. Rien n’est jamais simple avec lui.
Elsa releva la tête, déterminée.
— On a besoin de déguisements pour passer inaperçus. On ne peut pas juste entrer par le tunnel sans avoir un plan pour ressortir.
Julien sourit faiblement.
— Heureusement, je sais comment.
Il sortit un téléphone usé de sa poche et le posa sur la table.
— J’ai encore quelques contacts parmi les fournisseurs de Jano. Des gens qui livrent les costumes et les équipements pour ses soirées. Si on peut les intercepter, on aura ce qu’il nous faut.
Vincent haussa un sourcil.
— Tu veux qu’on vole leurs uniformes ?
— Exactement, répondit Julien.
Elsa semblait déjà réfléchir aux détails.
— Et si quelque chose tourne mal pendant la fête ? demanda-t-elle.
Julien hésita un instant, puis répondit d’un ton grave.
— Si on est pris, on est morts. Il n’y a pas de plan B.
Un silence tendu s’installa dans la pièce. Vincent finit par hocher la tête.
— Alors, on va avoir besoin d’armes, dit-il. Pas seulement pour nous défendre, mais pour faire diversion si nécessaire.
Julien acquiesça.
— J’ai un contact dans la région. Un ancien militaire. Il peut nous fournir ce qu’il faut, mais il ne fait rien gratuitement.
Vincent leva les yeux au ciel.
— Évidemment.
Elsa intervint, posant une main sur la table.
— Peu importe ce que ça coûte, on doit être prêts. On ne peut pas rater cette chance.
Vincent la regarda, impressionné par sa détermination.
— D’accord, dit-il finalement. On suit ton plan, Julien. Mais une chose : si tu nous mènes droit dans un piège, je te descends moi-même.
Julien hocha la tête, son expression sérieuse.
— Je ne vous trahirai pas. Pas cette fois.
Ils passèrent les heures suivantes à préparer leur mission. Julien passa des appels discrets pour organiser une rencontre avec son contact, tandis que Vincent et Elsa rassemblaient tout ce qu’ils pouvaient utiliser : lampes torches, cordes, et outils pour forcer les serrures.
Elsa, assise près de la fenêtre, regardait les premières lueurs de l’aube percer l’horizon.
— Tu penses qu’on a une chance ? demanda-t-elle à Vincent.
Vincent, occupé à nettoyer son arme, ne répondit pas immédiatement.
— Pas vraiment, dit-il finalement. Mais ça ne veut pas dire qu’on va abandonner.
Elsa hocha lentement la tête, ses pensées tournées vers ce qui les attendait. Ils n’étaient pas seulement en train de jouer avec leur propre vie. Ils affrontaient un monstre qui semblait invincible.
Mais au fond d’elle, Elsa savait qu’ils n’avaient plus rien à perdre.
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